Cela faisait déjà quelques jours que Miss Sylas était partie et comme lors de notre première  rencontre, celle-ci me laissait perplexe.  Pour la seconde fois, je me retrouvais avec cette petite effrontée totalement à ma merci et pour la seconde fois, j’en fis rien. Pourtant  elle semble terriblement sensible à mon pouvoir…  Qu’a donc cette créature qui m’empêche de la  briser comme j’ai pu briser tant d’autres âmes ? Cette énigme  commençais à me hanter et cela m’énervais au plus au point. Depuis que j’ai prit possession de ce corps, rien n’a jamais contrecarré mes  désirs. Cette petite peste ne perd rien pour attendre !

Ce fût l’un de mes serviteurs qui me tira de mes réflexions. Heureusement pour lui, la chance le mena à moi juste avant que mon état ne soit trop grave et que seul une petite séance dans les sous-sols ne puisse me calmer.  Il  dû s’en rendre compte car sa voix se brisa dès lors que mon regards courroucé se posa sur lui. Pas la peine de parler, il avait comprit qu’il n’était pas le bienvenu.



Je passais derrière mon bureau pour me dirigeais vers la fenêtre. Droit, je me tenais fièrement derrière celle-ci, regardant  au loin les eaux calmes du Lac d’Ambarnest



Mon ton était froid et autoritaire,  j’affichais le masque qui était devenu pour moi comme une seconde peau.  La peau du noble dur mais soucieux de son peuple, ce masque de mensonge qui me permettais de vivre comme je l’entendais sans que personne ne vienne me questionner. L’homme derrière moi, rassuré de ne plus avoir affaire à mon regard me répondait.



Me retournant brusquement, je pris la direction de la salle de réception sans même porter attention a mon servant. Il avait l’air plus serein… je dois me contenir mieux que ça,  le Baron Efialtis doit inspirer le respect et non la peur…
A travers le couloir, je lui dictais les directives qui étaient de faire entrer notre visiteur et de me l’amener.

La salle de réception est une grande pièce dont les murs, recouvert de tapisserie rouge et or, sont ornés de nombreux tableau représentant ça et là diverse bataille d’un autre temps.  En son centre, une grande table d’ébène finement sculptée capable d’accueillir une bonne dizaine d’invité, les chaises faites de la même facture.  Tout au fond, l’on pouvait voir un immense cantou dans lequel un feu tout aussi grand laissait ses langues enflammées, lécher la pierre repue à ce genre de traitement.  Comme a mon habitude, j’étais installer juste devant le brasier, en bout de table face à la porte d’entrée

Trop poli pour être honnête

Me tenant droit sur mon siège, je fixais la porte attendant l’invité qui désirait si ardemment me parler. Le feu crépitant derrière moi, je me pris le luxe de m’allumer un cigare.  Alors que je soufflais ma fumée et que celle-ci virevoltait au-dessus de la table, la porte s’ouvrit et un serviteur laissa passer un Homme. Au premier abords, il pouvait passer pour un homme simple, mais le dragon que je suis, avait bien trop l’habitude des rencontres pour se rendre compte qu’il s’agissait là d’un soldat, ou tout du moins d’un homme d’arme. Sa démarche, son regard, un je ne sais quoi qui hurle aux yeux du monde que cette personne sait se battre, et ce, malgré son trouble évident. Pas besoin d’user de ma magie pour remarquer l’anxiété qu’il dégageait. Cela m’amusa, mais pas autant que ça courbette maladroite. Il souhaitait flatter mon égo ? Et bien bravo jeune homme, tu as réussi ton coup.
Je ne répondis pas à son salue, et me contentais de hocher la tête avec respect pour lui montrer que j’étais à son écoute. Il me parla donc librement, de la guerre au Nord qui faisait rage, d’Ambarnest et de son roi qui n’en portait que le nom. Puis, il essaya de me flatter indirectement, mais la tentative était plus que pitoyable, limite insultante. Un balourd aurait sauté sur l’occasion, mais moi… il m’en fallait plus que de simple promesse de gloire et de puissance. Malgré tout, sa proposition m’interpela, elle était intéressante. Non pas, pour la gloire ou l’honneur, mais pour ma tranquillité. Qui vient fouiller dans les affaires d’un roi ? Puis cela pourrait aussi me permettre d’élargir mes échanges commerciaux. Seul problème, il ne fallait pas que cela salir ma réputation. Soufflant ma fumée, je pris enfin la parole.



Faisant durer un peu le plaisir, je m’arrêtais le temps de fumer un peu.



J’avais forçais le ton sur le mo votre, pour bien faire comprendre que je paierais si il le fallait, mais je ne ferais rien de plus. Me levant de fauteuil, je vins rejoindre mon interlocuteur en me plantant devant lui, un immense sourire aux lèvres.

