Avis aux visiteurs !
Ce forum est classé +18 ans, il peut contenir des textes et scènes RP violentes et érotiques.
Nous conseillons aux plus sensibles de passer leur chemin.
Le Deal du moment : -28%
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 ...
Voir le deal
279.99 €

Partagez

Le voleur d'Aldacoa

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
AuteurMessage
Syn Haihana
Messages : 127
Date d'inscription : 31/12/2015
Age : 32
Syn Haihana
Furry
MessageSujet: Le voleur d'Aldacoa Le voleur d'Aldacoa Icon_minitimeSam 16 Jan 2016 - 0:17
Cela faisait déjà plusieurs jours que Syn marchais dans la foret d'Aldacoa, en direction de la cité homonyme. Bien qu'habitué aux forets, à l'image de celle d'Ainas, qui l'avait vu grandir et s'épanouir, tout loup qu'il était, l'univers dans lequel il se trouvait était bel et bien différent et étrangement... agréable. C'est en découvrant les ressources que cachait cette étendue sauvage, en véritable trésor, que le furry à la fourrure bleutée progressait sans se presser, de piste en sentiers, de sentiers en chemins... Il faut dire que les sentiments de plénitude et de sérénité que ressentait le canidé en traversant la luxuriante foret lui procurèrent un bien être singulier, qu'il n'avait pas ressentit depuis bien longtemps, et c'est un léger sourire aux coins du museau qu'il avançait, s'approchant jours après jours de son objectif qu'était la cité elfe.

Si on avait demandé à Syn de décrire son passage dans cette verte resplandissante, sa description aurait été proche d'une vision de rêve: avançant sous de grands arbres laissant filtrer de nombreux rayons de soleil, observé d'ici et la par de petits et moins petits animaux se demandant ce que pouvait bien fabriquer ici un furry, longeant de petits ruisseaux à l'eau claire, y trouvant une minuscule cascade et décidant de s'y arrêter pour la nuit afin de se reposer tout en profitant du léger clapotis relaxant de l'eau pour se détendre et se ressourcer, l'ensemble ponctué par le chant des oiseaux et les cris des animaux forestiers, habitants légitimes de cet endroit à l'aura presque magique.

C'est au crépuscule, le soleil déjà très bas dans le ciel qu'il éclairait d'une lueur orangée, entre chien et loup, que le lupoïde se présenta aux abords de la cité d'Aldacoa, capitale de tous les elfes des terres d'Aëndryl, resplendissante et illuminée de toutes part. Pour dire vrai, le loup n'avais jamais rien vu de tel. Il faut dire que la ville elfique était loin de ressembler à son environnement natal, bien petit par rapport à la gigantesque ville formée de centaines d'habitations, de bois ou de pierres blanches, autant à terre que dans les arbres, toutes surplombées par le gigantesque château du roi des elfes, d'une blancheur impeccable et imposant respect et autorité en restant divin pour le regard. C'est admiratif et les yeux pleins d'étoiles, reflets des lumières que produisait l'ensemble des habitations perchées à diverses hauteurs dans les immenses arbres, que le furry a fourrure bleue pénétra dans ladite cité blanche ou régnait une ambiance saine et productive, laissant s'affairer marchands, voyageurs et autres gardes, dans une sorte de masse aux oreilles pointues.

Quelle était la raison de la présence de Syn en ce lieu? Pour le savoir, il fallait revenir presque cinq lunes en arrière... Lors d'un de ses déplacement dans une petite bourgade hybride, le loup rencontra, au hasard d'une taverne ou il s’arrêta pour se reposer, un humain fort saoul et semblant fort déprimé. Comme à son habitude, plus concerné par les chagrins des autres que par les siens, et presque pris de pitié pour ce pauvre homme s’apitoyant sur son sort, le furry, n'ayant aucune mission en cours, pris le temps de s’intéresser au problème de ce brave citoyen, écoutant son histoire en descendant une pinte fraiche.

Il se trouve que cet honnête homme fit la connaissance quelques jours plus tôt, dans ce même établissement, d'un marchand itinérant elfe, Ervard Marchelune, de passage dans cette région et se rendant à Aldacoa. Partageant avec lui quelques verres, les deux personnages se lièrent d'amitié et partagèrent leurs vécus, expériences et souvenirs pendant de longues heures. Quelques verres de trop plus tard, l'humain s'assoupit avec un trou noir en guise de reste de soirée. A son réveil, le personnage aux oreilles pointues avait disparu, emportant avec lui l'amulette de son camarade de boisson: un fin collier d'argent munit d'un pendentif en forme de main fortement détaillée, incrusté d'une pierre de jade luisante au milieu de la paume . Jusque la loin d’être dramatique, c'est lorsque Syn apprit que cet homme affligé était le médecin du bourg, Istat, venant de perdre son artefact lui permettant de guérir et soigner les habitants alentours, qu'il pris réellement conscience de l'importance qu'il devait donner à ce récit. C'est sans trop d'hésitation que le loup accepta la demande du brave spécialiste d'aller récupérer son objet magique, refusant toute compensation en échange, malgré l'énorme bourse de pièces posée sur la table par le soigneur: au fond de lui quelque chose le poussait à agir, c'est pourquoi il partis en quête de Marchelune, le fameux marchant elfe...

Marchant dans les allées pavées, Syn allait d'information en information, cherchant, demandant, se perdant, enchainant allez et retours, jusqu’à, après un long moment de recherche, trouver l'échoppe grande et lumineuse de l'elfe voleur située dans l'allée principale de la cité, à deux pas de la demeure royale. Il était passé plusieurs fois devant sans jamais s'en rendre compte... Entrant sans discrétion, mais sans violence dans la boutique, il fut accueillit chaleureusement par le dirigeant affichant un large sourire sincère et empruntant un timbre de voix fort rassurant. Saisissant l'occasion, Syn se fit passer pour un simple voyageur et client de la boutique emplie de milles et une babioles en tout genre. Tout à l’intérieur était très ordonné, très carré. Chaque chose à sa place, une place pour chaque chose. Des objets assez encombrants tapissaient les murs de la bâtisse, tandis que d'autres, plus petits, emplissaient vitrines et étagères multiples. Le loup bleu ne mit pas longtemps pour trouver ce qu'il voulais: le pendentif de soin du docteur, tranquillement exhibé sur un râtelier derrière l'elfe. D'un ton et d'une expression neutre, le furry s'adressa au vendeur:

"Je suis venu prendre ce collier."
"Oh! excellent choix, c'est une magnifique pièce, qui viens de loin qui plus est! Il est à vous pour 200 pieces d'or.
"Je pense que vous avez mal compris, Marchelune... Je suis venu prendre ce collier..."

Le regard de Syn changea, de même que sa voix, devenant froids et autoritaires. Le large sourire d'Ervard s'estompa instantanément et son visage se décomposa. Tout en avançant calmement vers le petit comptoir au fond du magasin, le canidé fixa le malhonnête marchand d'un regard perçant et déterminé. Pris de panique, et tout en reculant afin d'essayer d'éviter le contact avec le jeune loup, Marchelune renversa plusieurs petits présentoirs pleins de petits bijoux magiques ou non, plus beaux les uns que les autres. Tremblant et maintenant dos au mur, il semblait prier silencieusement afin de ne pas être violenté... ou pire! maintenant du même coté du comptoir que le voleur, Syn pouvais presque sentir la peur flotter dans l'air, la toucher et peut être même l'enfermer dans un bocal... D'une voix hésitante et les yeux pleins d'effroi, l'elfe, dans un élan d'espoir s'adressa à son "agresseur":

"Ce... euh... Ce n'est pas a vous! Je euh... je ne vous le donnerai pas, hein..."

Levant d'abord les yeux vers les cieux, semblant demander pardon d'avance à Lorlina pour ses actions, tout en inspirant fortement en signe d'agacement, le canis lupus saisit le vilain par les bords de sa veste, et, sans trop d'efforts, le souleva afin de le plaquer lourdement contre le mur du fond de la pièce, faisant tomber et virevolter dans tout les sens un tas de petits objets anciennement accrochés au même mur, produisant un fracas sourd et puissant. Syn plongeait son regard de feu au fond de celui d'Ervard, afin de bien lui faire comprendre la gravité des conséquences des son actes lorsqu'il entendit le sifflement singulier, bien que lent, d'une lame sortie de son fourreau. Tout en maintenant l'elfe dans sa position très peu confortable, le furry baissa les yeux et aperçu, dans la main droite du truand, le reflet brillant d'une magnifique d'une dague ornée de gravures inconnues. La pression sur les cotes de l’être aux oreilles pointues s'accentua, tout comme la fureur dans le regard de Syn lorsqu'il le reposa sur ledit voleur, lui faisant immédiatement regretter son acte et lâcher son arme, qui heurta le sol dans un clinquement assourdissant. Sur un coup de nerfs, le loup éjecta Marchelune jusqu'au milieu de son échoppe tout en repartant tranquillement vers lui. Cet instant de répit donna au vendeur un souffle d’énergie, qu'il mis à profit afin de tenter de s'enfuir, détalant comme un lapin dans la direction de la sortie. Malheureusement pour lui, un potentiel nouveau client qui entrait lui barra plus ou moins la route, le faisant trébucher et s’étaler de tout son long sur les pavés de la cité elfique. Sans aucune intention de faire couler le sang, mais sachant que son temps était maintenant compté, Syn se saisit de son épée et la pointa sur le nez d'Ervard, qui pris d'effroi se mis à genoux et se recroquevilla sur lui même afin d'implorer le pardon du loup, créant autour d'eux, un véritable vent de panique. Avant même que le furry à fourrure ne puisse dire quoi que ce soit, une voix forte et claire, bien qu'autoritaire retentit:

"Posez votre arme, tout de suite!"

Lorsqu'il leva la tête, le canidé se trouva face à un trinôme appartenant à la garde de la cité, épées et lances pointées vers lui, l'air grave et menaçant. Les soldats en armures métalliques qui se tenaient devant lui devaient être informés des agissement du voleur, qui se cachait malgré de plus dans leur ville. Écartant légèrement les bras en signe d'innocence il tenta de conter l'histoire à celui qui semblait être le chef de patrouille. Malgré son air sérieux et grave, ses premiers mots furent directement mis au silence par une nouvelle sommation identique à la précédente.

Décidé à ne pas se faire emprisonner pour avoir rétabli l'ordre des choses, et bien contre son gré, Syn empoigna de sa main libre le bois de la lance du garde le plus proche et le tira vers lui le plus fort possible, se coupant au passage assez profondément l'avant bras. Profitant du déséquilibre et de la pseudo-chute du garde, le loup écrasa son poing gauche sur le visage elfique du gardien de la cité, qui s'écrasa lui même au sol dans un bruit sourd. Dans un cri de douleur, le bleu se rendit vite compte qu'il venait aussi de toucher, au même titre que le nez du soldat, son casque de métal, provoquant une douleur vive et intense. A la vue du combat débutant, un deuxième soldat tenta d’abattre son épée sur la truffe du canidé, qui, pris plus ou moins au dépourvu, para de justesse à l'aide de Justice, la plaçant à l'horizontal devant ses yeux bleus, les bras croisés, avant de riposter d'un grand coup de manche dans les cotes flottantes du pauvre bougre, laissée libres par l'armure afin de pouvoir assurer un minimum de mobilité. Ce dernier tomba à genoux en se tenant le flanc, plié de douleur.

A sa grande surprise, le troisième homme en arme recula... Dans l'incompréhension la plus totale, Syn chercha une échappatoire au travers de la marrée de personnes attroupée en cercle autour des quatre combattants. Son ouïe fine lui transmit un bruit étrange, mais malgré tout connu, qui le stoppa net. Cet étrange bruit de bois tordu et en contrainte. C'est lorsqu'il se tourna de nouveau qu'il vit, sortant de la foule, une autre troupe de gardes, bien plus nombreux. Bien qu'aussi hostiles à son égard, ceux-ci étaient différents... Leurs armures, véritables joyaux, étaient elles, dorées, et brillaient bien plus que celles de leurs prédécesseurs, au point d'en être presque éblouissantes même en pleine nuit, reflétant toutes les lumières et lueurs alentours. Ce qui ne changea pas était leurs armes, des arcs bandés, prêt à décocher une nuée de flèches au moindre geste brusque de la part du loup. Il aperçu aussi, malgré son armure la silhouette féminine, fine et élancée d'un soldat elfe, commandant visiblement ce groupe d'archer à la discipline implacable. Ses longs cheveux d'un blond incroyable venait sublimer son visage pale muni d’oreilles pointues et marqué d'une énorme balafre soutenant son regard froid et impassible.

