La femme du Port d'Ambarnest [PV Nymphéa]

Sujet: La femme du Port d'Ambarnest [PV Nymphéa] Mar 6 Oct 2015 - 14:36

Dans le port d’Ambarnest, aux dernières lueurs, des marins se pressaient dans les débits de boisson et maisons de joie. Les rues se vidaient progressivement et personne ne faisait attention à personne. Tous étaient trop occupés à prendre le chemin de leur chez eux. Le vide s’installa et les rives du lac ne furent bientôt plus animées que par le souffle du vent. Quelques chats miaulèrent dans des ruelles sombres qui sentaient le poisson et la friture. Un homme était assis sur une bite et contemplait les eaux sombres et mornes d’Ambarnest. Il ne produisait qu’un bruit de mastication, broyant des molaires un morceau élastique de seiche ou de calamar trop cuit. Il lécha ses doigts et les essuya sur le tabard sale et déchiré qu’il portait. Il se leva et fit craquer les articulations de ses épaules. Son épée cliqueta métalliquement sur l’attache de bateau, son fourreau étant déchiré par endroit. Il jeta un regard sur les enseignes du port. L’une représentait un oiseau jaune –un canari- dans une cage. Il se mit en marche.

Plus il avançait et plus il pouvait distinguer le brouhaha des conversations et des éclats de rires qui venait de l’estaminet. En poussant les portes, il libéra le flot déchainé des sons typique d’une taverne bruyante. Personne ne fit attention au nouveau venu. Certains buvaient calmement, d’autres jouaient aux dés et d’aucuns encore pinçaient les fesses de la serveuse. Il marcha vers le bar où il avait repéré une demi-douzaine de tabourets libre, seuls sièges des lieux à être inoccupés. Il s’assit sur le tabouret du milieu. Façon stratégique de se réserver un peu d’espace puisque instinctivement pas mal de gens laissait un siège vide entre eux et les autres. Il ramena le fourreau de son épée entre ses jambes en s’asseyant, de sorte qu’elle ne gêne personne. Il interpela le tavernier en lui faisant signe de la main. Il parla d’une voix un peu enrouée.

« Hum. Versez-moi une bière. Merci.»

Un liquide ambré et mousseau coula d’un tonneau et fut posé devant lui en échange de quelques pièces. Le tenancier ne vit pas son visage et ne croisa que le regard étrange d’un homme aux yeux vairon. Du moins en apparence. Il ramena machinalement sa capuche vers l’avant comme pour essayer de se dissimuler encore plus. Il laissa aller son esprit et regarda les faisceaux de lumières jaune que son verre produisait sur le comptoir. Il caressait le verre du pouce et jouait avec les ombres. Il but enfin une gorgée.

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La femme du port d'Ambarnest

Le soleil déclinait à l'horizon, colorant le ciel et l'océan d'or et de rouge. Quelques mouettes faisaient entendre leur piaillement agaçant en décrivant des cercles au dessus d'un bateau de pêche tandis que quelques marins leur lançaient des pierres pour les faire fuir. Les vagues venaient s'écraser paisiblement contre les rives, laissant derrière une légère écume nacrée. La ville se faisait de plus en plus calme et silencieuse et n'importe qui, assis sur un quai, aurait pu apprécier le sérénité de l'instant. N'importe qui...

Un jeune couple batifolait à l'orée de la ville, à l'abri des regards, gloussant comme des enfants. Une jeune donzelle à la forte poitrine et à la blondeur des champs de blé prenait quelques minutes pour examiner l'intérieur buccal d'un grand gaillard aussi roux qu'un goupil. Néanmoins, alors, qu'ils passaient à un examen de plus en plus approfondi, le souffle bruyant d'un cheval les ramena à la réalité. Ils se tournèrent alors vers le cavalier sombre qui les observait d'un regard aussi glacial que le vent du Nord. Sa silhouette ténébreuse se découpait dans l'or du soleil couchant et ses iris couleur de sang semblaient les percer comme le regard d'un chat en pleine chasse. L'inconnu était encapuchonné et l'on ne pouvait rien distinguer de son visage hormis ces deux prunelles luisantes aux torches presque éteintes des portes du port. Sa monture était un cheval robuste et de haute stature, aux tatouages bleus ressemblant aux vestiges d'une magie ancienne. Il tapait du sabot sur le sol, semblant nerveux tandis qu'il les fixait aussi durement que son maître. Mais ce qui effraya encore plus les deux jeunes gens, ce fut l'animal assis à côté d'eux. Un Shadden. Le loup maudit. L'homme cacha sa compagne derrière lui, comme pour la protéger.

- Le démon... Murmura-t-il.

Le-dit démon lâcha un petit rire froid, sans joie puis reprit son chemin sous les yeux horrifiés du couple. Après quelques minutes à travers la ville, la Reine, car c'en était une, sauta à terre et noua les rênes de son fidèle destrier à la rambarde d'une taverne. Elle caressa l'encolure de l'animal et entra dans la taverne, son Shadden allant se promener tranquillement dans la ville.

