Le village de Beauvallon était une charmante petit communauté au milieu des champs de blé, ou il faisait bon vivre. Les habitants faisaient les récoltes, élevaient des animaux, et préparaient une bière particulièrement goûteuse.

Cependant, il y avait un problème. Un problème assez gênant. Un groupe de bandits s'était installé dans le bois à quelques heures de marche. Les vols et violences répétées que les villageois subissaient étaient vite devenus trop, et ils avaient envoyé un messager dans la loge de chevaliers la plus proche.

Ce message avait atteint sa destination, et le commandant avait chargé le jeune Randgrith de s'occuper du problème. Celui ci avait donc fait route à cheval jusqu'au petit village, ou il avait été accueilli chaleureusement, bien qu'un peu frugalement.

Le chef du village avait expliqué au chevalier que les bandits prenaient d'importantes quantités de nourriture, leur production d'alcool, et si ils ne se laissaient pas faire, ils s'en prenaient au village et aux habitants. Il lui avait montré le grenier à grains, incendié après que les villageois aient refusé de payer la "taxe".

Randgrith, bien entendu, les avait assurés qu'il se chargerait de ces hors-la-loi. On lui avait assigné un guide afin de le mener jusqu'au bois, une jeune femme blonde du nom d'Iris. Les deux humains avaient chevauché jusqu'au bois. Arrivé à la lisière, la guide s'arrêta.

- Monsieur, je vais vous laisser là. Je n'ai malheureusement aucune idée de la position exacte de leur camp, et je ne voudrais pas être capturée, vous comprenez ?

Le chevalier avait sourit, l'air compréhensif, et était descendu de cheval, avant de lui répondre :

- Je comprends parfaitement votre sentiment. Tenez, ramenez ce cheval aussi, je rentrerait à pied. Je ne voudrais pas qu'il soit volé, il appartient a votre village.

Et c'est ainsi que le jeune chevalier s'était retrouver à arpenter la forêt, seul, et à pied, à la recherche d'un campement de bandits. Et il n'y avait pas à dire, il était bien dissimulé. Après plusieurs heures, il n'avait toujours rien trouvé. Pire, il sentait les griffes glacées de son Junas se planter dans son ventre : Il avait besoin d'adrénaline, il commençait déjà à suer, sa respiration se faisant courte.

C'est alors qu'il entendit les fourrés remuer derrière lui. Il dégaina son épée, ne se retournant pas encore.

- Qui va là ? Montre toi si tu tiens à garder ta tête attachée à tes épaules !

Au plus profond de son esprit, il priait presque pour que la personne l'attaque. Un petit échauffement, une dose d'adrénaline, et peut être même un prisonnier à interroger. Rien de tel pour commencer la journée.

Eithel se retrouva plus ou moins forcé de reprendre quelques temps ses activités de mercenaire après ses aventures au nord, sur les rives du lac d’Ambarnest. En effet, une fois son installation finie dans son nouveau « bastion » - si on pouvait vraiment appeler ça comme ça-  Eithel fêta ca dignement avec ses compagnons, et par fêter dignement Eithel voulait dire boire manger chanter et jouer pendant trois jours et deux nuits avec ses amis. Apres ces quelques jours d’euphorie, Eithel ne put que constater la maigreur de sa bourse, certes il recevrait surement des provisions et de l’or pour ses futures campagnes, mais cet argent n’était pas prévu à ses dépenses personnelles.


Alors tout naturellement Eithel fit ce qu’il faisait le mieux pour remplir sa bourse : vagabonder dans tout le royaume en vendant ses compétences au combat contre quelques pièces.

Après quelques menus travaux notre « héros » se retrouva dans un coin perdu des plaines étincelantes.  N’ayant pas trouvé de village pour passer na nuit et pour y prendre un repas, le mercenaire partit à la cueillette dans une forêt pour se faire un ragout de champignons et de racines, et pourquoi pas accompagné d’œuf ou de lièvre si la chance lui souriait.

Mais la chance ne lui sourit pas et alors qu’il grimpait à un arbre pour voler quelques œufs dans un nid, la branche sur laquelle Eithel se reposait céda et il dégringola, d’abord de l’arbre, puis de toute la pente ou il se trouvait pour finalement se retrouver nez à nez avec deux sangliers.

