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La pomme ne tombe jamais loin du pommier [2]

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MessageSujet: La pomme ne tombe jamais loin du pommier [2] La pomme ne tombe jamais loin du pommier [2] Icon_minitimeLun 9 Fév 2015 - 23:30
A la grande surprise de Thiriswarth, les quatre dernières heures s'étaient déroulées sans accroc. En sa compagnie, l'hybride avait bel et bien profité du silence nocturne pour y voir là une invitation à un inlassable monologue, mais ce fut sans problème que l'elfe concentra toute son attention sur ce paysage qu'elle connaissait déjà sur le bout des doigts et des yeux, oubliant toute pollution sonore alentours. Elle avait donc avancé de bosquet en bosquet et de feuille en feuille, sachant son pas emboité par une personne dont la vélocité aurait presque pu égaler la sienne -et il s'agissait là d'une agréable surprise malgré ses paroles incessantes-, et le temps était alors venu pour le soleil de se lever sur Trenarn. Le spectacle était magnifique, à couper le souffle. Quarante ans ici n'avaient pas suffi à l'elfe pour parvenir à s'en lasser. L'acte en soi était routinier, les premiers rayons s'offrant quotidiennement à la Cité depuis l'Est, mais il n'avait jamais cessé d'être unique : les arbres dont les feuilles quittaient l'obscurité pour baigner chaque matin dans la lumière en présentaient à chaque fois de nouvelles, jeunes et humides de rosée. Des yeux de petits animaux encore endormis s'ouvraient par dizaines, à la période des naissances, pour contempler pour la première fois le halo lumineux matinal. Le monde tel que l'on pouvait le voir se donnait neuf chaque jour à ses habitants, et pourtant, trop peu d'entre eux parvenaient à s'en rendre compte.

C'était là la beauté de Trenarn. Son peuple avait beau connaître par cœur les cycles des astres, il ne se fatiguait jamais de les contempler. Beaucoup de constructions de la Cité avaient été dédiées à cette pratique, et il s'agissait probablement là d'une des raisons pour lesquelles elle restait constamment si calme. Thiriswarth se demanda ce qu'il en était de l'étrangère ; à quoi ses terres natales ressemblaient, et comment le bruit du vent y sonnait. Ce n'était pas réellement son genre de s'interroger au sujet des personnes qu'il lui arriver de croiser, mais faute de solitude, autant s'accommoder de sa compagnie.

Or, les deux femmes se trouvaient là, arrêtées aux portes de la Cité d'Aldacoa qui donnaient sur sa place centrale. Façonnées par, et à l'image de ses habitants, elle se tenait grande et majestueuse sous les premières lueurs du matin. Le Manoir du Roi, visible depuis leur position, surplombait la ville toute entière. L'elfe se rappela vaguement les paroles qu'elle avait cru entendre de la bouche de l'hybride. "On arrive bientôt ?" La phrase paraissait enfantine, et pourtant, après avoir observé l'intéressée le temps d'un instant, elle lui paraissait physiquement plus âgée qu'elle.

"Nous y sommes. La Cité d'Aldacoa." Elle désigna de sa main la gigantesque capitale elfique. Des ruelles pavées de pierres blanches, des demeures au style architectural singulier, et la végétation omniprésente s'étendaient devant elles. Il n'était pas question pour Thiriswarth de jouer aux guides touristiques, mais l'envergure de la ville méritait d'être annoncée. "C'est quelque chose, hm ?"

Non, aucune expression n'avait traversé son visage une fois encore, mais l'effort y était. Il s'agissait clairement d'une phrase dont l'elfe aurait pu se passer de prononcer, mais avec l'heure, la vie allait s'éveiller dans les quartiers de la Cité, et puisque le silence absolu ne serait plus de mise, mieux valait le briser soi-même. Elle ne serait pas à l'heure, ce matin-là, pour se poster à l'aube devant le quartier de la garde royale, à sa fenêtre préférée, mais c'était tant pis. Cette fois, elle apprécierait les premiers rayons depuis une autre position.

"Je vais vous laisser à l'auberge la plus proche. Il y en a une juste un peu plus loin, près de la place. Vous devriez pouvoir vous retrouver à partir de là pour hm... pour faire ce que vous aviez à faire ici."

C'était son plan. Achever sa mission en conduisant l'étrangère en lieux sûrs, puis retourner de ce pas au Manoir, où sa place et son uniforme, comme chaque jour que Lorlina faisait, l'attendaient. La nuit avait différé de ses habitudes, cette fois, mais dans un sens, c'était une idée qui lui plaisait. L'amélioration de compétences découlait toujours plus ou moins de l'inattendu, et l'elfe, malgré son attrait pour ce qui était clair et défini, n'avait pas plus d'amour pour la routine que ça. Elle entreprit alors de reprendre sa route, décidée à se diriger vers ladite auberge, mais commença rapidement par freiner à nouveau son pas.