Le "Démon", qui était en fait unE démonE, s'attira aussitôt quelques regards. En effet, il n'était pas vraiment courant de voir entrer une femme encapuchonnée, avec des formes plutôt généreuses, pieds nus dans un tel établissement. Elle avait pris soin, cependant, de dissimuler la couleur bleue de sa peau. Au vu de la réaction des deux jeunes à l'entrée de la ville, sa -fausse- réputation l'avait déjà précédée et elle préférait donc éviter de s'attirer des ennuis. Elle avait faim et besoin de repos, pas d'un remue ménage ! Elle repéra des places libres au niveau du comptoir et s'y dirigea. Sans se soucier de quiconque -elle était une Reine après tout !-, elle s'installa à la droite d'un homme qui semblait, lui aussi, se faire discret.

- Un hydromel. Le plus fort que vous ayez. Et le repas du jour, exigea-t-elle sur un ton naturellement autoritaire.

La jeune femme n'ôta pas son capuchon et remercia le tavernier lorsqu'il lui eut servi ce qu'elle réclamait. En silence, elle dégusta la viande fumée dont la bonne odeur avait eu pour effet de faire grogner un peu plus son estomac. Lorsqu'elle eut but deux ou trois verres d'hydromel, elle se sentit un peu plus à l'aise et en commanda un nouveau. Finalement, elle finit par se tourner vers l'homme à sa gauche. Il était bien bâti mais semblait délibérément obstiné à cacher son visage. Comme elle. Était-il en cavale, comme elle également ? Il se dégageait de lui une sorte de puissance magique que Nymphéa ne sut définir. Elle semblait noire et dangereuse, un peu comme la malédiction qu'elle portait sur elle. S'agissait-il d'un membre de la garde de Haznard ?

Elle n'osait l'aborder mais ne cessait de lui jeter des coups d'oeil curieux. Finalement, un autre homme bien éméché vint s'installer à sa droite et elle oublia toutes possibilités d'engager la conversation avec son mystérieux voisin. Par contre, le gouffre qui venait de s'asseoir à côté d'elle semblait bien décider à communiquer avec elle.

- Hey ma p'tite dame, on s'connaîtrait pas, par hasard ?
- Je ne pense pas, non, répliqua-t-elle d'un ton cinglant. Veuillez me laisser, à présent. J'ai autre chose à faire qu'à discuter avec un énergumène dans votre genre.
- Ouuuuh, c'est qu'à mordrait presque la dame ! Grogna-t-il en riant et en l'attrapant par le cou, faisant presque tomber son capuchon et dévoilant un court instant son visage, mais tellement ivre qu'il n'y vit rien. Laisse-toi donc faire, ma p'tite ! J'te veux qu'du bien...

La colère montant en elle, son aura violacé s'épaissit de plus en plus, la Reine prête à coller une raclée à ce nigaud de première classe. Elle se retenait cependant, ne désirant pas mettre la taverne sens dessus, dessous. Elle le repoussa violemment, le faisant tomber de son tabouret et se mit debout, une main sur l'épée. Le gaillard se releva, aidé par quelques copains à lui et la jeune femme se dit qu'elle eut mieux fait de passer la nuit à la belle étoile et d'aller chasser le cerf plutôt que de venir ici. Sa longue chevelure rousse flottait légèrement sous l'effet de son pouvoir s'ouvrant peu à peu.

- C'est qu'elle se laisse pas faire, la pucelle ! S'exclama le maraud. On va bien s'amuser avec elle !

Tous les regards étaient tournés vers eux et ce que Nymphéa ne savait pas, c'est que ce grand bonhomme était venu avec son équipage et qu'il était en tête de celui-ci. Ce qui signifiait donc... qu'elle n'avait pas grande chance d'être laissée tranquille. Il en allait de la fierté de ce pirate sous les yeux de ses hommes qui ne valaient pas mieux que lui...

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Sujet: Re: La femme du Port d'Ambarnest [PV Nymphéa] Lun 12 Oct 2015 - 16:16

La soirée avançait plus vite que ne descendait le niveau de boisson dans le verre de Beraht. Il buvait lentement, laissant crépiter les bulles et la mousse de sa boisson sur sa langue. L’amertume était peu présente et la boisson n’était que faiblement alcoolisée. Il fut sorti de ses pensées par l’arrivée d’une femme qui vint s’assoir juste à côté de lui. Il ne fit pas vraiment attention à elle et replongea vite son regard dans son verre. Il arriva bien vite à la conclusion que quelque chose le dérangeait et l’empêchait de retourner dans l’état semi-conscient dans lequel il s’était plongé jusqu’alors. Il se sentait comme épié par sa voisine.

Il n’osa pas jeter un œil dans sa direction de peur de croiser son regard. Ce n’est qu’à l’arrivée d’un gros client qu’il osa tourner la tête vers la perturbatrice. La demoiselle faisait elle aussi partie de la fameuse confrérie des encapuchonnés anonymes. Une institution célèbre pour qui recherche l’anonymat et faisant fi des notions de bien et de mal. Selon toute vraisemblance, le gros et gras marin était conquis par les formes de son corps. Quant à elle, avoir la moindre relation avec cet inconnu n’était pas dans les objectifs de la soirée. Un frisson parcouru le dos du chevalier errant, quelque chose de surnaturel était à l’œuvre. Beraht observa la femme se débattre et faire tomber le gros. Il profita de cet instant pour se lever subrepticement et s’éloigner du bar à reculons, l’épée dans une main.