Gardant son sang-froid Eithel prit ses jambes à son cou et détala entre les buissons pourchassé par les deux bêtes.  Non sans mal il parvint à les semer mais se retrouva perdu. C’est donc penaud qu’Eithel, un peu poisseux, ses vêtements salis par la terre, se frayait un chemin dans les broussailles à coup d’épée quand une voix l’interpella :

- Qui va là ? Montre-toi si tu tiens à garder ta tête attachée à tes épaules !

Tenant à sa tête, Eithel sorti du buisson dans lequel il se trouvait, toujours l’arme à la main, devant lui se trouvait un jeune homme en armure, il était plutôt jeune mais il avait déjà l’air de se débrouiller en combat :

- Range ton arme petit je ne veux pas te faire de mal, dis-moi plutôt ce que tu fais seul et armé dans les bois à ton âge

La personne qui lui faisait face était un homme à la carrure solide et aux vêtements étranges, une arme à la main. Sa lame était particulièrement étrange, une sorte de sabre à simple tranchant, avec une longue poignée et une petite garde circulaire. Même depuis là ou il se tenait, il pouvait voir que cette arme était particulièrement acérée, bien que visiblement moins massive qu'une épée traditionnelle.

L'étranger avait aussi des cheveux blancs, mais son visage trahissait le fait que son âge n'avait aucun lien avec cette coloration inhabituelle. Il ne semblait pas particulièrement agressif au premier coup d'oeil, et n'était pas passé à l'attaque malgré la présence d'un homme armé sur son chemin.

Cependant, le jeune chevalier ne rangea pas son arme malgré tout. Il se dégageait de cet homme une confiance inébranlable, et sa posture était littéralement parfaite. Randgrith ne voyait aucune faille qui lui aurait permis de prendre l'avantage, si un conflit éclatait. Cet homme était dangereux.

- Range ton arme petit je ne veux pas te faire de mal, dis-moi plutôt ce que tu fais seul et armé dans les bois à ton âge

Le chevalier fronça un sourcil, légèrement énervé. Se faire appeler petit par un type qui n'avait pas l'air bien plus vieux que lui était pas spécialement amusant.

- Plutôt que petit, appelle moi Ser Randgrith. J'ai été envoyé afin de me charger du groupe de bandits qui terrorise le village voisin.

Voyant que cette personne n'était apparemment pas décidé à attaquer, Rangrith rengaina son épée, et croisa les bras. Ce type avait peut être des informations, si il traînait dans ces bois. Autant le questionner.

- T'as pas exactement le comportement d'un bandit. T'aurait pas vu des signes d'activités humaines pendant que tu traînait ici ? Traces de pas, un campement, n'importe quoi ? Tous les indices sont importants, donc si tu te souvient de quoi que ce soit, le royaume sera reconnaissant.

Eithel refreina un sourire narquois lorsqu’il aperçut que ses paroles avaient vexé le jeune chevalier, mais au moins il n’était pas agressif.

- Plutôt que petit, appelle-moi Ser Randgrith. J'ai été envoyé afin de me charger du groupe de bandits qui terrorise le village voisin.


Eithel fit la moue, il s’agissait donc d’un de ces fameux nobles chevaliers, il fallait avouer qu’il n’appréciait pas vraiment de collaborer avec ces gens. Certains emplois de « nettoyage » qu’i avait effectué plus tôt dans sa vie au côté de nobles lui avait clairement déplu, mais Eithel n’était pas la pour juger, ce jeune homme avait l’air gentillet, pas le genre à marcher sur les pieds d’Eithel.

-  T'as pas exactement le comportement d'un bandit. T'aurait pas vu des signes d'activités humaines pendant que tu traînais ici ? Traces de pas, un campement, n'importe quoi ? Tous les indices sont importants, donc si tu te souviens de quoi que ce soit, le royaume sera reconnaissant.

Les paroles du jeune homme firent mouche : le royaume reconnaissant ? S’il récompense en pièces sonnantes et trébuchantes pourquoi pas, et puis il y aurait surement un butin a piller au camp, autant faire d’une pierre deux coup. Eithel rengaina donc également et sourit en coin :

- Besoin d’aide alors ? Tu te doutes que vu mon allure je ne suis pas vraiment un chevalier servant mais nous verrons cela plus tard…

Eithel marqua une petite pause, non pas pour l’effet dramatique, mais pour tâcher de se souvenir des traces qu’il avait pu remarquer.