Sachant que la partie était finie, Syn leva la main gauche vers le ciel tout en mettant son épée au fourreau, sentant son pouls pulser dans sa main meurtrie et son sang couler le long de son avant-bras, un air à la fois déçu et inquiet accroché au museau...
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Anonymous
Invité
Invité
MessageSujet: Re: Le voleur d'Aldacoa Le voleur d'Aldacoa Icon_minitimeSam 16 Jan 2016 - 19:33



Le voleur d'Aldacoa

Syn Haihana/Thiriswarth


Resplendissante de grandeur et de finesse, la salle du Conseil elfique s'était de toujours présentée telle la plus majestueuse des pièces du Palais, à l'exception de celle où, sur son trône, siégeait depuis des siècles l'immuable Roi de Trenarn. Une rare beauté dont le renom ne faisait aujourd'hui plus doute, et dont il était d'autant plus appuyé que seuls quelques honorés avaient eu le privilège de pénétrer en son sein. Sa Majesté le Roi des elfes, au même titre que les neuf autres membres dudit Conseil et les gardes royaux uniquement se trouvaient êtres les seuls à, aujourd'hui encore, pouvoir en vanter la beauté de leurs yeux. La pièce, surplombée d'un plafond voûté de dix pieds de hauteurs, se parait d'immenses volutes boisées plus raffinées les unes que les autres, et profitait d'une épaisse lucarne diffusant uniformément les rayons du soleil depuis son zénith. À la nuit tombée, celle-ci révélait l'immense ciel étoilé qui dominait tout Aëndryl, où régnaient encore les rois du passé, et passait alors le flambeau, en plus de la douce lueur lunaire, aux spores et végétaux bioluminescents qui se plaisaient à étreindre le bois.

Le déclin de l'astre avait cette fois clôturé la séance du jour. De la mi-journée au crépuscule naissant s'étaient ainsi affairés les elfes les plus puissants et révérés du royaume, réunis dans l'éternel calme des lieux autour de l'immense table de bois précieux qui s'étendait au centre de la pièce. Comme de coutume, le Roi avait pendant de longues heures présidé la séance sans ne jamais avoir à interrompre le moins débordement, et s'étaient vus tour à tour traités tout un tas de sujets diplomatiques que Thiriswarth, postée non-loin du Roi, avait eu tout le loisir de n'écouter que d'une oreille.

De nombreuses décennies, le peuple elfique avait décru de sa grandeur, subissant la politique plus ou moins isolationniste mise en place par les têtes du royaume qui avait fait suite aux précédents conflits. Le commerce en avait de ce fait pâti, de même que l'affluence des voyageurs et les relations entre peuples, annonçant un déclin certain auquel avait finalement su remédier le Sylvestre. Ainsi avait-il passé ses dernières lunes à voyager et à multiplier réceptions et festivités dans l'espoir d'apaiser les tensions grondant alors qu'Esus approchait. Face à la plus grande des menaces, la prétendue invincible, unifier était devenu le mot d'ordre. En cela avaient intégralement résidé les préoccupations du Conseil du jour. La jeune garde, droite et effacée, avait néanmoins porté un intérêt certain au sujet qu'elle avait en majorité suivi sans cependant en laisser paraître la moindre once. Jamais n'aurait-elle son mot à dire, mais elle était convaincue que se doter d'une connaissance précise des affaires politiques ne ferait que toujours affiner son jugement.

Maintenant inlassablement sa position, l'elfe posa son regard sur les neuf qui quittaient peu à peu la pièce et s'apprêtaient à laisser le Roi seul face à son ébène et ses gardes. Le moment viendrait bientôt de laisser place à la relève.
Elle laissa échapper un léger souffle de ses narines. Le jour avait semblé interminable, pourtant plus que raccourci en cette saison de reverdie ; Thiriswarth en était presque à regretter les derniers jours d'agitation où nombre d'intrus avaient fait irruption où qu'elle se soit trouvée, la poussant à les laisser croupir un à un dans l'humidité des geôles sombres. D'un inébranlable cercle vicieux, l'insécurité provoquée par le chaos grandissant avait favorisé la croissance de la pègre, elle-même accentuant l'importance de sa propre cause. Si Haznard n'était pas parvenu à mettre les terres d'Aëndryl à feu et à sang, Esus le pourrait. Rien n'arrêtait un dragon.

De son habituel air noble et détaché, le Roi s'écarta de quelques pas de son siège pour clore silencieusement la porte d'où étaient sortis ses invités. Pas un seul bruit de pas à l'extérieur de la salle ne parvenait à se laisser entendre dans le silence retombé. Puis il pivota, et se dirigea finalement vers l'aile Nord du palais, sans le moindre regard à ses hommes, où se trouvait la majestueuse salle du trône et la mystérieuse pièce en son arrière, chérie du Sylvestre et gardée secrète aux yeux de tout autre.
Les ordres auraient peut-être manqué à tout autre soldat, mais il n'en allait pas de même pour la garde royale. Les cycles des jours se répétaient et se répétaient des centenaires durant et nul n'avait jamais doute de la prochaine marche à suivre. Chacun connaissait son pair comme son Roi et savait avec exactitude ce qui demeurait à faire à chaque hauteur de soleil. Le mutisme aurait pu frapper les elfes, personne ne s'en serait jamais rendu compte.
A l'image de ses semblables quittant la pièce pour laisser place à la relève, Thiriswarth abandonna sa posture statuaire et alla de couloirs en couloirs afin de se diriger progressivement vers la sortie du palais. D'ordinaire, l'armure des gardes en Aldacoa se devait d'être retirée avant que ceux-ci ne quittent leur service, toutefois, leur quartier général semblait, aux yeux de l'elfe, faire preuve d'une éminente surpopulation ; ce pourquoi elle préférait souvent s'effacer discrètement, enfreignant comme de nature les règles imposées, pour finalement retirer ses effets dans des lieux bien moins fréquentés. Chose qu'elle entreprit à nouveau de faire, bien décidée à passer les portes dans sa pareille et même tenue.

"Capitaine !"
L'elfe poursuivit sa route vers la voix qui l'avait interpellée. Quatre de ses pairs se tenaient sur la défensive, postés à l'extrémité du couloir principal donnant sur l'entrée de la demeure royale. Sans aucun retour son de la part de Thiriswarth, le plus grand poursuivit.
"Vous tombez bien. On rapporte des dommages en contrebas. Deux de nos hommes sont déjà sur le chemin, il semble y avoir une altercation armée."

Dans un élan, la garde fendit le groupe et arma d'ores et déjà son arc d'une flèche, courant d'un pas leste vers l'affrontement qui se tenait quelques mètres plus loin.
"Deux d'entre vous restent ici, à l'entrée." Le reste ne nécessitait pas d'être explicité.

Le conflit, attroupé en petit comité à l'avant d'une échoppe marchande, semblait avoir mis les elfes en bien mauvaise posture. Des badauds s'étaient peu à peu rassemblés en cercle autour de l'affrontement qui, de toute évidence, avait pris une tournure sanglante, et c'était en son centre qu'un loup se trouvait, blessé et à moitié essoufflé d'un combat sans merci sur lequel il avait pris l'avantage. A ses pieds se distinguaient trois elfes : deux gardes sombrant peu à peu dans l'inconscience, et un citoyen recroquevillé sur lui-même, agenouillé la tête sous ses bras comme tentant d'éviter la sentence qui lui était destinée.
Par chance, la venue de la garde royale, en surnombre, avant interrompu la rixe et empêché tout dégât supplémentaire. Thiriswarth s'avança tranquillement sur les lieux-mêmes de la bataille. Derrière elle, ses hommes, immobiles, tenaient leur arc bandé et prêt à tirer. La foule qui avait empêché l'assaillant de fuir commençait, elle, à se dissiper discrètement avec l'arrivée des forces du Roi.

L'elfe, après avoir examiné la scène aux dalles rougies de sang, reporta son regard sur le loup qui, une main en l'air, portait son arme à son fourreau.
"A terre, l'épée."
Malgré les circonstances, sa voix ne s'était en rien montrée agressive, mais avait résonné, bien que  douce et voilée, de la plus grande autorité dont il était possible à Thiriswarth de faire preuve. Elle, gardait ses yeux fixés sur le lupoïde. Son armure, à l'évidence, ne se montrait pas aussi couvrante que l'était celle des elfes et laissait ainsi dévoiler en majorité un pelage à la teinte bleutée faisant tant écho avec la nuit qu'avec la couleur de ses yeux. L'elfe y plongea les siens. Dans l'obscurité naissante ayant éveillé une à une les torches de la cité, ces-dernières s'y reflétaient pour donner aux iris du loup des reflets indéniablement changeants. Ce qui importait à la jeune garde était de découvrir ceux que ceux-ci dissimulaient. A l'évidence, la moue désappointée qui s'était dessinée sur son visage trahissait un objectif inaccompli ; ou du moins pour le moment.

Thiriswarth s'attarda ensuite sur la supposée victime. Toujours plié comme il n'avait sûrement jamais supposé qu'il susse le faire, l'elfe violenté leva progressivement la tête afin d'établir la situation où le calme avait fini par retomber. Face à lui se trouvait une porte grande ouverte vers l'intérieur d'une échoppe, lieu probablement initial de l'altercation, sur laquelle était fixée une plaque de bois à la taille considérable révélant les mots "Le Marchelune, bazar des curiosités". La garde fronça légèrement les sourcils. Il s'agissait-là d'un nom qu'elle avait déjà entendu, et travaillait alors à retrouver les exactes circonstances dans lesquelles cela avait été le cas.
Le temps semblait s'être arrêté autour d'elle.

"- Est-ce vous Marchelune ? demanda-t-elle calmement.
- C'est... C'est moi, oui."

Ce nom ne lui était pas inconnu, tout comme il ne l'était pas du Conseil. Une énième de ses réunions à laquelle avait assisté la garde avait un jour mentionné le patronyme de Marchelune, voleur suffisamment renommé pour s'attirer les foudres des plus grands, et suffisamment doué pour ne pas leur donner matière à quelque accusation. Chacun connaissait la provenance de ses biens, or, personne n'était jusqu'alors parvenu à le prouver. Ce loup saurait peut-être être la clé de tant de tribulations.

L'elfe lança un rapide mouvement de tête à quelques uns de ses pairs, ce à la suite de quoi elle prit une inspiration pour élever légèrement la voix à nouveau.
"Saisissez-le."
Deux des siens s'avancèrent vers le loup.
"Pas lui." A la surprise générale, le voleur resta une seconde bouche bée. Thiriswarth le désigna d'un geste de main. "Lui."

Exécutant leur ordre, les gardes conduisirent l'intéressé jusqu'aux fameuses geôles alors qu'il se débâtit en hurlant à l'erreur judiciaire. La capitaine, laissée seule sur la place aux côtés du furry et de trois de ses pairs, balaya tranquillement les alentours du regard. Calme et droite à son habitude, elle retourna alors doucement son visage vers le loup dont gouttaient des perles d'un rouge carmin allant lentement se mêler à sa fourrure.

"Vous me devez des explications mais vos blessures sont à traiter en premier lieu." Elle tendit le bras dans une direction encore un peu plus en contrebas. "A trois maisons d'ici se trouve l'échoppe d'un apothicaire. Suivez-moi et nous discuterons là-bas." Puis l'elfe tira de son carquois son éternel morceau de linge blanc. Il n'était pas stérile, mais peu importait ; tout ce qui pouvait arrêter une quelconque hémorragie ferait l'affaire. Elle le tendit au lupoïde.

"Et pour l'instant sans votre épée."

Elle esquissa un léger sourire en coin à l'égard du loup, laissant davantage transparaître la taquinerie dans son regard. Seul restait à espérer que leur entrevue ne causât pas de nouveaux troubles au sein de la cité.
Elle se mit en route, veillant à être suivie du bleu et de deux autres gardes qui se chargeraient de garder l'épée pour un moment. La froideur du soir était tombée. La nuit s'annoncerait sûrement longue à nouveau.

"Mon nom est Thiriswarth, annonça-t-elle en espérant qu'il ne comprit pas l'ancien elfique dont étaient composés les noms de Trenarn. Quel est le vôtre ?"

L'elfe n'avait jamais été très douée lorsqu'il s'agissait d'entamer une quelconque conversation, puisque se montrant d'ordinaire assez froide et réservée. Mais puisqu'il était question de débuter une entrevue et qu'il était déjà annoncé que les concernés passeraient un certain moment ensemble, mieux valait commencer le plus rapidement possible.
Puis, finalement arrivée à destination, elle posa doucement la main sur la porte avant d'y toquer trois coups et de l'ouvrir d'un geste net. Oui, la nuit s'annoncerait sûrement longue à nouveau.


Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Syn Haihana
Messages : 127
Date d'inscription : 31/12/2015
Age : 32
Syn Haihana
Furry
MessageSujet: Re: Le voleur d'Aldacoa Le voleur d'Aldacoa Icon_minitimeDim 17 Jan 2016 - 12:06
Il n'y avait pas de haine ni de violence dans la voix de la garde elfe, et pour autant son timbre imposait respect et autorité. Le mot le plus juste aurait été:é professionnelle. A la différence des soldats à terre, elle n'avait pas hurlé son commandement, bien qu'il ai été aussi, voire plus audible. Claires, concises, ces paroles auraient pu être destinées à l'un de ses hommes qu'il n'y aurait eu aucune différence. Ce traitement ne laissa pas le loup insensible. Observant d'un mouvement de tête circulaire la demi-dizaine de pointes de flèches prêtes à lui faire payer le prix d'un mouvement trop brutal ainsi que le regard impassible de la femme aux cheveux dorés comme son armure qui le toisait depuis son arrivée surprise d'à travers la foule. Repassant mentalement en revue l'état de chacun de ses membres, il savait qu'il n'était ni de taille ni en mesure de faire face au groupe qui se tenait autour de lui, c'est pourquoi, de sa main droite encore valide, il dégrafa la sangle secondaire de son fourreau, puis, de la même main, ôta la pièce de cuir sombre contenant son arme, la passant par dessus sa tête avant de la poser délicatement au sol dans un soupir presque rageur. Dans son exécution, il ne lâcha pas une seconde le regard froid et interrogateur que celle-ci lui lançait, semblant presque lui demander la raison de sa présence dans sa cité et surtout, le pourquoi de tout ce désordre.

