Malgré le fait qu’elle avait quitté Lumérill depuis une quinzaine de jours et chevauchait à travers les  Plaines Étincelantes depuis, il avait fallut à la jeune hybride arriver aux frontières de la Terre des Hommes pour réaliser que réellement, elle partait à l’aventure. Après tout, jamais elle ne s’était aventurée en dehors du territoire des hommes et même si les trésors qui l’attendaient dans les ruines naines étaient une motivation plus que suffisante, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine nostalgie à l’idée de quitter sa terre natale. Pas qu’elle ressente un attachement particulier pour les lieux, mais elle y avait ses repères.  Elle savait ce qui si trouvait,  avait été confronté à la plupart des monstres que l’on peut trouver dans une ville habitée par la perversité humaine et était en mesure de s’en défendre. Mais à l’instant où elle avait passé la frontière, elle avait perdu la confiance née de cette connaissance. Désormais, elle était en terre inconnue, entourée de dangers tout aussi inconnus.  Elle pouvait bien se l’admettre : aussi forte que soit l’excitation du voyage et de l’aventure, la peur de l’inconnue était suffisamment grande pour rivaliser avec elle.

C’est pourquoi, elle s’était estimée bien chanceuse pendant cette première semaine hors de la Terre des Hommes, car elle n’était pas seule à entreprendre le voyage. Même si elle n’avait pas de compagnon de voyage, à proprement parler,  il y avait toujours un campement de Lendas, prêt à l’accueil la nuit et avec qui elle pouvait passer un moment festif autour du feu de camp (qu’elle n’approchait jamais de trop prêt car après tout, elle était féline pour moitié), avant de passer la nuit dans une relative sécurité. Malheureusement, leurs chemins avaient fini par se séparer et alors que les explorateurs avaient pris la route vers l’Ouest, en direction des Grandes Eaux, le chemin de Dasjkhaäna lui allait vers l’Est, en direction de Trenarn. Et c’est pourquoi, pour la première fois depuis qu’elle avait entrepris son voyage, la jeune hybride commençait à sérieusement envisager le fait qu’elle dormirait à la pleine étoile avec pour seule compagnie son cheval. Et cela ne la rassurait en rien.  Elle avait pourtant pris la précaution de prendre la route le plus tôt possible et n’avait fait qu’une rapide pause au moment de déjeuner, pour faire le plus de route possible et être sur d’atteindre un des villages de pécheurs indiqué sur ses cartes, mais apparemment elle avait mal calculé la distance.

Il ne lui restait plus que quelques heures de jour, avant qu’elle ne soit obligée de s’arrêter pour la nuit et elle était perdue dans ses pensées,  réfléchissant sur le meilleur endroit où installer son campement, quand un changement dans l’air lui fit brusquement arrêter sa monture. Un changement qui peut être se révélerait synonyme de bonne nouvelle. L’air avait gagné en humidité, et pas qu’un peu. C’était le genre de charge humide qui était dû à la présence, non loin, d’une grande quantité d’eau. Elle le savait car la maitrise de l’eau était un don qui faisait autant parti d’elle que sa nature d’hybride, un véritable sixième sens et s’il y avait bien une chose qu’elle savait repérer, c’était la présence de son élément.  Un regain d’espoir lui vint alors, car au vue de la quantité d’eau qu’elle ressentait,  cela signifiait qu’elle était plus proches des villages de pêcheurs que ce qu’elle pensait. Or, qui disait village, disait possibilité d’une taverne et d’un toit au dessus de sa tête pour la nuit.  Souriante, elle relança son cheval au galop. Elle n’avait jamais eu l’occasion de sentir une quantité d’eau plus importante qu’un petit ruisseau et s’il y avait suffisamment d’eau pour qu’il y ait des villages de pêcheurs, alors cela signifiait qu’elle s’approchait de l’étendu d’eau la plus importante qu’elle ait vu de toute sa vie et il n’y avait rien de mieux, pour remonter le moral de l’hybride,  que l’eau. . Dans tous les cas, même si elle ne tombait pas sur un village, elle aurait suffisamment d’eau autour d’elle pour se cacher dans des couches de brouillard, ce qui lui permettrait de dormir d’un sommeil plus rassuré. Et plus sa monture avançait, et plus la quantité d’eau que Shaäna sentait dans l’air augmentait. Elle pouvait sentir l’humidité s’accrochait à sa peau, se poser sur son nez, sa langue, caresser ses mains. Elle était tellement absorbé par la sensation de l’humidité se  déposant sur sa peau, réveillant la magie en elle, qu’elle ne s’aperçut qu’elle avait traversé à tout allure un petit bois que quand elle en sortie et tomba sur un spectacle plus beau encore que ce à quoi elle s’attendait.