- J’ai vu quelques pistes oui, mais je ne sais pas si ce sont des bandits, en tout cas plusieurs pistes convergent un peu au sud d’ici, peut être les trouverons nous par la bas. Je viens avec toi, je m’en voudrais si tu tombais dans un guet-apens.... Au fait, appelle moi Eithel.

Eithel se tourna vers la direction qu’il avait indiquée, après quelques pas il regarda le jeune chevalier par-dessus son épaule, affichant un sourire amusé :

- … et qui sait, je pourrais peut être t’apprendre deux trois trucs.

- Besoin d’aide alors ? Tu te doutes que vu mon allure je ne suis pas vraiment un chevalier servant mais nous verrons cela plus tard…

Un mercenaire, donc, il était visiblement attiré par l'appât du gain. Randgrith pouvait honnêtement comprendre ça, et ces gars étaient en général plutôt honnêtes, tant qu'ils étaient payés. Après, ce qu'il ne savait pas, c'était qu'en tant que chevalier, il ne recevrait pas de paie.

- Tu peut venir si tu veux.

- J’ai vu quelques pistes oui, mais je ne sais pas si ce sont des bandits, en tout cas plusieurs pistes convergent un peu au sud d’ici, peut être les trouverons nous par la bas. Je viens avec toi, je m’en voudrais si tu tombais dans un guet-apens.... Au fait, appelle moi Eithel.

- Je pense que ça doit être eux. Je te suis. Essaie juste de ne pas mourir.

- … et qui sait, je pourrais peut être t’apprendre deux trois trucs.

Randgrith souffla, légèrement énervé par la prétention du mercenaire. L'homme semblait fort, mais ses vantardises commençaient à porter sur le système du jeune homme.

- Contente toi de me montrer le chemin. Si tu veux, je te laisserait même prétendre que tu as aidé.

Le duo se mit donc en route côte à côte à travers la forêt, en silence, le chevalier sur ses gardes. Rapidement, ils rencontrèrent des chemins à travers la forêt montrant des empreintes distinctes de bottes, ainsi que de sabots de cheval. Des groupes empruntaient cette route régulièrement, ça devait être les bandits.

Et en suivant cette route, ils trouvèrent rapidement un campement dans une grande clairière. Des tentes avaient été dressées, et plusieurs brigands étaient rassemblés autour de feux. En tout, on comptait une vingtaine de tentes, et un nombre inconnu de bandits.

A la lisière de la clairière, trois hommes armés de lances semblaient surveiller les environs paresseusement. Le chevalier dégaina son épée, et la laissa reposer sur son épaule.

- Bien.

Puis, sans un mot de plus, il chargea vers les sentinelles à pleine vitesse, hurlant un cri de guerre. Arrivé en vue des sentinelles, ces derniers se redressèrent, surpris, et levèrent leurs armes.

- RAAAAAAAAAAAAAAARRRGH !

Il les balaya d'un revers puissant à deux mains, brisant en deux la lance de l'homme le plus à droite, et tailladant le torse de l'homme central, l'envoyant bouler au loin. D'un moulinet, alors que l'homme à la lance brisée tentait de dégainer l'épée courte à sa ceinture, Randgrith décapita l'homme.

Le dernier combattant recula, tentant d'utiliser la portée supérieure de son arme pour blesser le chevalier. Ce dernier ce rua en avant sans se soucier de l'arme, la laissant égratigner son plastron, puis, d'un mouvement fluide, il attrapa la hampe en bois, et tira dessus, forçant son utilisateur à venir s'empaler sur la pointe de l'épée bâtarde.

Pendant qu'il faisait cela, cependant, l'homme blessé au torse se releva, et tituba jusqu'à une cloche cabossée, qu'il fit retentir de toutes ses forces.

- ALERTE ! ALERTE ! ON NOUS ATTAQUE !

Randgrith se contenta de rire un peu, avant de fouetter l'air de sa lame pour la nettoyer du sang qui la couvraient.

- Hahahahah, venez ! Je suis Ser Randgrith Durandal, et au nom du royaume, je vais vous faire payer pour vos crimes !

L'adrénaline pulsait dans ses veines, et il se sentait bien. Au cœur du combat, il se sentait à sa place, à l'aise. L'action lui faisait du bien. Il passa en revue mentalement les armes qu'il pourrait obtenir de ses deux victimes, mais les rejeta. Elles ne convenaient pas à sa collection. Il replaca son arme sur son épaule, la reprenant fermement à deux mains.