Profitant d'un instant où l'elfe balafrée s'adressait au dit voleur, Syn prit du recul sur la situation dans laquelle il se trouvait... Lui qui avait toujours prôné l'ordre et la justice, le voila traité comme un vulgaire bandit, pointé du bout de leurs flèches métalliques par de nombreux arcs elfiques, debout au milieu de la foule comme un vulgaire animal de foire... La situation n'était pas encore dramatique, mais n'était pas exceptionnellement bonne non plus...  Le loup bleu se sentait mal. Le fait d'avoir, pour la première fois à faire aux représentants de l'ordre de ce coté de l'arme ne l'aidait pas à se sentir à l'aise, mais ce sont surtout ses blessures qui l’affligeaient: Il sentait son pouls au travers de ses phalanges, et sa coupure, large et profonde à l'avant bras saignait beaucoup... marchant dans le sang qui était le sien, il aurait en temps normal fait les cent pas en attendant une quelconque sollicitation, mais ne s'y autorisa pas dans son contexte actuel. C'est lorsque l'ordre de se saisir de lui tomba que le canidé faillit bien perdre connaissance, voyant les deux soldats prendre sa direction. A quoi bon essayer de répandre le bien sur Aëndryl si la fin de la quête se trouve dans une prison, malgré tout royale. Décomposé, le loup ferma les yeux et leva la tête vers le ciel tout en laissant s'échapper un souffle long plaintif, se préparant à être mis aux arrêts. C'est lorsque la précision sur le sujet de l'arrestation fut donnée que Syn ouvrit grand les yeux, incrédule. Il interrogea la femme en armure ornée de détails tous aussi fins les uns que les autres, la remerciant par la même occasion de la mème façon.

La jeune femme annonça clairement: le furry allait devoir s'expliquer! Le canidé avait été observé de haut en bas, et chaque détail sanglant affairant au combat qui venait de se dérouler n'échappa en rien à l’archère. C'est la raison pour laquelle elle pris la décision de mener son prisonnier, aussi libre était-il pour l'instant, chez l'alchimiste pharmacien, désigné vaguement de la main,un peu plus bas dans l'allée. C'est lorsqu'il vit le visage, plus détendu, ainsi que son petit rictus moqueur à propos de Justice, désormais dans les mains expertes de l'un des garde du roi, que la gorge et la langue du furry à fourrure bleue tachée de sang se dénouèrent. Pour dire vrai, bien que son cœur battait assez vite sous l'effet d'un stress important, Syn tentait le plus possible de paraitre aussi impassible que sa gardienne au visage meurtri. Bien que la fraicheur de la nuit commençait à se faire sentir, c'était un froid différent qui mordillait petit à petit les entrailles du loup. Regardant le lieu de son combat précédent, et à la vue de l'immense marre cramoisie éclairée inégalement par les lumières enflammées de la cité, il savait qu'il était assez profondément blessé. Loin d’être au bord de la mort, il avait tout de même grand intérêt à écouter les directives qui lui étaient données.  

"Pour ce qui est des explications, il serait aussi judicieux de m'en fournir une..."

Le long du chemin dans la rue déjà plus calme que lors de son arrivé, les nombreux citoyens d'Aldacoa qui dévisagèrent Syn ou fuyèrent d'un geste mal camouflé son regard avaient eu une sombre tendance à l'agacer. Après tout, il n'avais rien fait de mal! Il se sentit blessé dans sa fierté, mais cette fois au fond de lui, se demandant à quoi bon tenter de changer les choses? Puis il pensa à sa méthode, peut être un peu brutale et pouvant porter à confusion... Il avait peut être encore un peu de travail de ce coté la, effectivement. Observant le linge maculé de sang, il haussa les sourcils en plus des épaules tout en regardant L'elfe, un air désolé un peu enfantin sur le visage. Malgré ses habitudes de fier provocateur, le furry, plutôt intimidé, voulait éviter de faire plus de vagues, bien que l'air de la garde royale n'avait l'air ni de tenir aucune rancune face à lui, ni de vouloir l’exécuter dans l'immédiat.

Juste avant d'ouvrir la porte du fameux apothicaire, ThirisWarth, qui venait de se présenter, demanda à son tour le nom du jeune loup. Ayant toujours eu du mal avec les nom à rallonge, le bleu hésita tant bien que mal. Étant honnête avec lui même, cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi impuissant dans une situation. Surveillé, blessé, à peine sur que l'objectif premier de sa venue ici serait rempli, il ne lui restait plus que son débit de parole pour essayer de se démener comme il le pouvais.

"Oh... Thiris...Vrat? C'est bien ça? Pardonnez moi si je l'ai écorché... Mon nom est bien plus simple, je suis Syn.

Syn suivit Thiriswarth à l’intérieur de la boutique ou régnait une forte odeur de plantes, tout parfums mélangés. Malgré l'heure tardive, l'elfe tenant la boutique, bien plus âge que ses congénères, fit un accueil fort agréable à la troupe qui venait de faire irruption dans son échoppe. Demandant d'abord ce que pouvait bien faire trois membres de la garde royale à cette heure dans son modeste commerce, il ajusta son regard affaiblit par l'age afin de mieux voir la forme bleue entourée de l'or des armures royales. La vision de la blessure ne l'affola pas, bien qu'il se pressa de nettoyer et de refermer la plaie avant que le bleu ne vire au blanc. Tout en souffrant plus ou moins silencieusement des soins qui lui étaient prodigués, le loup conta la raison de sa venue et justifia comme il le pouvais le mouvement de foule et de violence qu'il avait engendré:

"Au final... je voulais rien de mal pour personne. J'admet que l'épée pointée sur le nez de Marchelune pouvait fortement prêter à confusion, mais non, je n'avais aucunement l'intention de l’abattre froidement en pleine rue... et pour les deux pauvres gardes qui ne faisaient que leurs travail... je ne suis pas justifiable... Mais... Pourquoi avoir arrêté Marchelune? Et qu'est ce qu'il va advenir de moi du coup?"  

Le loup s'adressait à l'elfe d'un ton aussi grave et honnête qu'il le pouvais, la fixant aussi intensément qu'elle l'avait fait dans la rue, comme s'il voulait qu'elle prenne confiance en lui par le regard. L’espérance peut être d'éviter des ennuis supplémentaires ou un séjour dans les geôles du palais du roi elfe?
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Anonymous
Invité
Invité
MessageSujet: Re: Le voleur d'Aldacoa Le voleur d'Aldacoa Icon_minitimeLun 18 Jan 2016 - 13:14



Le voleur d'Aldacoa

Syn Haihana/Thiriswarth


Venant briser le paisible silence nocturne qui s'était abattu sur la cité d'Aldacoa, les gonds rouillés de la porte s'actionnèrent péniblement dans un long grincement. Depuis le seuil, Thiriswarth parvenait déjà à humer une innombrable variété de parfums faisant danser centaurées, immortelles et primevères dans l'air chaud de la petite échoppe. Nul elfe ne se serait jamais senti étranger dans de pareilles exhalaisons.

La garde se tourna doucement vers son escorte campée derrière elle, attentive à sa réponse.
"Oh... Thiris... Vrat? C'est bien ça? Pardonnez-moi si je l'ai écorché... Mon nom est bien plus simple, je suis Syn."
"Syn", répéta-t-elle dans un hochement de tête. "Entendu."

Dans un dernier souffle d'air venant altérer la rigueur de sa coiffure, l'elfe dota son visage d'une expression singulière. Perplexité, amusement et soulagement avaient tous trois fait renaître en elle une sensation de longtemps disparue, et elle se contenta simplement alors de le fixer, oubliant toute correction. "Thirisvrat", "Thîr rist gwarth"... L'improbabilité de l'un valait l'abjection de l'autre. Pour le peuple elfique comme pour la concernée, un nom ne serait jamais que l'odieuse conséquence des actes passés ; et souvent s'était-elle ainsi prise à espérer qu'elle ne fusse un jour que l'archère silencieuse innommée ou aux cent visages. "Dínen" aurait été amplement suffisant.

Le temps sembla s'arrêter quelques instants. Les terres entières vivaient à cours d'haleine, comme suspendues à l'immuable fil de Tinil sans jamais prendre le temps d'en admirer le tissage, et ce n'est que très rarement que celles-ci ouvraient finalement les yeux pour savourer une faille dans le flux des âges. Nul n'avait plus souvent observé la déesse filer qu'un garde.

Thiriswarth inspira, puis délaissa le loup du regard avant de pénétrer dans la petite boutique. A l'intérieur, les reflets des flammes de quelques bougies virevoltaient sur les sombres murs d'ébène, eux-mêmes recouverts de plantes. Une année s'était écoulée depuis sa dernière venue ; un battement de cil dans la vie des siens, un cycle dans celle du lupoïde.
Peut-être était-ce là la raison de tant de désaccords entre les peuples ? Peut-être ne pouvaient-ils simplement pas se comprendre ou concevoir la vie à travers les yeux d'autres si différents ? Peut-être que le temps ni ferait rien.

Preuve de son plus grand respect envers l'ancien qui souriait déjà d'une mine joufflue, la jeune garde courba l'échine. Des centaines d'années durant, le vieil elfe avait pu voir défiler dans son humble échoppe la presqu'entière totalité du peuple résidant à Aldacoa, soignant voyageurs, citoyens locaux et membres de la cour royale. Jamais n'avait-il refusé l'entrée à qui que ce soit, quelque tardive fut l'heure de la nuit, et la reconnaissance que lui portaient désormais ses pairs restait sans aucun doute, à si grande échelle, inégalée.
Après avoir interrogé les gardes, non sans surprise, au sujet du motif de leur venue, il descendit alors de son estrade dissimulée à l'arrière du comptoir et rapprocha ses yeux cernés de petites lunettes du loup meurtri. Là, il examina sans dire mot l'état de sa blessure puis alla s'exiler dans l'arrière-boutique avant d'en revenir, les bras chargés de baumes et de pommades en tous genres. Le carnaval de senteurs reprit de plus belle, amorçant le travail de l'ancien.

De son côté, Thiriswarth observait paisiblement la scène, attentive aux mouvements du loup sans pourtant lui adresser de regard insistant ; concentration et douleur auraient déjà suffisamment affaire de lui, et les conditions n'exigeaient d'exercer aucune pression supplémentaire sur lui. L'elfe s'assit à quelques mètres de lui, puis attendit simplement qu'il se décide à parler de lui-même.

"Au final... Je voulais rien de mal pour personne. J'admets que l'épée pointée sur le nez de Marchelune pouvait fortement prêter à confusion, mais non, je n'avais aucune l'intention de l'abattre froidement en pleine rue... et pour les deux pauvres gardes qui ne faisaient que leur travail... je ne suis pas justifiable..."
La balafrée fixa son interlocuteur. Droitement assise, elle l'écoutait simplement d'une main posée sur sa bouche, pourtant toute son attention aux propos du furry et à ce que son visage en révélait réellement. A sa grande satisfaction, ne lui parvint des yeux du loup qu'une éminente sincérité qu'elle n'avait pu que souhaiter. Il n'était soit que très doué menteur, soit réellement dépassé par les événements qu'il avait provoqué.
"Mais... Pourquoi avoir arrêté Marchelune? Et qu'est-ce qu'il va advenir de moi du coup?"

"Une question à la fois, commença-t-elle, nul besoin de s'affoler pour le moment." Le calme dont faisait sempiternellement preuve l'elfe tendait parfois à prendre une tournure douce et rassurante, dépassant souvent sa volonté-même. "En ce qui concerne Marchelune, en revanche, permettez-moi de vous poser la même question, Syn."

Un éclat malicieux traversa une nouvelle fois son regard impassible. Tournant tour à tour la tête vers ses semblables, elle s'assura que la conversation fut suivie de tous. Une seule preuve tangible de sa culpabilité et le voleur serait aux fers grâce à son propre assaillant.

"Pour ce qu'il adviendra de vous, prouvez-moi votre bonne foi, assurez-moi de ce que je veux savoir et je passerai outre toute poursuite contre vous, vous en avez ma parole. Même pour avoir terrassé mes camarades."

A la manière de Syn, rien dans les yeux de la garde ne faisait défaut à ses paroles. L'agitation à laquelle elle avait involontairement eu affaire se révèlerait cette fois peut-être fructueuse et demeurait alors loin des grandes geôles humides qu'abritait le palais.
Dans un geste de la main, elle laissa finalement tomber en cascade ses cheveux de givre.


Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Syn Haihana
Messages : 127
Date d'inscription : 31/12/2015
Age : 32
Syn Haihana
Furry
MessageSujet: Re: Le voleur d'Aldacoa Le voleur d'Aldacoa Icon_minitimeVen 22 Jan 2016 - 23:22
Le calme dans la voix de Thiriswarth et son air détendu avaient largement de quoi rassurer Syn, dont les pensées et interrogations se mélangeaient toutes les unes aux autres, formant un ensemble plutôt incohérent. Dans la petite échoppe du vieil apothicaire, le petit comité formé des gardes royaux et du furry tenait une discussion très calme et posée, ponctuée par les senteurs de dizaines de plantes, fleurs, liqueurs et huiles différentes, donnant à l’atmosphère ambiante un semblant de sérénité qui tranchait fortement avec les douleurs ressenties par le canidé. Dans sa situation, le loup se sentait tout simplement minable: aux prises avec des représentants de l'ordre, blessé, désarmé... mais qu'est ce qu'il faisait la?!