"Si vous voulez une meilleure vue, vous n'avez qu'à passer devant. Je vous arrêterai quand il le faudra."
Thiriswarth adressa un sobre mouvement de tête à deux gardes postés à l'entrée de la ville, sur son passage. Ils n'étaient pas au service royal, contrairement à elle, et aucune coutume ne mentionnait le salut de soldats à proximité, mais visiblement, l'elfe était, pour la matinée seulement, plus encline aux interactions sociales. Puis elle attendit simplement que l'hybride lui passe devant pour continuer.
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MessageSujet: Re: La pomme ne tombe jamais loin du pommier [2] La pomme ne tombe jamais loin du pommier [2] Icon_minitimeMer 11 Fév 2015 - 11:25
"Nous y sommes. La Cité d'Aldacoa."
-Laeticia lâcha un petit grognement très peu féminin- C'est pas trop tôt. -Puis elle bailla tandis que l'autre se tournait vers elle.-

L'hybride connaissait déjà la cité pour y être venue une ou deux fois en accompagnant des expédition qui allait dans le même sens qu'elle, un bon moyen de se faire de l'argent en les protégeant alors qu'elle profitait du transport gratuit, même si en général elle était plus une plaie qu'autre chose. Elle regarda distraitement la lumière traverser les feuilles et donner une teinte émeraude à l'air ambiant. Les chauds rayons de l'astre réveillant sa peau engourdie par la fraîcheur de la nuit et rehaussant l'éclat rubis de ses yeux qui parcouraient les maisonnées alentours. Cependant elle n'était jamais arrivée par la forêt, de fait l'endroit ne lui disait rien et elle aurait été bien en mal de se repérer sans une aide extérieur, comme une garde elfe qui connaîtrait bien l'endroit par exemple, quelle chance d'en avoir une sous la main!

"Je vais vous laisser à l'auberge la plus proche. Il y en a une juste un peu plus loin, près de la place. Vous devriez pouvoir vous retrouver à partir de là pour hm... pour faire ce que vous aviez à faire ici."
-Ses oreilles tressaillirent et elle la regarda tristement- Tu, tu vas me laisser toute seule...? Et si je me perd hein ?! Si je tombe dans les mauvais quartiers et que je me fais agresser, une belle jeune fille comme moi, ce serait un drame, si ça se trouve je vais me faire violer torturer puis assassinée. -Elle renifla en en rajoutant.- Tu aurais tout cela sur la conscience et je viendrais te hanter si tel était le cas! -Elle lui fit sa bouille la plus adorable en espérant que cela fonctionnerais puis coupa court pour ne pas lui laisser le temps de réfléchir, partant dans le direction que l'elfe regardait en lui parlant de l'auberge tout en l'agrippant au niveau du poignet.- Aller on y va! Une fois là bas je t'offres le repas, ça reste le minimum à faire pour avoir acceptée!

La marche ne fut pas bien longue mais risquée pour Laeticia, elle avait l"habitude de marcher, des voyages sur différents terrains, que ce soit le sable ou la terres meuble, les galets ou les rochers coupants. Mais son plus grand ennemi restait toujours la rosée sur l'herbe lisse des sols comme celui ci. Elle remercia Lorlina et tout les dieux d'être parvenue jusqu'à l'auberge sans se faire mal bien qu'elle ait tout de même glissée une demie douzaine de fois, manquant d'emmener l'elfe dans sa chute car elle se rattrapait toujours au poignet qu'elle lui tenait. Finalement elles arrivèrent devant une auberge que l'hybride ne connaissait pas, elle haussa un sourcil et lue l'enseigne avant de tendre l'oreille pour vérifier le bruit à l'intérieur. Personne n'haussait la vos, il ne semblait pas y avoir de problèmes, qui plus est les odeurs alentours étaient tout à fait respectables bien qu'un passant ait manqué de tuer son flair tant il s'était aspergé d'un immonde parfum aux essences capiteuses.

-C'est ici alors? Bien ça m'a l'air convenable. Tu manges avec moi hein. -Le ton n'avait rien d'une question- Je suis peut être insupportable mais je sais tout de même faire preuve de politesse et de gratitude lorsque l'on m'aide.-Sans plus attendre elle rentra dans le bâtiment en tirant toujours la pauvre elfe derrière elle, ne lui laissant pas vraiment le choix bien qu'étant donné le peu de force que possédaient ses bras cette dernière aurait facilement pu la faire lâcher.
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MessageSujet: Re: La pomme ne tombe jamais loin du pommier [2] La pomme ne tombe jamais loin du pommier [2] Icon_minitimeSam 14 Fév 2015 - 1:12
L'elfe se laissa entraîner. La nuit avait été rude et la compagnie bruyante, mais elle ne se sentait pas le cœur à se débattre de l'emprise qu'avait désormais l'hybride sur son poignet. Où peut-être était-ce simplement de la fatigue. Dans tous les cas, elle la laissa tirer son bras et se mis à lui emboiter le pas, ayant l'étrange sensation d'emmener une enfant en promenade.