Dans la région des Grandes Eaux, seul le bruit des va-et-vient des vagues était audible en cette fin d’après-midi. Pourtant, avec l’arrivée des beaux jours et le nombre de maisonnette qui s’y trouvait, il impossible de se dire que le lieu était désert. Seulement, tous les villageois vaquaient tranquillement à leurs occupations et ne se trouvaient donc pas dans les parages. Lâchant un profond soupire, la jeune fille s’étira longuement pour tenter de réveiller ses articulations endolories à cause de l’ennui. En effet, le temps était calme et il n’y avait rien à faire d’intéressant. L’effet de l’étirement lui déclencha un léger bruit de craquement qui la fit grimacer de douleur.  Lorsqu’elle fut bien remise, elle fronça les sourcils en remarquant que de l’eau coulait du bout de ses doigts.

Un sentiment de frustration l’envahi. Cela faisait une éternité qu’elle ne s’était pas exercée à contrôler son élément malgré le conseil de ses parents lui indiquait à chaque fois de s’entrainer pour améliorer ses technique et éviter de mauvaises surprises. Elle avait cependant décidée de se laissée aller. Aujourd’hui, elle en payait les conséquences. Il lui fallait donc absolument se remettre à un niveau correct. Tournant la tête vers l’un des hublots qui lui servait de fenêtre, elle remarqua de le soleil avait encore un bon bout de temps devant lui avant de disparaître pour laisser place à la nuit tombée. Se levant d’un coup, elle prit la décision de remédier à son problème avant qu’il n’y ait une inondation ou un autre problème plus grave.

Calmement, elle se dirigea vers l’entrée de l’habitation pour se placer à l’entrée. L’air vint comme de nombreuses fois lui caresser le visage. Alors qu’elle fermait les yeux, un bruit d’aboiement lui fit ouvrir un œil. Elle sourit en tombant sur la jeune louve qui l’accompagnait depuis un petit moment. Une détermination la submergea alors. Il lui fallait absolument progresser au niveau de ses pouvoirs pour espérer débloquer de nouvelles compétences. Pour cela, rien ne valait mieux que d’aller dans un autre endroit qu’elle ne connaissait pas pour tenter de mieux dompter sa concentration. D’autant plus qu’il y avait du boulot. Un bruit de couinement attira alors son attention. Elle vit la jeune chienne peiner à se métamorphoser complètement en eau. Pour elle aussi la maîtrise manquait. Toujours en souriant elle s’adressa à la jeune louve qu’elle savait à ses côté.

-On commence à rouiller un peu…. Je pense qu’un peu d’entrainement ne nous ferait pas de mal. Tu ne crois pas ?

Pour simple réponse, la jeune louve laissa échapper un aboiement désemparé signe qu’elle ne souhaitait que progresser. Satisfaite de la réaction de sa compagne de route, la jeune fille forma  alors un nuage d’eau qu’elle chevaucha délicatement en prenant soin de mettre son corps identique à son transport. Puis elle s’éleva dans les airs sans peine.

-Bon…. On a déjà pas mal voyagé….Mais il nous faut trouver un nouvel endroit pas trop compliqué à atteindre pour que l’on puisse revenir pas tard……..

Ne trouvant pas de lieu qui lui convenait dans sa réflexion elle décida de partir à l’aveuglette. Un choix risqué certes mais l’envie d’aventure était présent. Elle finit par atterrir prêt d'un lac plus petit que celui d'Ambarnest. Délicatement elle posa ses pieds au sol et eus le plaisir de sentir le contact de la nature. Un environnement qui lui correspondait parfaitement. Marchant un peu, elle laissa un instant gambader sa louve pour finalement décider de se mettre au boulot.

-Bien…. Finit de rêvasser. Il nous faut absolument remonter le niveau. Imagine ce que doivent penser Père et Mère….

La jeune louve baissa les oreilles et mis sa  queue entre ses pattes, laissant de petits couinement jaillir de sa gueule.

Allez hop ! On n'y va !!!!  Pour que cela ne soit pas trop ennuyant on va faire cela sous forma de jeu !!!!!!!

Suite à cette phrase, elle joignit ses deux mains de façon à former un mini sot d’eau avec ses main ce qui eut pour effet de former un cercle. Fermant les yeux, elle décida de corser les choses en prononçant un petite formule.

Aquarius Elementus prononça-t-elle du bout des lèvres.

Peu de temps après, le sot d’eau devient un mini tourbillon ou sortaient des petits fils d’eau. Affichant un sourire, la jeune fille dirigea alors cette grande quantité sur la chienne qui s’élança  pour éviter les jets . L’objectif étant pour l’une de gérer sa vitesse et l’autre sa concentration à garder la pose du Sage assis en tailleur.