Le regard honnête et serein de l'elfe, souligné par ses cheveux presque en opposition avec la pointe de ses oreilles et sa longue marque sur le visage donnait à Syn de quoi se torturer l'esprit... Après tout, sa tache était de faire régner l'ordre dans et aux alentours de la majestueuse demeure de son roi, et lui, venait tout juste de briser le calme et la prospérité dans ce même secteur, devenant par la même occasion un coupable et un prisonnier potentiel. Pour autant, bien que deux des personnels en armures furent blessés, c'est pourtant ce voleur de Marchelune qui fut emmené comme le dernier des bandits... Tout fusait à une vitesse effroyable dans la tête du loup, qui avait bien du mal à se situer dans tout ce bazar. Coupable et traité comme victime? Pour lui, les idées derrière le regard perçant de Thiriswarth avaient un objectif bien différent. C'est à ce moment que l'elfe se proposa de retourner la question Marchelune à Syn...

"Au départ, je devais juste récupérer ce foutu collier volé! Il ne devait y avoir ni casse, ni combat ouvert, ni blessé, ni arrestation... Tout est allé trop vite, je..."

Le bleu s’arrêta. Il semblait pensif, concentré, et totalement perdu. Les yeux dans le vide, la tête et les oreilles baissées à la manière d'un chien battu. De son coté, le "Doc", qui effectuait impassiblement son opération de colmatage de son bras, écoutait la conversation sans dire mot, utilisant divers linges imbibés de divers produits sur la plaie béante et sanglante sur l'avant bras du loup et utilisant désormais une aiguille métallique et un fil à l'aspect plutôt singulier. Le travail du vieil artisan faisait horriblement souffrir Syn, qui serrait les dents comme il le pouvais, laissant s'échapper par moment de petits gémissements canins de douleur. Il prenait sur lui afin de paraitre le plus solide possible...

"Je ne sais pas si il mérite son sort... Après tout, ce n'est qu'un voleur à deux sous, pas un dangereux assassin ou quoi que ce soit dans le genre... peut être que la mesure est... inadaptée? Je ne veux pas m'initier dans vos affaires, mais peut être que la fermeture de son commerce lui ferait plus de mal qu'un séjour en cage?..."

Syn était plus que mal à l'aise malgré la douceur dont faisait preuve Thiriswarth pour ne pas le brusquer. A l'heure qu'il était, il aurait déjà pu être enfermé derrière une porte de fer. Ce traitement l'obligeait malgré lui à avoir confiance en l'elfe, qui semblait jouer franc jeu... A lui d'en faire de même. Il avait déjà suffisamment semé le trouble dans la cité d'Aldacoa. Les mots de la garde confirmèrent ses pensés. Lui faisant miroiter l'abandon des poursuites à son encontre en cas de coopération, ses mots semblaient aussi sincères que son regard qui ne pouvait mentir. Malgré la fonction de la garde dans la ville, Syn semblait croire en elle. Peut être à tort?

Noyé entre douleur intense et incertitude prononcée, le furry commença à s'agacer légèrement, malgré sa position de faiblesse. Crispé, tendu, contracté, son souffle passant désormais entre ses crocs serrés, la soirée ne faisait que commencer, et pas dans le meilleur des cas... Le loup tremblait désormais sous le coup de la souffrance qu'il endurait, n'arrivant même plus à soutenir le regard de la femme à la chevelure d'or. Pourquoi se sentait-il si faible? Prenant son regard le plus provocateur et insolent, regard dont lui seul a le secret, il s'adressa à l'archère balafrée sur un ton froid et direct tout en serrant le poing.

"Qu'est ce que vous attendez de moi au juste?... C'est tout ce que je dois savoir il me semble..."

Thiriswarth avait tout fait jusqu’à maintenant pour que la situation reste calme et sans débordements, et le jeune furry le savait. Se rendant compte de son comportement presque immédiatement après ses paroles, il baissa la tête une nouvelle fois, posant maintenant sa main sur son front en fermant les yeux, la paume juste au dessus son œil droit. Le vieil elfe venait de finir son travail et pansa la plaie tout juste cousue. Syn ne releva pas le regard lorsque son soigneur lui annonça la fin et lui donna quelques recommandations avant de disparaitre dans son arrière boutique.

Le canidé se leva d'un geste et se positionna debout, les deux mains posées sur le bord de la table, la tête toujours basset et les yeux fermés. Il tremblait de tout son être, comme si chaque muscle de son corps était possédé. Les deux soldats, bien que calmes et détendus se tenaient malgré tout en alerte et se levèrent avec autant de vivacité. D'un signe de main, Syn leur indiqua que tout allait bien et qu'il ne représentait pas un danger, ce qui ne changea rien à leurs postures offensives. le furry à fourrure, sous le regard attentif de la blonde en armure, recula de trois pas avant de butter contre le comptoir d’ébène de la petite échoppe. Il s'assit lentement sur le sol, lui aussi de bois, une jambe tendue, l'autre pliée contre son torse. Dans une longue expiration il bascula sur le coté et sombra lentement dans l'inconscience.

Entre la situation décousue à ses yeux, plus ou moins chaotique, et sa blessure, désormais étanchée, le loup bleu était déjà bien bas dans sa propre estime... Peut être aurait-il les idées plus claires à son réveil? Quand bien même ces idées ne lui seraient pas imposées... ou quand bien même il se réveillerait...
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Anonymous
Invité
Invité
MessageSujet: Re: Le voleur d'Aldacoa Le voleur d'Aldacoa Icon_minitimeSam 23 Jan 2016 - 15:13



Le voleur d'Aldacoa

Syn Haihana/Thiriswarth


Plongée dans les couleurs silencieuses de la nuit, la petite échoppe aux habitants de passage s'enivra d'un courant d'air glacial qui fit à nouveau frémir les gonds de la porte. A l'intérieur, au demeurant, chacun ne semblait s'affairer qu'à ses propres préoccupations, et bientôt le souffle ignoré retomba en désuétude. Ce soir-là, nul ne remarqua-même davantage la lune pleine qui s'était attardée derrière les collines et dont l'éclat s'était immiscé au centre de l'improbable scène en un rayon clair et éthéré. Le sage et les gardes poursuivaient leur labeur face au loup bleu, et lui, désemparé, ne tentait en vain que de faire danser souvenirs et raisonnements afin de finalement parvenir à comprendre. Depuis l'arrivée des soldats, ne s'était étendue devant ses yeux qu'une épaisse brume aux pastels d'hellébore noir, et le regard du bleu ne semblait alors que traduire un intense sentiment désemparé.

Consciente de l'avantage de sa position en ces circonstances, Thiriswarth demeurait doucement immobile et patiente, comme hors du temps ou d'une quelconque échéance. Presque constamment jusqu'à ce jour, ses yeux vairons avaient reflété un hiver paralysant ceux qui avaient entravé leur route, et la garde s'était toujours plu à feindre d'avoir tué toutes ses émotions afin de ne faire qu'intimider ceux qu'elle avait pu rencontrer. Or, son désir était cette-fois différent. Les informations qui lui incombaient d'obtenir ne nécessitaient en rien d'accentuer la tension pressant entre l'étranger et elle, et Lorlina savait à quel point le Roi avait récemment décidé de mettre un point d'honneur aux relations avec les peuples voisins. Tout portait pour l'elfe à espérer que l'incident soit déjà oublié le petit matin venu.

"Au départ, je devais juste récupérer ce foutu collier volé! Il ne devait y avoir ni casse, ni combat ouvert, ni blessé, ni arrestation... Tout est allé trop vite, je... Je ne sais pas si il mérite son sort... Après tout, ce n'est qu'un voleur à deux sous, pas un dangereux assassin ou quoi que ce soit dans le genre... peut être que la mesure est... inadaptée? Je ne veux pas m'initier dans vos affaires, mais peut être que la fermeture de son commerce lui ferait plus de mal qu'un séjour en cage?..."

Etouffées entre d'éparses petits gémissements de douleur, les explications données bénéficièrent d'une attention toute particulière de la part de Thiriswarth qui, à l'affût de la moindre variation de ton dans la voix de son interlocuteur, les avait précautionneusement écoutées. Cependant, la tournure que celles-ci prirent finalement retinrent toute affection supplémentaire dans le regard de l'elfe. La compassion la traversait éminemment, mais d'aucun droit ne se permettrait-on de dispenser quelque jugement à sa place sur ses propres prisonniers. La paisible Aldacoa n'avait jamais due son calme à un quelconque laxisme dans le choix des sentences établi par le Roi, et bien que Marchelune ne méritât en rien un sort éternel au fond des geôles froides, ses actes auraient indubitablement à engendrer un procès.
Afin de ne pas brusquer le lupoïde outre mesure toutefois, la garde se força à retenir toute réprimande, et se contenta de garder à l'esprit la mention du collier volé. Puis, traversée d'une soudaine lucidité, Thiriswarth s'adoucit une nouvelle fois. Jamais n'avait-il été question pour son hôte de provoquer un quelconque désordre à Trenarn, et il disait vrai. Ses desseins s'étaient simplement traduits dans sa clémence : malgré tout ce que Marchelune avait engendré, il tentait pourtant de le protéger avant-même d'avoir terminé de se justifier. Une démarche naïve, certes, mais venue du fond d'un cœur juste et peut-être un peu trop franc.

"Qu'est ce que vous attendez de moi au juste?... C'est tout ce que je dois savoir il me semble..."

Thiriswarth laissa échapper un long souffle. De toujours avait-elle apprécié que ses interlocuteurs, de quelque espèce que ce soit, sachent faire preuve du même tact qu'était le sien. Or, et ce malgré les visibles efforts mis en place par celui-ci, il n'en allait cette-fois pas tout-à-fait le cas. Chose que le loup, penaud et fatigué de ses blessures, solda immédiatement d'une sorte de repentance en baissant honteusement la tête.
Au départ du vieil elfe, la garde répondit alors.

"Ce que j'attends de vous, débuta-t-elle calmement, est que vous me narriez précisément les conditions dans lesquelles ce collier a été dérobé, Syn, et celles dans lesquelles il a été retrouvé. Je veux savoir exactement comment inculper Marchelune et vous serez libre."

Dans la maisonnette de grume résonna un bruit sourd. Faible et tremblant, le regard du loup s'était voilé avant qu'il n'aille s'effondrer lourdement, quelques mètres en arrière, sur le corps du vieux comptoir de bois. Les mots de l'elfe s'était ensommeillés avec leur destinataire épuisé. Elle, se leva d'un semblant de soubresaut et rattrapa le loup avant que sa tête n'heurte le sol.

"Fallaner !" Sa voix s'éleva à travers les murs de la maigre échoppe. Des années s'étaient écoulées depuis la dernière variation qu'avait pris son ton monocorde. Depuis la pièce voisin lui parvinrent les mots de l'ancien.
"Je lui ai administré un sédatif, akh'velahrn. Votre homme est blessé et fatigué, il répondra à vos questions demain."

Thiriswarth se mordit discrètement l'intérieur d'une joue. Les actes de l'apothicaire, menés sans l'avoir pour une seconde concertée, l'avaient irritée au plus haut point et le vieil elfe venait déjà dans son esprit de subir plus d'une dizaine de tortures différentes dans les ténèbres les plus glaciales qu'il soit ; mais de ce peuple n'était en toutes circonstances appris que le respect, et là fut ce dont fit preuve la jeune garde jusqu'au bout, forcée de reconnaître le bien fondé des actions du vieillard.

D'une main, elle attrapa celle du loup et le releva légèrement pour le faire passer sur son épaule. Ses gestes, de la plus grande douceur et sans heurts, veillaient à ne pas rouvrir la blessure.
D'un signe de tête, elle congédia ses pairs puis se dirigea vers le sage qui trahissait son sérieux d'un regard malicieux.

"- Où peut-il passer la nuit ?"
- Suivez-moi."

Au détour de quelques pièces, les deux elfes arrivèrent finalement dans une petite chambre peuplée de trois lits d'appoint et d'un simple parfum de pivoine. Une couchette couverte de lin fin et d'un coussin brodé, surplombée d'une représentation de Telleros, fit inconsciemment l'objet des faveurs de Thiriswarth. Elle y déposa ainsi le loup endormi avant de retourner chercher son épée et de s'installer à son côté sur un petit fauteuil où elle la posa à ses pieds. D'un simple regard, elle attendit alors patiemment qu'il se réveillât à l'aube du jour suivant.


Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Syn Haihana
Messages : 127
Date d'inscription : 31/12/2015
Age : 32
Syn Haihana
Furry
MessageSujet: Re: Le voleur d'Aldacoa Le voleur d'Aldacoa Icon_minitimeDim 24 Jan 2016 - 1:19
La nuit était claire comme un cristal, dominée par une dame Lune tout simplement exquise et lumineuse, éclairant son entourage d'un halo blanchâtre s'alliant parfaitement avec la couleur des pierres pavant la cité d'Aldacoa. Bien qu'ordinairement animées, vivantes et illuminées, les rues de la cité elfe ce soir là étaient bien étrangement désertes et sombres: ni bruit, ni paroles, ni le moindre semblant d'activité. Même les lumières, d'habitude nombreuses et faisant danser les ombres de chaque être vivant se trouvant à leurs portés, avaient visiblement fuit le lieu. Syn, foulant seul le sol de la ville elfe, un air nerveux sur le visage, progressait rapidement dans une allée. A première vue, peu importe la tache qui lui incombait, le temps en était un facteur important et manquant, synonyme, visiblement d'échec.

