Luméril, cela faisait des années qu’Eithel n’y avait pas mis les pieds, il revenait du nord ou il avait fait du repérage pour ses projets dans le futur. Il n’avait pas perdu ses projets de vue, le désir de vengeance l’a hanté durant quinze ans, parfois son esprit n’était pas préoccupé par ce désir, lorsqu’il voyageait avec les Lendas ou ses amis audacieux qui ont permis à Eithel d’être moins agressif.

Quinze années de voyages et d’entrainement pour préparer ce jour, le jour où il retrouverait Caacrinolas et où ils repartiront vers le nord pour enfin pouvoir se venger.

Retrouver Caacrinolas n’était qu’un premier pas pour Eithel, il savait que pour enfin atteindre le nécromancien il lui faudrait des années d’efforts  à repousser les créatures créées par ce monstre et à affronter ses sbires, mais Eithel voulait la tête de ce maudit Haznard sur un plateau.

Pendant qu’Eithel pensait à tout cela, les hautes murailles de la capitale de tous les hommes se dessinaient à l’horizon encore à peine visible dans l’aube rouge. Alors qu’il continuait son chemin de plus en plus de voyageurs convergeait  vers la capitale et quelques heures plus tard la route était encombrée de marchands et de visiteurs venus voir le célèbre marché de noël.

Vers dix heures Eithel arrivait aux pieds d’imposantes portes bordée par deux groupes de gardes surveillant la foule qui se bousculait à l’entrée. Les rues principales étaient bondées, mais dès que l’on s’éloignait un petit peu des rues principales le passage était tout de suite plus dégagé.

Eithel suivis un long dédale de ruelles et de placettes pendant de longues minutes avant de finalement arriver à sa destination : le rat d’égout lubrique, une auberge qui de l’extérieur ne donnait pas très envie mais dont le propriétaire était une vraie crème. Et cette auberge avait aussi l’avantage d’être sur les lieux du rendez-vous.

Eithel espérait de tout cœur que Caacrinolas n’allais pas lui faire faux bon, il savait que sans lui son objectif serait beaucoup plus difficile à atteindre. Il restait encore trois jours avant le solstice, en attendant Eithel profita de la ville et visita le marché de noël.

Enfin, vint le grand jour, il se souvenait encore des détails de leurs adieux :


Après avoir enterré Marina, Eithel dit à Caacrinolas : « Nous sommes faibles, nous devons nous séparer pour progresser, revoyons nous dans quinze ans, au solstice d’hiver, on se reverra quand on aura trente ans, tu te souviens de cette nouvelle que nous lisions plus jeune ? Elle se passait a Luméril sur une place, nous nous y retrouverons, a la place des grands hommes. »


Mais maintenant qu’Eithel attendais sur place, il doutait de plus en plus de la venue de Caacrinolas a mesure que les heures passèrent. La nuit tomba vite et Eithel commençait à perdre espoir de revoir son amis, il s’allongea sur un banc contemplant le ciel étoilé pendant qu’au loin il entendait le tumulte de la foule qui s’amusait au marché de noël. La foule s’amusait pendant qu’Eithel perdait espoir en son avenir.


Il soupira et serra son manteau contre lui en se laissant aller au sommeil…

Alors que notre héros commençait à somnoler, Eithel entendit une voix désagréable chanter une chanson non sans fausses notes, bien qu’en général Eithel accompagnait ce genre de réveil par de violentes menaces de morts en hurlant, les paroles des hurlements disgracieux lui semblèrent familiers
Cette voix et cette manière de parler, ça ne peut être que Caacrinolas, décidément il n’a pas changé d’un poil
Eithel s’installa correctement sur le banc et le temps que Caacrinolas revienne il se mit à douter, Caacrinolas n’avait pas changé, et s’il s’était mis à délaisser l’entrainement ? Eithel espérait retrouver un Caacrinolas grand fort et imposant, mais il ne semblait pas avoir changé, la tache semblai devenir plus ardue que prévue.
Alors qu’il enchainait une série de pensées pessimistes, Caacrinolas revint avec deux verres de vin chaud. Sans un mot Eithel se saisis de l’un d’eux et vida le verre a grande gorgées sentant le liquide réchauffer sa gorge puis son estomac.
Eithel s’essuya la bouche du revers de la main et posa le verre à côté de lui.
« Caacrinolas, j’espère que tu es prêt, nous partirons demain midi, cela fait quinze ans que nous nous sommes donnés rendez-vous, dans le but de progresser »