D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, avoir la possibilité d’un jour contempler les Grandes Eaux ou une étendue d’eau suffisamment vaste pour remplir le paysage aussi loin que porterait son regard, était l’un des souhaits les plus chers de Dasjkhaäna. La Source, la seule personne connaissant l’existence de ses capacités magiques, avait toujours rattaché ce souhait à la relation particulière qu’elle entretenait avec l’eau et, persuadé qu’il pourrait en tirer un avantage quelconque, il lui avait promis de l’emmener un jour à Cirdan. Cependant, contre toute attente, le souhait de la fillette de voir la mer n’avait absolument rien à voir avec son pouvoir. Certes, l’eau était pour elle synonyme de protection, de sécurité et de force et évidemment, elle se doutait bien qu’il n’y aurait pas un endroit où elle se sentirait mieux qu’auprès de la plus grande étendue d’eau d’Aëndryl.  Mais en réalité son souhait était né d'un phénomène plus simple : la curiosité. En effet, la citadine n’avait jamais eu l’opportunité d’admirer une étendue d’eau naturelle plus grande qu’une mare et comme beaucoup d’enfants originaires des bas-fonds de Lumérill, elle avait grandi en écoutant des bardes conter les aventures des Audacieux. Elle avait un jour rêvé de partir naviguer sur les eaux indomptables, à la recherche d’aventure, de trésors et prête à combattre des monstres aquatiques pour entrer dans l’histoire, devenir un héros adulé de tous dont l’histoire serait conter par tous les bardes aëndryliens, pour l’éternité. Evidemment en grandissant son ambition avait changé. Partir à la recherche de trésors en mer était une aventure bien trop incertaine, chose qu’il était inutile de risquer quand non loin d'elle, sur la terre ferme (et bien moins dangereuse que la mer) les ruines naines et des trésors bien réels n'attendaient qu'elle. Cela dit, son désir de voir la mer avait survécu à sa renonciation à appartenir aux Audacieux.

Sachant tout cela, on aurait pu penser que la vision du paysage autour d’elle, notamment de l’immense (en tout cas de son point de vue) lac l‘aurait totalement captivé.  Après tout, le paysage avait eu cet effet sur plus d’un. Les rayons du soleil couchant l’aveuglaient quelque peu, mais la jeune fille devinait qu’elle se trouvait à l'entrée d’un vallon bordé de collines boisées au coeur duquel reposait le lac. Caressée par le vent, la surface de l’eau clapotait légèrement, créant une petite mélodie apaisante. Cependant, ce n’était pas cela qui fascinait Dasjkhaäna. Non, ce qui fascinait l’hybride, c’était la personne assise en tailleur sur la rive devant elle. Une femme humaine, si Shäana se fiait à son odorat. Et cette dernière n’avait pas réagit à l’arrivée loin d’être discrète de l’hybride à cheval. Cela dit, au vue de l’exploit qu’elle accomplissait, l’hybride comprenait que sa concentration soit pleine et entière à son exercice. En effet, en face d’elle une espèce de tourbillon aquatique flottait dans les airs, envoyant de façon aléatoires des filets d’eau qu’un animal qui ressemblait à un loup s’amusait à esquiver.  

Jamais la jeune femme n’avait jamais rencontré quelqu’un d’autre qui maîtrise l’eau et elle ne pouvait décrocher son regard du tourbillon qui gagnait en force et en précision à chaque seconde. D’un mouvement fluide, elle descendit de son cheval et rennes en main, elle se dirigea le plus discrètement possible vers l’humaine et son animal de compagnie. Plus elle s’avançait et plus  elle ressentait fortement l’énergie magique de l’humaine, qui se manifestait par un fourmillement plutôt agréable sur sa peau, qui semblait appeler sa propre magie.  L’hybride se demandait comment  elle pourrait interpeller l’autre dont la concentration semblait imperturbable, et qui ne s’était toujours pas aperçu de sa présence, quand la magie trouva une solution pour elle.  Elle se trouvait à un peu moins de quinze mètre de l’humaine, quand tout à coup les jets d’eau qui jusqu’à là se ciblaient le loup se mirent à l’arroser, puissant et douloureux. La rouquine aurait été incapable de dire si c’était sa propre magie, ou celle de l’humaine qui était à l’origine de cela, mais les jets d’eau la frappèrent en pleine poitrine aussi fort que des fléchettes. La force de l’impact la fit tomber sur son derrière et, le souffle court et d’un ton admiratif, la jeune femme désormais  à terre murmura :

« Apprenez-moi à faire ça. »