L'avancée rapide du lupoïde fut stoppée net par une voix derrière lui, venant briser le silence alentour et lui glaçant sans délai le sang. La voix féminine était lointaine et plaintive lorsqu'elle parvint aux oreilles du furry, qui n'en comprit pas les paroles. Se retournant d'un geste vif, c'est en faisant face à une silhouette sombre, ressemblant plus à une ombre ou à un spectre maléfique, que le jeune loup se figea totalement. La fourrure hérissée par la peur, c'est parcouru d'un frisson qu'il voulut saisir son arme de sa main droite... La peur et la panique se lurent sur son visage lorsqu'il se rendit à l'évidence: il n'avait aucune arme à saisir. Bien que correctement en appui sur ses deux jambes, c'est désarmé, impuissant et terrifié qu'il fixa la forme humanoïde se trouvant immobile devant lui. Son cœur battait plus que de raison, sa jambe droite lui faisait défaut et chancelait fort rapidement. Autour d'eux, tout était d'une fixité imperturbable, comme si la ville se trouvait prisonnière des glaces, toujours drapée dans ce silence et cette obscurité singulière...

"Non, pas cette fois!"

La personne, ou la chose qui se trouvait face à lui venait de lui adresser cette phrase... De quoi?! Ouvrant de grands yeux incrédules en guise d’incompréhension, ce fut l'occasion pour le canidé de voir son interlocuteur lever une main dans sa direction. Dès ce moment, tout disparut autour de lui, laissant place à une voile noir d'une opacité hors du commun. Puis il y eu cette chute. Oui, Syn se sentit tomber, comme dans un profond abime...

Dans une inspiration démesurée, comme s'il avait retenu son souffle pendant des jours, le furry ouvrit grand les yeux. Sa pupille était à peine visible tant elle était contractée, lui donnant un regard tout simplement bestial. Le cœur au galop, il se dressa sur ses coudes et battit des jambes comme il le pouvait dans le but de se redresser. Grognant agressivement lorsque sa tête heurta fortement le mur de la bâtisse dans laquelle il se trouvait, il prit à peine le temps d'analyser son environnement, jetant furieusement et rapidement son regard dans toutes les directions à la recherche d'une quelconque menace. Prenant petit à petit conscience du lieu et de la situation dans lesquels il se trouvait, il repris rapidement ses esprits. Son regard croisa celui de Thiriswarth, dans lequel il s’arrêta. Les yeux vairons de la garde royale indiquèrent immédiatement et très clairement ce qu'il venait d'arriver. Encore un de ces stupide cauchemars.

Désormais rassuré malgré qu'il ne soit pas encore sorti d'affaire, Syn pris quelques instants pour se remettre de sa crise passagère, passant lentement ses mains de haut en bas sur son visage, comme pour retrouver ses esprits et dés-embrumer ses sens, ne tenant même plus compte de tout ce qui pouvais se tramer autour de lui. L'odeur particulière qui planait dans la pièce et son bandage, légèrement maculé de sang lui rappelèrent sans attendre son emplacement et les raison qui l'y avaient menée. Tout lui revenait d'un seul coup, remettant en ordre le fil de son périple et de ses rebondissements de la veille. A priori, seul manquait le chemin entre la boutique de l’ancêtre elfe et cette petite pièce, un peu à la manière d'une soirée trop arrosée.  

Assis sur son lit, le lupoïde se racla lourdement la gorge, et, sans même la regarder, s'adressa à sa gardienne. Bien loin de lui le manque de courage pour soutenir son regard, mais il n'en menait pas large, gêné de la situation dans laquelle il avait embarqué les trois soldats. Encore affaiblit de son combat, il s'exprima avec une concision et une simplicité un peu exagérée.

"Vous vouliez savoir comment notre voleur s'était procuré le collier c'est ça? Il a fait boire son propriétaire plus que de raison, jusqu’à l'endormissement, avant de simplement se servir et de disparaitre... C'est la pauvre victime, un médecin en manque de son amulette qui m'a demandé de venir le récupérer ici, en prenant soin de bien me la décrire... Je l'ai bien évidemment retrouvée en vente dans la boutique de notre cher Evrard... La situation a un peu... dérapé... La suite vous la connaissez..."

Usant d'un regard défiant, Syn fixa la blonde archère. Ordinairement très sur de lui, son regard de ce matin était plus ou moins fuyant, ne pouvant pas maintenir ses yeux en face de ceux de son interlocuteur. Peut être savait il qu'il n'était pas en position de négocier? Ou que plutôt qu'une mise en garde ou un défi, il lui devait surement des excuses pour son comportement envers elle de la veille? Toujours est-il qu'au fond de lui, une voix lui criait de partir afin de rendre son artefact au soigneur alcoolique, et surtout avant que la situation ici ne devienne encore plus compliquée pour lui. C'est en se levant très difficilement, d'un ton décidé et d'une voix grave que le furry lança son ultimatum:

"Voila, je vous ai dit ce que vous vouliez savoir, alors maintenant, si vous attendez quelque chose de moi, dites le maintenant. Dans le cas contraire, je récupère mes affaires, le collier dans la boutique d'Evrard, et je part d'ici pour de bon..."

Sa phrase lui avait donné du courage. Étant honnête avec lui même, le loup savait qu'il fonçait droit à la catastrophe. C'était bien la première fois qu'il avait à faire aux représentants de l'ordre de ce coté de l'arme. Évidement intimidé, c'est une boule au ventre qu'il s'approcha de l'encadrement de la porte séparant la chambre de l’arrière boutique du soigneur. S’arrêtant juste avant de le franchir, il regarda Justice, posée sur un lit voisin au sien. Non, il ne partirai pas sans... Le loup bien que bourré d'appréhension face à la réaction de Thiriswarth s'en approcha, juste de manière à en être a peine hors de porté, puis tendit le bras dans sa direction, comme pour l'attraper. Dans cette position, Syn fixa l'elfe en armure dorée dans un regard insolent, qui demandait malgré tout l'autorisation de s'en saisir.
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Anonymous
Invité
Invité
MessageSujet: Re: Le voleur d'Aldacoa Le voleur d'Aldacoa Icon_minitimeDim 24 Jan 2016 - 13:06



Le voleur d'Aldacoa

Syn Haihana/Thiriswarth


Tapie dans l'obscurité de la petite pièce, Thiriswarth avait attendu. Longtemps. A son inquiétude, la nuit s'était finalement bel et bien écoulée d'une lenteur extrême, et avaient ainsi eu le temps de se bousculer dans son esprit toutes sortes de conjectures, mauvais souvenirs et idées noires. Seule face à elle-même dans les ténèbres licencieuses de la chambre d'hôte, le néant semblait s'être substitué au souffle protecteur de Noctale.

Fidèle à sa position, l'elfe, au demeurant, ne s'était résolue à clore un œil. D'aucun doute le loup parviendrait à une sortie en silence si telle lui en était donnée l'occasion, et la garde faisait ainsi une affaire personnelle de le savoir paisiblement endormi, sain et sauf, et surtout à son côté. Tout en elle lui avait crié d'abandonner sa place, ce soir-là, et de choisir, à l'image de ses habituelles nuitées, un retour vers la végétation dense et luxuriante de la forêt d'Aldacoa. Le cours d'eau qui fendait à son grand bonheur la glaise n'aurait pas bougé, et de calmes heures amorceraient finalement l'ascension d'un soleil encore somnolant. Mais Thiriswarth était toujours là et sa peau, aujourd'hui, ne rougirait pas sous les premiers rayons matinaux. Sa veillée ne se tournait que vers une seule personne.

Sous les yeux de la garde embrumés par la fatigue, le loup se débâtit à nouveau. Des dizaines de fois au courant de la nuit s'était relevée l'elfe dans un demi-sursaut, approchant du furry d'une mine soucieuse de son bon état. Lui, ne s'était au demeurant jamais éveillé, et Thiriswarth, à nouveau, se prit à espérer que la léthargie dans laquelle avait été plongé Syn se dissipât enfin.
Cette fois encore se dirigea-t-elle vers lui, posant ses mains sur les épaules du lupoïde afin qu'il ne s'heurte pas dans ses propres mouvements. Puis il ouvrit finalement les yeux, suffoquant de panique.

"Du calme."
Le ton, comme le visage de Thiriswarth, s'étaient tous deux étonnamment marqués d'un timbre inquiet, et malgré l'épuisement qu'était le sien, l'elfe n'œuvra qu'à se montrer davantage rassurante. Le loup dévisagea la pièce sans-même poser un regard sur elle. Elle le lâcha doucement pour s'écarter un peu.
"Respirez. Tout va bien, vous êtes sain et sauf." Elle marqua une longue pause avant de tenter de justifier ce dont elle avait été témoin. "Vous parlez beaucoup, durant votre sommeil..."

D'innombrables fois l'abysse des nuits avait agité les siennes, l'abandonnant seule et sans repos à sa tâche qui lui incomberait le matin venu. L'elfe ne dormait que peu, et à ce titre, espérait chaque soir échapper aux tourments nocturnes qui l'avaient torturée pendant plus de cinquante interminables années. La souffrance du loup était sienne ; chose qu'il aurait immédiatement remarquée si ses yeux avaient daigné se poser sur elle.
Mais il préféra poursuivre, toujours embrassé de son élan de panique.

"- Vous vouliez savoir comment notre voleur s'était procuré le collier c'est ça? Il a fait boire son propriétaire plus que de raison, jusqu’à l'endormissement, avant de simplement se servir et de disparaitre...
- Attendez, prenez votre temps, je ne vous ai pas demandé de me dire ça tout de suite...
- C'est la pauvre victime, un médecin en manque de son amulette qui m'a demandé de venir le récupérer ici, en prenant soin de bien me la décrire... Je l'ai bien évidemment retrouvée en vente dans la boutique de notre cher Evrard... La situation a un peu... dérapé... La suite vous la connaissez..."

Le visage pâle, Thiriswarth se ferma. L'impassibilité avait de toujours été sa force, mais lorsque celle-ci se trouvait être feinte, l'elfe se sentait désarmée, vulnérable et d'une sensibilité qui n'était pas la sienne. Elle soutint sans mot le regard faussement défiant du loup ingrat qui se leva d'un pas si décidé qu'il n'eût été, à l'évidence, qu'un moyen de se convaincre lui-même.

"Voila, je vous ai dit ce que vous vouliez savoir, alors maintenant, si vous attendez quelque chose de moi, dites le maintenant. Dans le cas contraire, je récupère mes affaires, le collier dans la boutique d'Evrard, et je part d'ici pour de bon..."

Une noirceur électrique s'éprit du regard de l'elfe. Alors que sous ses yeux se dirigeait déjà le loup vers son épée, une pulsation frappa à l'intérieur de sa tempe. En moins d'une seconde, elle avait encoché une flèche et bandait son arc en direction du furry. Lui, ne se tourna vers elle que le bras tendu vers son arme, d'un air faussement défiant mais néanmoins décidé.
Colère et bouleversement se formèrent dans les yeux de la garde, n'engendrant qu'une sorte de vexation dégoûtée qui, sans doute faute de fatigue, était étonnamment parvenue à trouver sa place.

"Savez-vous ce que vous êtes, Syn ? Un ingrat. Un idéaliste qui se donne des airs détachés. Et si vous pensez sincèrement que votre petit jeu prend sur moi alors vous êtes aussi un idiot. Naïf, à n'en pas douter." Elle se tut, ravalant son excès démonstratif. "Oui, vous êtes libre de prendre votre épée et de partir."

Dans un long souffle, elle laissa retomber ses bras et replaça sa flèche dans son carquois. Elle désigna la porte d'un mouvement de tête.

"Merci pour vos informations."


Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Syn Haihana
Messages : 127
Date d'inscription : 31/12/2015
Age : 32
Syn Haihana
Furry
MessageSujet: Re: Le voleur d'Aldacoa Le voleur d'Aldacoa Icon_minitimeLun 25 Jan 2016 - 20:10
Les mots de l'elfe retentirent et vibrèrent dans la tête de Syn. "Ingrat", "Idéaliste", "Naïf"... L’archère à la chevelure reflétant son armure le blessa presque avec de simples paroles. La flèche située à l'instant précédent sur l'arc de Thiriswarth aurait pu le transpercer de part en part qu'il n'en aurait pas été plus affligé. En lui, le loup sentit monter un genre de colère particulier, ce genre de colère qui pouvait le mettre hors de lui, qui lui faisait serrer les dents pour ne pas répondre immédiatement et sans discernement par d'immondes et tranchants discours. Son étrange vision nocturne, son proche et brutal retour parmi les éveillés et le sédatif administré par le vieillard, lui donnant une sensation de gueule de bois ne l’aidèrent pas à maintenir son calme pourtant habituel. Le bleu fronça clairement les sourcils en guise de protestation, puis pris une grande et bruyante inspiration avant de vider complètement ses poumons par les naseaux, à la manière d'un taureau enragé. Son regard s'était planté fixement dans celui de la garde, soulignant encore plus son air insolent et insubordonné de ses iris d'un bleu profond et infini. La tension entre les deux protagonistes était d'une intensité effroyable, à tel point qu'elle en était presque visible et palpable. Les yeux rivés les uns dans les autres, elfe et furry se toisaient d'un regard d'une violence singulièrement grande.