Eithel se leva et jaugea son ami du regard, sa musculature s’était bien développée et Eithel ignorait l’utilité des cornes qui décoraient son crâne, mais espérait que ce n’était pas qu’une futile fantaisie.
« Je me suis entrainé dur, je vois que tu as progressé mais à quel point ? »
Eithel regarda autour de lui, il était tard, la ville commençait à s’endormir, et même le marché de noël commençait à devenir silencieux au loin, seuls quelques chats errants étaient présents observant la scène depuis le toit de l’auberge.
« Nous sommes seuls, battons-nous, montre-moi tes progrès Caacrinolas, montre moi qui nous sommes prêts pour repartir vers le nord bâtir notre avenir ! »
Sur ces paroles Eithel recula et dégaina son sabre, sans laisser le temps a Caacrinolas de répondre, c’était une manière très rustre d’agir certes, mais il devait savoir, cela faisait des années qu’il doutait, son amis devait être puissant, il n’y avait pas d’autres choix, ils devaient devenir des hommes puissants pour foncer telle une déferlante sur le nécromancien. En tout cas ceci étaient les illusions dont se berçait Eithel pour ne pas perdre la foi.

Eithel eu un soupçon de soulagement en voyant que Caacrinolas acceptait le défi, soit il était stupide soit il avait réellement progressé. La première solution paru peu probable lorsque Caacrinolas retira ses gants et se mit en garde, vu sa position il avait l’air vraiment sérieux, sa garde ne laissait pas de faille, ses muscles étaient bandés et il semblait prêt à bondit a tout instant. Eithel laisse échapper un soupir de soulagement et détacha le fourreau de son épée de sa ceinture pour rengainer, Eithel s’était rendus compte que ses gants avaient changés, et s’il ne les utilisait pas ce n’était sans doute pas par peur de les abimer. « Un enchantement ? » pensa il, il ferait mieux d’en faire autant, bien que couteux un enchantement serait d’une grande aide, il essaiera de le faire faire une fois dans le nord....


« Evitons de nous blesser inutilement, tu retires tes gants alors je me battrais avec mon fourreau, cela ne changera pas grand-chose à mes capacités de toute façon… Tiens-toi prêt j’arrive ! »


Sur ces mots Eithel exécuta un petit rituel concentration qu’il avait souvent. Fermer les yeux, inspirer profondément, sentir le vent froid glisser sur sa peau et son épée, visualiser l’ennemis….

Lorsqu’Eithel ouvrit à nouveau les yeux il avait chassé toute pensée parasite, tout comme Caacrinolas il devait montrer ses progrès, ca même si son frère adoptif ne le tuerais pas, leurs cibles elles n’hésiteraient pas une seconde.

Eithel mis toute sa force dans son impulsion initiale et accéléra autant qu’il le pouvait avant d’atteindre Caacrinolas, la première attaque devait être explosive, ne jamais laisser de répit a son adversaire et le vaincre aussi vite que possible, telle était la clef d’un combat réussi.

Une fois à portée de coup Eithel se déporta vers la gauche et se lança sur le flanc de son frère arrivant presque à son dos, Eithel saisis le manche de son épée à deux main et força autant qu’il le pouvait sans perdre l’équilibre pour donner un coup horizontal dans le dos de Caacrinolas.