Trouver le campement des bandits ne fut clairement pas une tâche ardue. Rapidement les deux comparses improvisés se retrouvèrent au bord d’une clairière abritant un modeste campement. Il y avait une vingtaine de tente, on pouvait donc s’attendre a au moins autant d’ennemis.
Eithel n’était pas très confiant pour cette mission mais ne dit mot. Il n’y avait que trois sentinelles, surement novices étant donné qu’elles restaient en groupe sans trop prêter attention à la tâche.
Il serait plutôt aisé de les maitriser rapidement et de se faufiler de tentes en tentes pour égorger les ennemis un par un. Eithel mit rapidement un plan en place, simple et efficace quand Randgrith partit en hurlant vers les ennemis.
« Bon… pour la discrétion je crois que c’est foutus »
LE compagnon d’Eithel ferait assurément un très mauvais espion ou assassin, cependant il se débrouillait plutôt bien au combat, il neutralisa aisément les sentinelles, mais l’alerte était sonnée.
Foutu pour foutu, Eithel dégaina et marcha dans la clairière, alors que le chevalier se ruait sur ses ennemis et les écrasait de sa force tel une avalanche. Eithel préférait se dire plus délicat, il esquivait les coups qui lui étaient portés en déportant son centre de gravité sur le côté et esquiver en tranchant un membre ou en éviscérant au passage.
Eithel semblait avancer calmement sans obstacle dans a clairière rejoignant son compagnon. Son chemin se jonchait de morts, des jeunes pour la plupart, a peine la vingtaine, ayant fait l’erreur d’approcher trop près d’un bretteur trop expérimenté pour eux.
Arrivé aux côté de Randgrith, les deux comparses s’étaient débarrassé d’une première vague de bandit, le reste du groupe se dirigeait maintenant vers eux. Les survivants semblaient plus âgés, plus expérimentés donc plus prudents. Eithel essuya sa lame sur les vêtements d’une de ses victimes :
« On aurait pu faire ça discrètement aussi… Heureusement que tu te bats bien, j’en ai tué six tu en es à combiens toi ? »

Avec l'alerte sonnée, les bandits sortirent de leurs tentes, armés, et visiblement prêts à en découdre. Plutôt que de les laisser se rassembler, le chevalier se rua sur le plus proche, lame au clair, et le transperça de part en part.

Un autre bandit, armé d'une hachette, se jeta sur lui avec l'arme levé, visiblement prêt à lui fendre le crâne pendant qu'il était bloqué. Plutôt que de dégager son arme, il la lâcha, laissant le corps sans vie du bandit s'effondrer. D'une pensée, il rappela l'arme entre ses mains, et décapita l'assaillant d'un coup net, utilisant son allonge supérieure pour le cueillir en pleine course.

Un retardataire émergea d'une tente proche, visiblement désorienté. Le chevalier lui fendit le crâne calmement; le tuant sur le coup. Il reprit son souffle. Visiblement, le reste des bandits avaient décidé de tenter leur chance avec le mercenaire, sans succès. Celui ci avançait à travers eux, intouchable, son étrange lame rapide comme l'éclair.

« On aurait pu faire ça discrètement aussi… Heureusement que tu te bats bien, j’en ai tué six tu en es à combiens toi ? »

Le chevalier fouetta l'air de sa lame pour la débarrasser du sang qui la maculait avant de répondre.

- Pas vraiment mon style. J'en ai eu six aussi. Il devrait en rester la moitié, de tête.

De l'autre côté de la clairière, les bandits survivants se rassemblaient. Une petite dizaine de ruffians, dotés d'armures, d'armes ayant apparemment bien servi, et d'yeux froids et calculateurs. Ces hommes étaient visiblement des tueurs expérimentés, qui avaient formé un groupe plutôt que de s'attaquer aux intrus un à un.

Le leader du groupe avança de quelques pas. C'était un homme absolument immense, aisément deux mètres, avec une barbe noire broussailleuse, et un marteau qui semblait plus à sa place chez un forgeron que sur un homme comme lui. Il portait à son cou un collier orné de dents, certaines venant d'animaux, d'autres ayant clairement appartenu à des êtres humains. Il prit la parole, d'une voix semblable à un éboulement.

- Z'avez des couilles, d'entrer dans mon campement comme si c'était chez vous, et de massacrer mes hommes. J'vous dit quoi, si vous rejoignez mes gars, je laisserait passer ça. Choisissez bien, les avortons, travailler pour moi, ou finir avec vos dents sur mon collier, et vos crânes en bouillie.