Bien que la femme en armure ait finalement baissé son arc, la dureté de son regard, elle, ne diminua en aucun point, même lorsqu'elle désigna à Syn la direction de la sortie. Le loup, furieux, saisit son arme dans un geste rapide et ample, sans aucune retenue, presque agressif accompagné d'un grondement lourd et furieux. Se tournant vers l'encadrement de porte et faisant dos à Thiriswarth, il mit lentement en place le lourd fourreau de cuir autour de son torse, et attacha encore plus doucement sa sangle d'appoint. Il en avait fini ici, et l'heure était à l'accomplissement de ce pourquoi il avait parcouru tant de lieues. Le canidé ne se retourna pas sur son chemin vers la sortie de la petite boutique à l'odeur nature, se contentant simplement d'avancer tout droit vers la porte de bois massif, ne voulant pas croiser les regards dénigrants et dégradants des deux autres soldats et du propriétaire de l'établissement. La lumière du jour l'éblouit, lui agressant fortement les yeux, n’améliorant en rien les maux de tête dont il souffrait déjà. Le lupus aurait du être heureux de cette sortie d'affaire, bien qu'un peu musclée. Malgré cela ce n'est pas souriant que le canidé sortit de l'échoppe aux multiples senteurs... un genre de rancœur s'était installé en lui. Une rancœur envers lui-même... Se concentrant péniblement sur son objectif principal qu'était la récupération de l'amulette de soin, Syn fit route vers le magasin d'objets volés d'Evrard Marchelune, exempt de toute émotion positive.

En ouvrant la lourde porte de chênes, la scène de violence de la veille ressurgit aux yeux du furry. Chaque détail, chaque objet, chaque ombre, chaque lumières, lui apparurent. C'est face à une pièce vide et à moitié dévasté que se trouvait désormais le furry. Les lueurs diffuses de la veille avaient laissé place à de grandes aura lumineuses, crée par le soleil, filtrant par les carreaux de verre, et sublimant chaque grain de poussière en suspension sur son chemin. Dans le désordre environnant, Syn trouva tan bien que mal l'objet tant convoité, qu'il plaça dans le creux de sa main pour l'observer. Ce joli petit objet, bien qu'inutile et insignifiant pour lui, était la raison de sa venue dans la grande cité elfe. C'est en regardant autour de lui que son moral tomba rapidement à zéro. Tout ces objets... certainement tous volés... combien de personnes soufraient actuellement des conséquences de ces larcins, à la manière d'un petit enfant ne pouvant pas être soigné par un mage Istat? Combien en avaient peut être perdu la vie? S'asseyant en tailleur au milieu de l'édifice, le loup bleu observa presque un à un tout ces éléments. Non, il n'avait rien pu faire, et il ne le pourrait jamais. Le destin de ces babioles était déjà scellé bien avant son arrivée. Non, il ne pouvait pas sauver tout le monde comme il le voulait. C'est difficilement que Syn retint ses larmes...

Un sentiment d'impuissance s'installa dans le corps de du furry à la fourrure bleue. Observant la main ornée de la pierre précieuse, une révélation fusa dans l'esprit du lupoïde. Certes, il ne pouvait pas sauver tout le monde combien même il pourrait essayer, mais il pourrait aussi rendre son entourage meilleur en se changeant déjà lui même. A cet instant, une vision de Thiriswarth envahit l'esprit de Syn... Il avait été simplement odieux envers elle, qui avait tout fait pour lui, gardant tant que possible calme et sérénité, lui évitant la prison, veillant sur lui le temps d'une nuit complète, lui sauvant surement la vie... En toute réponse, l'elfe n'avait obtenu que dénigrement et opposition. En quoi la vertueuse mission de Syn devait passer prioritairement à son comportement? Le loup n'avait pas été envoyé par les dieux, et n'avait aucune mission divine à remplir. Il n'était qu'un furry parmi tant d'autre et n'avait aucun droit de se comporter comme il l'avait fait... Les remords l'envahirent rapidement... La colère qu'il avait ressenti envers l’archère juste avant se retournait contre lui: il se détestait! Il n'était pas encore trop tard. Il devait retourner la voir, l'aider tant qu'il le pouvais. Cela ne sauverai surement pas le monde, mais il le devait... Sur cette énorme remise en question, le lupoïde retourna prestement chez l'apothicaire... trop tard, bien évidemment: la blonde gardienne avait déjà levé le camp. Peu importe, déterminé à lui présenter ses excuses et à payer la dette qu'il ressentait envers elle, il la retrouverai, même si pour cela il devait à nouveau engager le combat contre les soldats elfes.

C'est sans plus attendre que le loup se mit en chemin, direction le palais du dirigeant royal de Trenarn. Surplombant largement la cité elfique, sa splendeur diurne était égale à son éclat nocturne, son allure fière et robuste implantant une impression d'inflexibilité et imposant son règne sur le reste d'Aldacoa, tout en conservant un aspect digne et travaillé, montré par les diverses gravures, sculptures et arabesques dorées d'une finesse sans égal. Une question torturait malgré tout l'esprit du loup: comment pourrait-il, tout furry qu'il était, justifier sa présence dans ce lieu, à la fois si connu, et, en même temps, abritant une immensité de secrets. Une fois à proximité de l'un des nombreux portail autorisant l’accès à la royale demeure, la présence de deux sentinelles confirma ses doutes. Dans un grondement évoquant les femmes des joies, mal mesuré et retenu tant bien que mal entre ses crocs, une solution lui vint plus ou moins instinctivement à l'esprit, et c'est donc calmement, sans même regarder les deux soldats, que Syn tenta de pénétrer dans l'enceinte de la battisse. Bien évidemment, il fut immédiatement stoppé par l'un des garde en faction...

"Monsieur! où est ce que vous allez comme ça?"
"Oh! pardon. Je suis un peu distrait... Je... J'ai... Une affaire importante à régler avec sa majesté."

Les deux elfes en armures observèrent le loup bleu de haut en bas... son corps empli de marques et cicatrices, son épée, son bandage tout récent... que de détails!

"Quel est votre nom, et quelle est cette affaire?"  
"Ah! mon nom? je suis... Dyn... euh...Volgin! Dyn Volgin... Et je crains, soldat, que cette affaire ne vous concerne en aucun point."
"Je crains monsieur, que vous ne soyez pas autorisé à entrer..."

Les arguments de Syn, absolument improvisés et totalement mauvais, n'avaient pas du tout convaincus les les sentinelles, qui ne laisseraient pas entrer... Masquant son sourire en son lui intérieur, la manœuvre pouvait certainement tourner à son avantage si il jouait suffisamment bien le jeu.

"Hum... Savez vous qui je suis? Visiblement non! Est ce que votre supérieure est la? J'aimerai lui toucher deux ou trois mots! Allez lui dire que je veux lui parler! Donner lui cela, qui devrait lui suffire à m'identifier."

Absolument incertain de la viabilité de son subterfuge, le canidé détacha de nouveau son fourreau et le donna au garde, dans un faux mouvement d'agacement. Le loup n'avait pas réfléchit au conséquences de l'échec de sa stratégie, mais, voyant l'un des garde s'éloigner avec son arme, la confiance, au même titre que la pression, montaient progressivement. Bien qu'il devait le faire, son éventuelle nouvelle rencontre avec Thiriswarth le stressait énormément... Qu'importe!
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Anonymous
Invité
Invité
MessageSujet: Re: Le voleur d'Aldacoa Le voleur d'Aldacoa Icon_minitimeMer 27 Jan 2016 - 16:58



Le voleur d'Aldacoa

Syn Haihana/Thiriswarth


D'une rage étouffée se consumant aux tréfonds de ses entrailles, c'est la chair à vif que l'elfe observa le loup se diriger silencieusement vers la porte. A sa manière, lui aussi s'était teint d'une colère ravalée et étranglée au cœur de sa poitrine, expirée par la suite d'un long souffle brûlant. La violence qui s'était dressée entre eux ne prendrait peut-être que quelques secondes avant de s'effondrer au sol, le moindre débris ne résisterait cependant pas à sa chute. D'un espoir réprimé au néant, ne reviendrait-on à nouveau qu'à zéro ; mais il ne serait pas question cette fois d'en repartir.
Soixante-dix monotones années n'avaient suffi à l'elfe qu'à contempler une longue danse terne et grisâtre des jours, meurtrière des siens et des uniques liens qu'elle avait un jour cru de confiance. Puis un demi-siècle au service du Roi, et lui seul s'était trouvé digne de sa parole. Lui seul serait à jamais exempté de ses doutes les plus enfouis.

Des bleus abyssaux du loup avait toutefois resurgi une voix familière, dont l'écho triste et sépulcral s'éteignit peu à peu dans l'esprit de la garde.
"Le moment où le zéro devient un, c'est le moment où le monde prend vie." Mais la vie elle-même n'avait jamais semblé connaître le moindre printemps. Martyr d'une mémoire infanticide de ses souvenirs douloureux, Idhreneth s'était effacée, emportant avec elle les restes d'une Thiriswarth encore étrangère au palais. Nulle chose ne la pousserait jamais à se haïr davantage que les lointaines réminiscences de sa mentor passée sèchement fauchée d'un sort impitoyable et asséché. Et c'est à l'image de sa vie hivernale que l'elfe s'était jurée ne plus laisser renaître de ses cendres un quelconque pardon. Cette fois ne devrait pas échapper à la règle.

La flèche revint à son carquois d'une main tremblante. Rares étaient les fois où celles-ci n'avaient servi que de menaces, finalement délaissées et reconduites aux côtés de leurs pairs sommeillant dans l'attente d'un conflit naissant. Prolongement de l'archer, rien ne tendait paradoxalement plus à s'en séparer qu'elles.
Thiriswarth laissa la colère retomber, desserrant lentement sa mâchoire de plus en plus douloureuse. Puis son regard balaya la petite pièce, se posa sur le lit défait et prit quelques instants afin de tenter d'oublier ce qu'il avait pu voir au long fil des heures précédentes. L'aube du jour nouveau plongerait à jamais la veille dans un néant ensommeillé.

Après avoir grassement réglé le montant dû au vieil apothicaire, l'elfe, lasse et exténuée, se remit alors en route pour le palais. De son calme habituel, la ville toute entière s'était éveillée au rythme du soleil et parait désormais à nouveau ses murs blancs de reflets célestes sans égal. Le peuple elfique avait beau n'avoir que trop conscience de sa suprématie, s'en ventant inlassablement et tendant parfois à ignorer toute autre population, celle-ci en demeurait cependant indéniable et trahissait sa grandeur dans les moindres pierres qui avaient un jour bâti la cité ; le palais royal n'en était que la plus incontestable des preuves. Pour Thiriswarth, sa beauté parvenait presque à égaler la perfection de l'épaisse forêt dont Trenarn se bordait.
Presque.
D'un geste accoutumé, elle traversa ses cheveux d'un bois de daim, rehaussant chaque mèche de neige à l'arrière de son crâne dans une jolie boucle. D'une heure indifféremment peu ou trop matinale, un nouveau service débutait pour la garde.

Quelques regards inquisiteurs accueillirent Thiriswarth dans ses quartiers ce matin-là, contenant la curiosité qu'avait piqué leur capitaine d'ordinaire si différente à son arrivée. Elle, n'y accorda à son habitude pas le moindre intérêt, et se pressa d'un pas léger vers la pièce la plus calme et déserte où elle pourrait paisiblement s'adonner à son rapport écrit. A l'ouverture d'un tiroir, elle se saisit d'une plume noire et d'un encrier et débuta paisiblement son palimpseste en contraignant son esprit à s'en tenir aux faits. Le rythme indéfectible des jours avait repris.

Deux coups résonnèrent au travers de l'immense porte de bois ; puis elle s'ouvrit sur un garde, s'approchant de Thiriswarth pour la tirer de sa torpeur.
"On vous demande à l'entrée Ouest, Capitaine. Visiblement un furry de haut rang que vous seriez susceptible de connaître. Il m'a donné ceci à votre égard, prétendant que cela vous permettrait de l'identifier."

Piquée d'un doute méfiant, elle tendit le bras, saisissant l'objet que lui tendait humblement son pair. Un fourreau de cuir parcouru de trois points d'attache enlaçait à la perfection, dans les mains de l'elfe, une épée courte de belle manufacture aux bords néanmoins un tantinet émoussés par les affrontements des âges passés. Une épée courte qui ne lui était pas étrangère.
D'un mouvement sec, Thiriswarth referma prestement son parchemin et se redressa face au garde. Ses mains s'enserrèrent autour du pommeau dans une hargne réprimée.

"- A-t-il donné son nom ?
- Quelque chose comme Volgin, Capitaine. Tyn, ou Dyn, peut-être.
- Je vous remercie."

Jamais ne s'était-elle attendue à ce que le loup ne révélasse son véritable nom face à un garde tiers venu entraver son entrée dans le palais ; sa question avait un tout autre but. Une finalité pour laquelle elle ne pu s'empêcher de se maudire à moitié.
Quelques secondes plus tard, l'elfe avait quitté les quartiers généraux. L'entrée Ouest, avait-il dit.