Un seul assaut, aucun autre, le combat ne durera pas plus de cinq seconde. Eithel le pensait avant d’attaquer et en fut sur pendant l’affrontement.
Eithel avait fait de gros progrès, ça il le savait, il savait qu’aujourd’hui il était bien plus fort que son grand frère Okami, rivalisé avec Aeron ? Il ne le savait pas le moins du monde, il ne l’avait jamais vu se donner à fond, mais il devait sans doute avoir encore de gros progrès à faire. Caacrinolas aussi avait progressé, ses réflexes étaient vraiment impressionnant, rare étaient les personnes à bloquer cette charge d’Eithel. Jeune, Eithel s’enorgueillissait d’avoir pour spécialité de vaincre ses ennemis en dégainant d’un coup s’inspirant de vieilles histoires sur un héros d’époques perdues qui se battait ainsi. Aujourd’hui, Eithel savait qu’il était excellent dans ce domaine, et si Caacrinolas était capable de contrer une telle attaque à main nue, on pouvait aisément le considérer comme un maitre du pugilat.
Eithel fut très surpris de voir son frère se retourner et essayer de bloquer son attaque tout en envoyant un puissant coup de poing en direction de sa gorge. Eithel souris content de pouvoir montrer à Caacrinolas sa nouvelle botte, Eithel saisit (sans doute à la grande surprise de son frère qui devait penser qu’Eithel était incapable d’utiliser ses poing) son poignet et le tira en avant déséquilibrant son vieux frère tout en faisant un bond en arrière, au final c’était une égalité.

A environ 5 coudées de son ami, Eithel le souffle légèrement coupé par un assaut aussi vif et technique, souris.

« Je crois que nous sommes prêts mon frère, pas la peine d’en faire plus pour me montrer qu’aujourd’hui j’ai affaire à un vrais maître en pugilat, si je n’avais pas moi-même appris quelques techniques de combat à main nue je ne sais pas si je m’en serait aussi bien tiré »

Ensuite il fit signe à Caacrinolas de le suivre vers l’auberge pour aller se désaltérer et se reposer pour la nuit avant le voyage

Les deux frères allèrent bien vie dans la taverne et c’est confortablement installés dans un coin de l’auberge, une bière chacun qu’ils commencèrent à discuter. Le rez-de-chaussée était un bar restaurant, à première vue il ne payait pas de mine, les meubles étaient vieillots, la décoration passée, les fauteuils dans lesquels les deux compères étaient semblaient tout droit sortis de chez une personne âgée, mais on voyait vite que le lieu était divinement bien tenu, les fleurs décorant l’endroit étaient de la première fraicheur, la vaisselle propre et raffinée, et la cuisine excise. Le tenancier reflétait aussi l’ambiance du bar, c’était un vétéran de guerre retraité, il mesurait plus de deux mètres, extrêmement massif et musclé, avec son œil crevé barré d’une large cicatrice, il en terrifiai plus d’un, mais une fois qu’il ouvrait la bouche le mythe s’effondrait, une voix de jeune homme très douce, un vocabulaire varié et un comportement très soigné, sa cuisine était excellente et il était d’une gentillesse hors norme.
Rapidement la question fatidique arriva : qu’est-ce qu’Eithel avait prévus pour la suite des opérations. Eithel planta sa fourchette dans sa purée et commença à expliquer ses projets :

« J’ai passé beaucoup de temps au nord, et j’ai déjà eu à affronter certains sbire de ce monstre… Bref, nous nous raconterons nos vies pendant le trajet nous avons tout notre temps. Le plus important, c’est que j’ai repéré un temple désaffecté sur la rive sud du lac d’Ambranest, une fois las bah nous nous séparerons, tu partiras à la recherche de main d’œuvre et moi de matériaux, au pire je commencerais les travaux seul »

Apres qu’il ait répondus Caacrinolas électrocuta un vieil ivrogne cherchant la bagarre, puis ils montèrent se coucher pendant que le barman trainait l’homme assommé dans la rue. Demain ils se métraient en route pour faire face à leur destin….

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