Ses yeux étaient fermés pourtant, rien qu’en ne faisant qu’un avec la nature, il lui était possible de voir tous les gestes qu’elle exécutait. En face d’elle, la jeune louve esquivait toutes les attaques que lui lançait sa maîtresse en se changeant également en élément aquatique. Ainsi, la jeune louve qui arborait d’habitude un pelage blanc très clair et les yeux de même couleur de sa maîtresse n’était désormais plus qu’un être constituée d’eau qui filait à la vitesse de l’éclair. Constatant que sa compagne s’était très vite habituée à son rythme, la jeune Sage décida alors de corser un peu les choses. Elle fit pivoter ses mains de façon à ne faire apparaitre des jets d’eau plus fins mais plus complexe à supporter pour quelqu’un sans pouvoir. Ne s’attendant pas à un tel changement aussi brutal, la jeune louve se fit surprendre en prenant une grande giclée en plein visage faisant éclater de rire la jeune penseuse.

Eh bien !!!! Tu as été trop distraite ?!!!!

Pour toute réponse la jeune louve de neige laissa échapper un léger couinement, baissant la tête en tirant la langue.  Observant sa jeune camarade d’entrainement, la jeune penseuse afficha un grand sourire puis après s’être remise debout s’approchant de la jeune louve pour la caresser entre les deux oreilles auquel la concernée réprima d’un léger grognement de bonheur. Autour d’elles, le jour s’était levé, laissant apparaître les rayons du soleil. Essoufflé par l’effort qu’elle venait de faire, elle laissa échapper un léger soupir en s’essuyant le front. L’heure avait beaucoup avancé depuis qu’elles avaient débutées leur entrainement. Il ne s’agissait que d’un aspect de l’eau mais il n’était cependant pas dans ses habitudes de s’entrainer autant de temps. Ayant autant fait d’effort que sa maitresse et prise de fatigue, la jeune chienne se coucha sur le sol en laissant échapper un léger bâillement. Ce à quoi Opaline réprima avec une puissante giclée d’eau.

Tu ne crois tout de même pas que l’on va faire une pause maintenant. On a à vue qu’un aspect de nos pouvoirs !!!! Allez debout !!!! On continue !!!!!

Pour l’encourager, elle créa un nouveau tourbillon obligeant la jeune louve à se redresser sur ses pattes et à esquiver de nouveau les attaques qu’elle lui lançait. Affichant un sourire discret, elle en profita d’un seul coup pour transformer ses simples jets fluides en de grandes vagues d’eaux possédant des petits cristaux de glace de couleur mauve. Une forme de magie que Missy ne connaissait que très peu étant donné les rares utilisations de la jeune fille. Lorsque soudain, une nouvelle idée lui vint en tête.

Aquaglacius Sculpture !!!! Murmura- t-elle alors.

L’eau se transforma soudainement en glace, formant différentes sculptures  sortant de l’esprit de la jeune fille. Ainsi, une armée de figurines en glace se dessina sous les yeux de la chienne.

L’idée est simple. Je vais les diriger pour qu’ils lancent des attaques et tu esquives.


Pour toute réponse, elle obtenue un nouvelle aboiement qu’elle jugea comme une réponse positif.  Se repositionnant en tailleur, elle ferma les yeux  en se concentrant pour lancer son attaque. Alors qu’elle venait d’être lancée, elle put sentir la jeune chienne en mouvement mais également un léger bruit. C’est une voix très basse qui s’adressa alors à elle.

« Apprenez-moi à faire ça. »

Sur le coup de la surprise, la jeune penseuse ouvrit les yeux. Quel ne fut pas sa stupeur lorsqu’elle se rendit compte qu’il s’agissait d’un jeune hybride totalement et certainement trempée à cause de ce qu’elle venait de faire. Confuse, elle se précipita vers elle le regard totalement paniquée.

Veuillez excuser ma mal adresse… Je ne vous ais point vue. Allez-vous bien ? J’espère que mon eau ne vous a pas trop surprise……

Puis elle se reprit en se rendant compte qu’elle en faisait certainement trop pour rien et que surtout elle ne répondait pas à sa requête.

Vous souhaitez apprendre à maîtriser l’élément eau ?  Celle-ci vous a attirée pour que vous soyez autant touchée ?

Et voilà elle s’éloignait de nouveau. Sentant un coup de museau de la jeune louve elle se frappa le front puis afficha un air confus.

Il faut dans un premier temps vous sécher.Sinon vous risquez d'avoir froid. Vous permettez ????

Suite à ces paroles, elle vint se poser près de la jeune femme puis d'un simple touché fit  en sorte que l'eau s'évapore dans le corps de la jeune fille. Ainsi, elle retrouva une aspect normal ne prouvant aucunement qu'Opaline l'avait aspergée de la tête aux pieds.

Voilà qui est mieux. Ne trouvez-vous pas ?