Son pouls battit à nouveau contre sa tempe. Persuadée, quelques minutes auparavant encore, d'en avoir terminé avec sa querelle matinale, voilà que celle-ci avait eu le culot de revenir au galop, se présentant à sa porte dans un élan de folie pure. Fidèle à elle-même cependant, Thiriswarth n'avait pas douté une seule seconde de l'accueil qu'elle lui réserverait.
Arrivée à proximité de lui, elle prit un instant pour l'observer, entouré d'autres gardes venus inspecter l'intrus.

"Sieur Volgin, commença-t-elle d'une voix accueillante, pardonnez l'attitude de mes camarades à votre égard, il est difficile de connaître à chacun qui est à accueillir ou à redouter en ces lieux ; je suis certaine que vous comprendrez. J'ai bien reçu votre missive, allons nous entretenir." Elle adressa un regard à ses semblables. "Rompez, messieurs. Tout ceci est entre le seigneur et moi."

Aux départ des gardes, le palais s'embruma d'un voile de silence. Thiriswarth demeurait là, de moitié vêtue de son armure de la veille et immobile face au loup, réprimant le léger sourire avenant dont son hospitalité feinte avait fait preuve. Puis elle pivota sans bruit, et le conduisit dans une pièce annexe au détour de quelques intersections de couloirs. A l'intérieur, trônaient paisiblement des centaines de livres uniquement consacrés à la faune sauvage, surplombés de fanions dorés à l'image des armoiries royales elfiques. L'elfe ferma la porte derrière eux, puis rendit avec fierté et distance son épée au loup.

"Et fou, en plus de cela."
Comme si leur conversation n'avait jamais cessé, la garde se para néanmoins d'une froideur bien plus présente qu'elle ne l'avait quelques heures auparavant, dont avait toujours émané un certain charme étrange et négligé de sa porteuse.
"Avez-vous réfléchi une seule seconde avant de vous présenter ici ? Savez-vous ce qu'il serait advenu de votre carcasse si je n'avais pas immédiatement marché dans le sens de votre manœuvre ?!"

Un long souffle la traversa alors que ses yeux se plongèrent violemment dans ceux de Syn. Son sang brûla à nouveau dans ses veines.

"Pourquoi êtes vous revenu ?"


Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Syn Haihana
Messages : 127
Date d'inscription : 31/12/2015
Age : 32
Syn Haihana
Furry
MessageSujet: Re: Le voleur d'Aldacoa Le voleur d'Aldacoa Icon_minitimeSam 30 Jan 2016 - 0:21
Le stratagème du loup était vraiment basique: improvisé, mal adapté, mal préparé... Tout semblait le mener à l'échec. Le soldat qui s'éloignait avec son épée retint toute son attention l'espace d'un instant, durant lequel d'autres sentinelles venues d'autres emplacements de la royale enceinte affluèrent dans sa direction. Se retrouvant rapidement submergé, le loup tenta comme il le pouvait de conserver son calme. Certes, sa méthode d'approche était à revoir, mais pour le moment, cela semblait fonctionner! C'est sur un ton sec que l'un des nouveaux arrivants s'adressa à lui, le dévisageant d'une manière fort agressive.

"Hey, mais je vous connais, vous?"

Dans la tète du furry, tout se mit en alerte! S'il venait à être découvert, il est possible que les gardes ici présents veuillent venger leurs deux camarades qui occupaient actuellement les emplacements de l'infirmerie du palais! La concentration dont fit preuve le loup afin de ne rien laisser filtrer de son état de panique l'étonna presque lui même. Regardant fixement le garde dans les yeux, l'air innocent prit par Syn aurait pu tromper même le plus aguerrit des soldats royaux.

"Mais enfin, cela suffit monsieur! Puisque je vous dit que je ne vous connais pas! de toute façon, Je n'ai pas de temps à perdre avec ça, et vous ?"

La situation lui échappait... Il le savait. La première chose qui lui vint à l'esprit fut de dégainer rapidement son épée... Oui, celle qui venait de s'éloigner lentement de lui... Auquel cas il aurait été armé, quelles auraient été ses chances de réussites face à quatre des soldats d'élite de Trenarn? Aucune assurément. Son désarmement fut été une bonne chose, à priori! Tous les elfes en armures se regardaient les uns les autres, ne faisant qu'augmenter la nervosité du canidé. Les dents serrées, le regard fuyant... Oui, il allait craquer! Au loin, la fine et féminine silhouette de Thiriswarth fit son apparition. Les premières secondes qui suivirent sa sortie de par la grande porte qui ornait l'immense mur de la demeure du roi elfe furent emplis de doutes pour le furry et sa gorge se serra immédiatement: de loin, le capitaine de la garde semblait vraiment furieux, pas vraiment enchanté de la visite surprise de son invité de la veille. Cependant, à sa grande surprise, son regard et son visage furieux changèrent au fur et à mesure de sa progression, jusqu’à devenir accueillants et agréables. Bien que surprit, Syn tenta une nouvelle fois de masquer ce sentiment d'incompréhension qui venait d'apparaitre en lui. D'une voix douce et pleine de respect, Thiriswarth s'adressa à lui:

"Sieur Volgin, pardonnez l'attitude de mes camarades à votre égard, il est difficile de connaître à chacun qui est à accueillir ou à redouter en ces lieux ; je suis certaine que vous comprendrez. J'ai bien reçu votre missive, allons nous entretenir."

Cette fois, Syn ne put retenir sa stupéfaction. Ouvrant de grands yeux, il haussa grandement les sourcils, laissant apparaitre sur son visage lupoïde un étonnement particulier. Lorsqu'il repris plus ou moins sa concentration, il tourna la tête vers son garde agresseur et aborda un sourire moqueur et victorieux, qui sembla faire bouillonner de rage le pauvre serviteur du roi. L’archère prit une deuxième fois la parole, s'adressant cette fois à ses subordonnés afin que ceux-ci rompent leurs rangs et retournent à leurs postes. Le canidé ne put s’empêcher de fixer le garde de son air insolent tout en penchant rapidement la tête sur le coté. Dans un grognement, la sentinelle s’exécuta tout en dévisageant Syn d'un regard noir comme la nuit.
Cet air victorieux ne resta sur la face du bleu qu'un court instant, simplement le temps pour lui de se rendre compte que son hôtesse avait, elle aussi, retrouvé un visage dur et froid comme jamais il ne l'avait vu sur ses traits. Sans dire mot, la royale gardienne fit demi tour et s'élança à travers la gigantesque porte séparant la cour de l’intérieur du palais.

Cette fois encore, la blonde gardienne lui avait encore une fois sauvé la vie. Le furry fut impressionné par l'esprit d'analyse de Tiriswarth, qui avait vu clair dans son jeu dès l'annonce de son arrivée au portail et qui venait de le sortir d'une situation très pointue en un battement de cils. La suivant à l’intérieur du palais dans un silence de mort, le loup bleu ne put malheureusement pas s'attarder sur les diverses fresques, gravures et peintures qui ornaient les murs d'or, formant un immense dédale de halls et de couloirs, aussi grands que majestueux. Leurs "visite" prit fin dans une petite bibliothèque, rien de bien grandiose au niveau des dimensions, mais qui avait le mérite de respecter la décoration qui régnait dans le reste de l'établissement: parures dorées, arabesques et gravures. La blonde féminine referma sans distinction la porte après leurs entrée. Son bras se tendit vers le canidé, lui rendant dans un mouvement désintéresse son équipement sommaire. C'est sans réussir à soutenir son regard que le lupoïde récupéra Justice dans sa protection de cuir. Syn savait pertinemment qu'il ne devait pas être ici, qu'il n'aurait pas du revenir vers elle, et pourtant, ils étaient la, face à face dans cette petite pièce pleine de connaissances, héritage des philosophes et chercheurs bien antérieurs à leurs ères. La froideur ressurgit de nouveau lorsque l’archère balafrée adressa au furry, sur un ton presque dénigrant, ce qui semblait être la suite de leurs conversation haineuse de la boutique de l'apothicaire.

"Et fou, en plus de cela. Avez-vous réfléchi une seule seconde avant de vous présenter ici ? Savez-vous ce qu'il serait advenu de votre carcasse si je n'avais pas immédiatement marché dans le sens de votre manœuvre ?! Pourquoi êtes vous revenu ?"

Intérieurement, le loup tremblait de tout son être. Le regard que lui assenait Thiriswarth était semblable à celui qu'il avait reçu chez le vieil elfe, mais cette fois ci, ce n'est pas en challenger qu'il était venu. La gorge serrée, la tête basse et les yeux fuyants, son explication avait intérêt à être plus que recevable! Après tout, il était juste dans l'enceinte d'un palais royal à s'entretenir avec la responsable de sa sécurité, sans vraiment de raison valable... Dans un élan de tout son courage rassemblé, Syn se lança, plantant un regard vrai et honnête à l'elfe en demi armure.

"Vous savez, depuis notre dernière séparation, je me suis rendu compte d'un certain nombre de choses... la première est que vous aviez raison... Idéaliste: surement. Naïf: certainement. Fou: bien possible. Ingrat: c'est là que la bas blesse... oui, ma réaction de tout à l'heure a été plus qu'inappropriée... Je m'en suis rendu compte bien après..." Les yeux du loup devinrent humides sous le coup d'une certaine émotion "Vous, qui m'avez sorti d'un bien mauvais pas, m'avez fait soigné, avez veillé sur moi toute une nuit durant... Qu'est ce que vous avez eu en retour? ni plus ni moins qu'une sorte d'arrogance juvénile et presque insultante... Non, mes réaction n'étaient pas ce qu'elles auraient du être."

Le canidé s’arrêta un instant, les yeux dans le vide. la petite moue qu'il affichait en coin de son museau en disait long sur son état d'esprit actuel. Bien loin d'en mener large, il s'efforça de continuer, malgré une envie incroyable de devenir tout petit, de disparaitre à jamais de la surface d'Aëndryl. Dans une grande inspiration, il relança

"Si je suis la, au final, c'est premièrement pour vous présenter mes sincères excuses pour avoir put éventuellement vous blesser, vous paraitre "ingrat" et vous avoir ouvertement manqué de respect, autant à votre personne qu'à votre autorité, et surtout vous remercier de m'avoir surement sauvé la vie... Moi et mes méthodes, hein?"

Syn se stoppa de nouveau. Observant sa lame dans son étui, il passa lentement sa main sur l'épaisse trame de métal, touchant du doigt quelques lettres gravée. Il mit bien plus longtemps à se décider à enchainer. Ses mains semblèrent serrer son arme, comme tout le reste de son corps confirmait ses dires par des crispations.

"Deuxièmement, je veux payer cette dette que j'ai envers vous... Dites-moi ce que je doit faire, et ce sera fait. Je comprendrai très bien que vous refusiez, mais je me permet d'insister... voire même de vous supplier: laissez moi me racheter. Je n'ai aucun intérêt ni politique ni pécuniaire à en tirer, si ce n'est retrouver la paix, autant avec vous qu'avec moi-même"

Sur ces mots, le loup bleu replaça une nouvelle fois sa pièce de cuir sur son dos. Non, il n'était vraiment pas fier. Ses habitudes avaient été bousculées dans tout les sens: d'ordinaire, Syn n'était pas vraiment du genre à venir présenter des excuses à qui que ce soit, sa fierté et la conviction de bien agir obscurcissant grandement son jugement... cette fois ci avait été différente...
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Anonymous
Invité
Invité
MessageSujet: Re: Le voleur d'Aldacoa Le voleur d'Aldacoa Icon_minitimeSam 30 Jan 2016 - 17:59



Le voleur d'Aldacoa

Syn Haihana/Thiriswarth


Quand la rancœur rongeait son hôte, la rage, elle, le consumait lentement jusqu'à la dernière cendre froide avalée par la terre.
En Aldacoa, tout elfe digne de ce nom vivait par ce principe. Nul ne trouvait jamais ni repos ni répit à embrasser une haine indomptée, et pas une seule fois le peuple des sages n'avait douté de la négativité d'une telle brutalité. Qui portait colère et rancune n'était encore à leurs yeux qu'enfant, et se laissait, impulsif et ignorant, dévorer de ses propres émotions naïvement à vif.
Face aux siens, Thiriswarth était cet enfant. Impétueuse, torrentielle, de toujours avait-elle en elle secrètement cultivé ce voile animal et légèrement honteux. Mais malgré tout, jamais n'était elle parvenue à s'en défaire ; fut-il encore qu'elle l'eût tenté, voire même simplement espéré.

Son ressenti face au loup avait beau s'être peint d'une brutalité pour le moment sans faille, réveillant la colère crue et haineuse qu'avait dissimulé l'elfe un demi-siècle durant, celui-ci s'était néanmoins tâché de quelques doutes et de questionnements irrésolus. Dans un acte éminemment impulsif, le lupoïde aux yeux bleus avait défié bienséance et lois constitutionnelles, pénétrant le palais sans préméditation et mettant sans en douter sa vie entre les mains de gardes dont il n'avait pas la moindre connaissance. Il avait délibérément menti face aux pairs de ceux qu'il avait précédemment blessé lors de la nuit précédente sans même paraître avoir songé à son plan d'exécution plus d'un souffle. Mais en dépit de son expérience, l'elfe n'était en rien parvenue à prédire ni même à comprendre ce geste. Le loup était farouchement apparu sous ses yeux désabusés avant qu'il ne se tînt par la suite face à elle sous la gouverne close des manuscrits elfiques. Là, cependant, avait cessé d'arborer le même regard défiant qu'avait été le sien au lever matinal du soleil.