 Trop poli pour être honnête

Bras croisés, j’écoutais les arguments du soldat. L’idée du faux document n’était pas forcement idiote, si ce n’était pas déjà une méthode que j’avais utilisé pour devenir Baron et prendre la place de mon prédécesseur. Pour moi, la révolte semblait plus à même de fonctionner. Dans sa grande sagesse, le Roi actuel avait su avec brio délaisser son peuple, depuis bien des années et avant même mon arrivé le Lac d’Ambarnest était un lieu en déshérence.  De l’ancienne prospérité de la région, ne restait plus que les récits des anciens.  Aujourd’hui, seul le Port dénote de la pauvreté environnante. Peut-être la solution se trouvait là.  Détournant la tête de mon interlocuteur, je concentrais mon attention sur les flammes rougeoyantes qui s’animées dans le cantou. Les ombres de ses dernières, joueuses, représentait parfaitement celle qui brulait en moi.  Bien que ma condition et ma tranquillité était plus qu’importante à mes yeux, la mort de se suzerain de pacotille se plaçait au même niveau.



Gardant ma posture droite du noble habitué au marchandage, je soupirais.




Faisant volte-face, je retournais m’asseoir sur mon siège. Fixant le jeune Homme, qui ne l’était peut-être pas autant que je le pensais, je fis une grimace.




Me frottant le menton, je réfléchissais. Bon il faut admettre que leur guerre, je n’en ai cure, mais j’ai des principes, et si je m’engage à l’aider, je le ferais. Le souci étant que je ne sais pas quel est l’état véritable du royaume.

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Du fond de mon siège je souris. Vous savez, ce sourire si caractéristique, celui-là même que mes collaborateurs ne supportent pas. Celui du requin satisfait du repas à venir. Me relevant doucement, je m’avançais vers le guerrier main tendue.


La suite est assez évidente, mais comme je sais que vous êtes parfois un peu lent, je m’en vais tout de même vous la conter.
Le contrat avec l’intérêt des deux parties fut signé et le guerrier quitta les lieux. Je l’avais prévenu que je reviendrais vers lui une fois le moment venu. Dès son départ je m‘occupais de déclencher les opérations. La chose ne serait pas difficile, mais ça ne serait pas non plus un jeu d’enfant. L’idée était simple, faire partir une rumeur, un doute, puis laisser l’esprit faire le reste. Du doute viendrait des questions sans réponses et de là naitrait la colère. Le facteur clé était simplement le temps. J’avais, avant même d’avoir signé le contrat, décidait que ce serait le petite d’Ebde qui lancerait la rumeur. Son coté jolie fillette fragile rendrait les soulards bien plus coopératifs.  
Et comme souvent j’avais raison. A peine un mois après que ma petite protégée est lancée les ragots, la populace du port ainsi que d’une grande partie des villages alentours bouillonnaient. Il ne fallut pas longtemps pour que la moitié du lac entre dans cette même colère, et encore moins, pour que le reste suive. La révolution était lancée et grâce à d’habile manipulation, il était plus ou moins question que le baron Efialtis (Moi) reprenne les rênes du royaume. Sur ce point, même si Eithel avait joué son rôle, et de manière très efficace en faisant taire les divers barons ou « beaux parleurs » qui voulaient profiter de la situation, les résultats économiques du port parlaient d’eux même.

Les semaines qui suivirent ne fut pas de tout repos. La guerre civile éclata et bien que la garde royale était plus que réduite, il fallait atteindre le roi. Ce lâche s’étant reclus sur son île, au centre du lac, il restait difficile d’accès. Encore une fois, je dû reconnaître l’efficacité du jeune guerrier. Menant l’armée improvisé de main de maitre, ils ne tardèrent pas à envahir l’île et à acculer le roi dans son propre domaine. La suite, je vous laisse deviner. L’armée du roi, faiblarde, ne pouvait retenir une horde de pêcheur et de paysan. Ça chute était inévitable.

Vous vous demandez surement ce que moi j’ai fait pendant ce temps-là, pas grand-chose, si vous vous contenter de voir l’aspect guerrier de cette révolte. Énormément si vous prenez en compte l’aspect économique et politique. Même si les jeux étaient truqués dès le début, la populace du lac, ne pouvait que rêver face à ce qu’était devenue ma ville. Alors imaginez après que tous se soient mélangés lors des manifestations, des rassemblements. Comme déjà dit, il en faut peu pour qu’une idée circule. Le Port, première et principale puissance du lac, dirigée et poussé vers le haut par son baron. Ce même baron, plutôt autoritaire, mais discret et pensant avant tout au bien-être de ses villageois. Leur choix était apparemment tout désigné. Je n’allais pas m’en plaindre voyons.

Je vous propose de passer sous silence tout l’aspect politique, ça ne serait que du blabla et ce n’est pas le plus intéressant de cette histoire. Le principal à retenir est que je fus désigné pour prendre la place de notre roi « bien aimé », un monarque élu par le peuple, surement une première… et que comme promis, j’offris terre, moyen financier et libre action à Eithel pour le recrutement de son arme. La révolution encore dans le cœur du peuple d’Ambarnest aidera grandement le guerrier.