-Aller on y va! Une fois là bas je t'offres le repas, ça reste le minimum à faire pour avoir acceptée!

S'apprêtant à refuser la proposition -qui, pour le coup, ressemblait davantage à une obligation-, Thiriswarth s'étrangla à moitié. Tout à Trenarn, ce matin-là, avait beau être propice à la bonne humeur de ses habitants, son air doux et sa lumière rasante n'avaient tout de même pas réussi à venir à bout du caractère de glace de l'elfe ; et encore moins de ses nombreuses années passées à ériger une absolue barrière sociale autour de sa personne. Mais alors qu'elle entrouvrait sa bouche pour rétorquer, réticente à toute convivialité, elle s'arrêta subitement, puis continua simplement à avancer agilement sur les pavés blancs à l'entrée de la capitale elfique. Auprès de son binôme nocturne inopiné, aucune protestation ne serait effective, et elle le savait. Mieux valait simplement décliner l'invitation une fois sur place, et le moment venu, alors qu'il serait temps pour elle de rentrer au Manoir, aux côtés du Roi.

Les deux femmes avancèrent alors de la sorte pour un moment encore, sillonnant les ruelles silencieuses de la Cité qui alternaient entre dalles lisses et herbes humides ; et malgré l'agilité plus ou moins gracieuse dont avait su faire preuve l'hybride leur de leur périple entre les feuilles, celle-ci semblait désormais bien moins à l'aise avec le sol environnant. Thiriswarth, elle, se contenta d'espérer que sa louve de trait ne l'entrainât pas dans une éventuelle chute. Une cinquantaine d'années n'était pas parvenue à la faire choir publiquement, et l'elfe semblait bien décidée à perpétrer ce record personnel, décidément attachée à sa fierté.
Puis elles atteignirent finalement la place principale et l'étrangère cessa son ascension vers l'auberge. Thiriswarth la regarda lire l'enseigne d'une traite. Visiblement, si elle avait du mal avec la maîtrise de sa magie, il n'en allait pas de même pour sa lecture ; l'hybride était bel et bien lettrée, et elle devait très probablement partager ses penchants tant entre les pommes qu'entre les livres. Puis elle sembla marquer une pause.

-C'est ici alors? Bien ça m'a l'air convenable. Tu manges avec moi hein. Je suis peut être insupportable mais je sais tout de même faire preuve de politesse et de gratitude lorsque l'on m'aide.
Non, elle n'allait pas manger. Ni avec elle, ni avec personne. Mais l'elfe se laissa tout de même entraîner une fois de plus lorsque qu'on tira son bras en avant pour rentrer. Cependant, une fois la porte poussée, elle le retira. Les propriétaires de la taverne ne se souviendraient sûrement pas de son visage, ne l'ayant croisée que deux ou trois fois au maximum, mais elle ne tenait pas à ce que leurs souvenirs d'elle naissent sous la forme de la Garde en garderie. Elle laissa alors la demie-louve entrer, et en profita pour s'épousseter légèrement sur le seuil de la porte, la tête haute, avant de pénétrer à son tour dans la petite salle.

Tout était propre et calme, l'ambiance feutrée et bon enfant, et, à part les attendus tenanciers, seules quelques personnes se trouvaient assises autour des tables. Des elfes, majoritairement, puis des furries, et enfin quelques rares hybrides et humains s'y tenaient, prenant leur petit déjeuner alors que la ville commençait peu à peu à s'éveiller.

"Bonjour", amorça froidement l'elfe, d'un mouvement de tête respectueux vers la tavernière. Elle adressa ensuite un léger regard au reste de la pièce de manière à signifier ses salutations à tous les clients présents, qui lui répondirent par l'identique, comme la politesse et la discrétion le voulaient en lieux elfiques.

"Bonjour, Garde. Et bienvenue à vous, voyageuse."

La tenancière paraissait être d'un âge certain, et bien que très élégante comme beaucoup de son peuple, plutôt avenante. De quoi changer l'hybride de la compagnie de Thiriswarth, qui, après avoir un instant regardé sa compagne de route, renchérit. "Nous avons fait pas mal de route, la... "voyageuse" et moi." L'affirmation lui semblait si exagérée que presque ridicule, habituée au voyage quotidien, mais elle poursuivit. "J'entends parler de sa faim depuis une bonne demi-heure, alors si vous pouviez lui trouver de quoi la nourrir un peu ?"

Il allait de soi que sans sa retenue habituelle, les sarcasmes y seraient allés bon train, et elle ne pouvait s'empêcher de se dire qu'avec tout le bruit que l'hybride faisait en parlant, mieux valait ne pas laisser son ventre en faire davantage, mais elle se contenta simplement de clore sa phrase par l'interrogative. La tavernière lui adressa alors un léger sourire affirmatif, puis partit rejoindre sa réserve pour, supposément, jeter un œil aux vivres qui lui restaient.
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La pomme ne tombe jamais loin du pommier [2]

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