La petite bibliothèque, plongée dans une pénombre douce, s'était à la venue des deux drapée d'une étole silencieuse, sinistre et roide où seule une tension palpable n'avait cessé de planer. D'une fureur mêlée à l'incompréhension des actes du loup, Thiriswarth s'était tue à nouveau dans une immobilité funèbre, un regard froid et dur dirigé à l'intention de Syn. De toujours lui avait-on reproché sa trop grande impulsivité, parfois inconsciente et dangereuse, à travers de nombreux dires ignorés ou écoutés que d'une oreille tout au mieux ; mais elle se permettait pourtant de condamner celle du loup, aveugle à tout ressentiment ou rédemption possibles de sa part.
Face aux airs apeurés tristement dissimulés du bleu, cependant, son arrogance se tordit.

"Vous savez, depuis notre dernière séparation, je me suis rendu compte d'un certain nombre de choses... la première est que vous aviez raison... Idéaliste: surement. Naïf: certainement. Fou: bien possible. Ingrat: c'est là que la bas blesse... oui, ma réaction de tout à l'heure a été plus qu'inappropriée... Je m'en suis rendu compte bien après... Vous, qui m'avez sorti d'un bien mauvais pas, m'avez fait soigné, avez veillé sur moi toute une nuit durant... Qu'est ce que vous avez eu en retour? ni plus ni moins qu'une sorte d'arrogance juvénile et presque insultante... Non, mes réaction n'étaient pas ce qu'elles auraient du être. Si je suis là, au final, c'est premièrement pour vous présenter mes sincères excuses pour avoir put éventuellement vous blesser, vous paraitre "ingrat" et vous avoir ouvertement manqué de respect, autant à votre personne qu'à votre autorité, et surtout vous remercier de m'avoir surement sauvé la vie... Moi et mes méthodes, hein?"

Elle garda le silence.
Fou : assurément.

Dans un léger froncement de sourcils finalement bien plus déconcerté qu'hargneux, Thiriswarth baissa ironiquement sa garde. Un sang rougeoyant de colère continuait d'affluer dans ses veines, les brûlant, les heurtant, les traversant de toute part dans une boucle sans fin à laquelle l'elfe s'était au fil des mots trouvée moins sensible. Le loup, bien qu'inconscient, n'avait pas bravé embûches et dangers dans le simple dessein de réclamer quoique ce soit auprès d'elle, mais il s'était humblement présenté au palais dans l'espoir de voir ses excuses acceptées.
La garde n'était qu'honneur, mais elle continuait d'en admirer les preuves. Tentant cependant de n'en laisser paraître le moins possible, elle attendit de marbre que son interlocuteur poursuive enfin.

"Deuxièmement, je veux payer cette dette que j'ai envers vous... Dites-moi ce que je doit faire, et ce sera fait. Je comprendrai très bien que vous refusiez, mais je me permet d'insister... voire même de vous supplier: laissez moi me racheter. Je n'ai aucun intérêt ni politique ni pécuniaire à en tirer, si ce n'est retrouver la paix, autant avec vous qu'avec moi-même."

Humble, cependant.
Pour la première fois, ce fut réellement qu'elle le regarda. Longtemps. Le furry mettait sa lame à son service et elle demeurait interdite, enlacée des pensées folles et contraires qui se bousculaient, désorientées, dans son esprit. Elle n'était qu'une fierté froide incapable de sa mettre sa dignité de côté lorsque même lui en était offerte une autre, mise à nu. Bien qu'elle ne pardonnât pas, qui était-elle pour décider d'un quelconque don d'absolution en retour d'un affront ?

Elle prit une longue inspiration.

"Vous n'êtes pas dans le besoin de vous racheter, Seigneur Volgin. Ce qui est fait est fait et il n'est pas ma place de dispenser le pardon en jugement sous quelque condition."

Tous deux adoucis, son ton et son visage ne présentaient plus les traits de la rage solide passée. Renouant avec sa coutume habituelle, l'elfe n'avait recommencé à arborer qu'un air neutre et fermé, impassible comme les jours l'avaient toujours vue.

Levant le regard un instant vers quelques livres surplombant le binôme depuis une haut étagère d'ébène, l'un deux, visiblement perdu au milieu des manuscrits sur la flore, attira cependant son attention. Sur la tranche, s'étendaient honteusement les mots naïfs d'"abolition de l'armée et neutralité de Trenarn". Elle laissa échapper un léger soufflement amusé dans l'esquisse d'un sourire.

"La paix n'est pas un état naturel pour la société humaine. Donc pour atteindre cette paix, il nous faut la créer nous-mêmes." Elle marqua une étrange pause réflexive. "Vous pouvez tuer Marchelune, assassiner d'autres malfaiteurs, réduire le monde en cendres, cela ne la ramènera pas. Ni elle, ni qui que vous ayez perdu."

Vous parlez beaucoup, durant votre sommeil...

"Vous œuvrez seul pour votre propre justice, et c'est honorable, mais cela ne vous mènera à rien. Vous souhaitez trouver la paix intérieure ? D'après ce que j'ai entendu, je ne peux pas vous la donner moi-même. Alors commencez par celle qui vacille entre nos peuples : c'est là tout ce que je peux souhaiter de vous. Vous êtes dévoué et déterminé, vous pouvez mettre tout cela à contribution. Donnez-vous à une cause plus grande, qui occupera votre esprit, et je vous assure que tôt ou tard les dieux sauront vous guider vers le chemin de la Justice que vous méritez."

Une certaine mélancolie s'empara de l'elfe à ces mots. Elle pencha légèrement la tête sur le côté, détaillant le doux visage du loup du regard dans un air de compassion cette fois volontairement trahi, puis passa une mèche de cheveux derrière son oreille. L'espoir qu'il trouvât sens en ses mots l'avait emplie. D'un geste calme, Thiriswarth posa délicatement une main sur la poignée et rouvrit paisiblement la porte, avant de finalement s'arrêter sur le seuil pour regarder à nouveau Syn.

"Les gardes seront avertis de votre sortie, nul ne se dressera sur votre passage." Elle hocha humblement la tête. "Je vous reverrai, loup."

Puis elle disparut dans les allées serpentantes du manoir.


Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Syn Haihana
Messages : 127
Date d'inscription : 31/12/2015
Age : 32
Syn Haihana
Furry
MessageSujet: Re: Le voleur d'Aldacoa Le voleur d'Aldacoa Icon_minitimeDim 31 Jan 2016 - 2:08
Thiriswarth semblait l'avoir écouté: son visage fermé et froid s'adoucit à mesure que Syn enchainait, bien qu'assez difficilement ses explications et justifications, aussi mauvaises et possiblement irrecevables soient-elles. C'est dans un ton beaucoup plus calme et compréhensif qu'elle s'adressa à lui, presque à la manière d'un sage essayant de faire prendre conscience à un enfant immature la nature de ses erreurs et la voie à suivre pour atteindre une forme de sagesse. Le loup, assez peu fier en entrant dans l'enceinte très privée du dirigeant de Trenarn écouta sans broncher, un regard attentif rivé dans celui, beaucoup plus neutre de la blonde archère.

"La paix n'est pas un état naturel pour la société humaine. Donc pour atteindre cette paix, il nous faut la créer nous-mêmes. Vous pouvez tuer Marchelune, assassiner d'autres malfaiteurs, réduire le monde en cendres, cela ne la ramènera pas. Ni elle, ni qui que vous ayez perdu."

Le vide

C'est ce que ressentit Syn durant l'élocution de Thiriswarth. Cette sensation désagréable de petitesse et de futilité face à la grandeur de ce qui nous entoure. Chacun des mots de l'archère semblait être choisit pour remettre en question tout ce en quoi il avait toujours cru, ou pour effondrer les piliers fondamentaux sur lesquels il avait construit sa vie présente. A cet instant toutes ses pensées s'évaporèrent, le laissant seul un instant dans le silence de la petite pièce emplie de connaissances. Plus rien: ni colère, ni rage, ni insolence... Plus rien: ni détermination, ni envie, ni volonté... le vide. Seule cette question persistait inlassablement dans l'esprit torturé du canidé bleuté, résonnant sans cesse contre les parois de son âme: Quel est mon but? Mon VRAI but...

Cela faisait quelques temps déjà qu'il donnait l'intégralité de son temps et de son énergie pour des employeurs sans cesse différents, dans des lieux constamment inédits et pour des raisons changeantes. Sa vie était liée à celle d'autrui et, n'ayant aucune attache, il pouvait se permettre de vagabonder en permanence en quête d'un quelconque objectif. Bien sur, tout ce cinéma n'avait qu'un seul réel objectif: tout en essayant de se donner bonne conscience, combler cet espace libre au fond de son être, autrefois occupé par sa louve, mais qui semblait maintenant le consumer de l’intérieur. Oui, il en était conscient, et c'est bien pour cela qu'il tentait tant qu'il le pouvait de confiner ce sentiment au plus profond de lui même. Malgré cela, la relativement jeune elfe avait percé le furry à jour, lui projetant en pleine face ce qu'il savait déjà et tentait désespérément d'oublier.

Chaque muscle du corps de Syn se relâcha: ses épaules tantôt instinctivement relevée afin d'appuyer ses propres dires, tombèrent lamentablement, accompagnées de ses bras, qui se laissèrent glisser le long de son corps. Ses jambes semblaient ne plus avoir envie de le porter et tenaient visiblement en place simplement de par la position particulièrement stable qu'avait adopté le loup. Pour finir, ses oreilles se baissèrent de dégout envers lui au même au moment où ses yeux se fermèrent pour ne se rouvrir seulement qu'au moment ou Thiriswarth reprit la parole:

"Vous œuvrez seul pour votre propre justice, et c'est honorable, mais cela ne vous mènera à rien. Vous souhaitez trouver la paix intérieure ? D'après ce que j'ai entendu, je ne peux pas vous la donner moi-même. Alors commencez par celle qui vacille entre nos peuples : c'est là tout ce que je peux souhaiter de vous. Vous êtes dévoué et déterminé, vous pouvez mettre tout cela à contribution. Donnez-vous à une cause plus grande, qui occupera votre esprit, et je vous assure que tôt ou tard les dieux sauront vous guider vers le chemin de la Justice que vous méritez."

Ces dernières paroles ne remuèrent pas plus le couteau dans la plaie béante laissée dans l'esprit du lupoïde, bien au contraire. Les mots employés en plus du léger sourire en coin, particulièrement confiant et agréable, avaient une saveur particulière. petit à petit, un sentiment emmargeait des entrailles embrouillées de Syn. Un sentiment qu'il n'avait pas ressenti depuis bien longtemps, trop longtemps même. Ce genre de sentiment indispensable pour pouvoir avancer, évoluer... Oui, une petite étincelle d'espoir naissait à nouveau dans le cœur du furry. Si ces mots touchaient au plus profond de lui même le canidé, c'est parce que, encore une fois, l'elfe avait raison.

A quoi bon essayer de résoudre chaque problème en ce monde? Quelques minutes auparavant, dans la boutique d'Evrard, l'évidence avait sauté aux yeux de loup bleu: la mission qu'il s'était attribuée, la voie du héro, était dors et déjà perdue d'avance... Mais alors, de quel cause voulait-elle parler? Quoi de plus important que d'essayer de tout son être de répandre la justice sur ces terres? Le regard assuré de Thiriswarth ne mentait pas, elle voulais bien lui faire comprendre que l'heure de se reprendre en main était arrivée. Dans quel sens, il était sa tache de le découvrir. C'est désormais des yeux compréhensif et déterminé, bien qu'encore un peu perdus, que Syn porta dans ceux de l'elfe, qui semblait vouloir particulièrement lui faire comprendre l’intérêt de ses dires dans un jeu de regard tranchant particulièrement avec son comportement habituel.

C'est sans bouger que le furry observa l’archère balafrée se diriger lentement vers la sortie et ouvrir délicatement la porte. Celle-ci s’arrêta dans l'encadrement de la porte et pivota sur elle même afin de lui faire face une dernière fois et lui adresser ces paroles sur un ton calme et respectueux dans un léger mouvement de tête:

"Les gardes seront avertis de votre sortie, nul de se dressera sur votre passage... Je vous reverrai, loup."

La féminine en armure disparut juste après par l'ouverture précédemment ouverte. Toujours immobile, Syn reprenait lentement ses esprits. Remettant comme il le pouvait ses pensées en ordre, il dit, comme si elle pouvait l'entendre:

"Merci... Vous venez une nouvelle fois de me sauver..."

C'est après une grande inspiration que le canidé se remit en marche en direction de l'exterieur, l'esprit encore un peu embrouillé du chamboulement tout récent qu'il venait de subir, mais avec un point de vue sensiblement différent sur son environnement, direct ou pas. Son travail sur lui même ne faisait que commencer, et à la différence des différentes quêtes qu'il avait pu accomplir jusqu’à maintenant, celui-ci serait personnel et permanent...
Revenir en haut Aller en bas
AuteurMessage
Contenu sponsorisé
MessageSujet: Re: Le voleur d'Aldacoa Le voleur d'Aldacoa Icon_minitime
Revenir en haut Aller en bas

Le voleur d'Aldacoa

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Sujets similaires

-
» Un voleur? Ou ça? (Missy Icewolf)
» Quelqu'un serait-il intéressé pour rp avec un neko voleur?

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Les terres d'Aëndryl :: Règlement et Administration :: RP Forum-