Il fit doucement le tour d’un poteau qui soutenait l’étage supérieur et continuait d’observer la scène. Le gros fut relevé, visiblement contrarié. Beraht eut de nouveau se frisson en observant la femme dont la chevelure était parcourue de mouvement tout à fait surnaturel. L’idée que la femme soit magicienne lui traversa l’esprit. S’il pouvait faire confiance à ce qu’il avait ressenti à coté d’elle, elle n’aurait sans doute aucun mal à se débarrasser d’une poignée de marins alcoolisé.

Il n’avait cependant pas prévu qu’un équipage entier était venu se rassembler dans la même taverne et que celui-ci semblait prêt à laver un affront fait à leur capitaine. Il vit là une bonne occasion de s’amender et de faire une bonne action. D’un mouvement brusque il fit s’envoler le vieux fourreau troué dans lequel son épée était rangée. Profitant du détournement d’attention, il réduisit la distance qui le séparait du capitaine et arrêta son épée juste sous l’entrejambe du pirate. Elle n’avait presque plus de tranchant mais elle ferait suffisamment d’effet pour que le pirate se ravise. Du moins c’est ce que Beraht espérait. Il le fixait avec insistance, écoutant les réactions de la foule.

« Il serait sage de passer l’éponge. Je n’aimerai pas être forcé d’abimer vos bijoux de famille… »

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La femme du port d'Ambarnest

La jeune Reine déchue comprit alors que le bougre n'était pas seul et intensifia son aura de flux. Habituellement, le flux se montrait d'un bleu intense mais celui de Nymphéa, sans doute à cause de sa malédiction, prenait toujours une couleur violacée plutôt ténébreuse et opaque. Son regard hémoglobin lançait des éclairs et l'homme en face d'elle fit craquer ses poings. Mais avant qu'elle n'ait eu le temps de faire quoi que ce soit, un mouvement en retrait d'elle attira son attention.

Son voisin de bar venait de sortir l'épée à son côté et se dirigeait vers le centre de la bagarre. Méfiante -c'était un membre de la fameuse confrérie des encapuchonnés anonymes tout de même !-, elle recula d'un pas, se préparant à combattre mais, contre toute attente, l'homme vint menacer la virilité du capitaine de navire. Surprise, la jeune Elfe resta bouché bée. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas vu quelqu'un essayer de la défendre et cela la mettait un peu mal à l'aise. Le marin sembla perdre patience mais n'osait sans doute pas se défendre, de peur de voir son truc y passer dans un mauvais mouvement.

- Occupe-toi d'tes affaires, mon gars, lança-t-il avec une certaine méfiance. Cette donzelle va prendre ce qu'elle mérite et je te conseille de ne pas t'en mêler si tu ne veux pas avoir de problèmes.

Il fit alors un geste discret que Nymphéa perçut du fait de sa position reculée vis-à-vis de son noble voisin de beuverie. Elle fronça les sourcils et vit alors que les hommes du marin sortaient leurs armes. Avant qu'ils n'aient pu faire quoi que ce soit, la Reine déploya sa magie en vagues de flux contrôlées et renversa les gaillards qui restèrent abasourdis sous une telle puissance de frappe. Ne restaient plus debout que son humble chevalier sauveur et le maraud qui avait osé l'aborder. Elle préférait lui laisser le champ libre de l'aider. Après tout, cela avait quelque chose de bien grisant d'être parfois défendue comme n'importe quelle jouvencelle en détresse !

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Sujet: Re: La femme du Port d'Ambarnest [PV Nymphéa] Jeu 15 Oct 2015 - 15:21

Le détournement d’attention semblait avoir fait son effet et n’avait couté à Beraht que son fourreau d’un état fort médiocre. Un bon point pour lui. Il tenait fermement la poignée de son épée qu’il prenait plaisir à tenir appuyé contre les organes du pauvre homme. Il avait autrefois été dans la même situation et Beraht vacilla le temps que dura sa pensée. Espérant que son absence n’ait pas été remarquée, il prit une voix forte et assurée pour ajouter de la crédibilité dans ses paroles. Rien ne serait plus embêtant que l’équipage découvre que non seulement il avait frissonné à la pensée des démons mais qu’en plus sa main tenait un morceau de fer qui, disons-le, était véritablement merdique.

« La dame ne mérite rien d’autre que de finir son verre et partir d’içi en paix. Et en ma compagnie si elle le souhaite. Il en va de ta progéniture…»

Il s’interrompit, sentant dans son dos quelque chose de surnaturel. Beraht avait été bien trop occupé à rester concentré qu’il n’avait pas vu le geste du marin à son équipage. Il n’avait entendu que le son de l’acier tiré au clair avant de sentir une magie obscure déferler dans son dos. Cette fois ce fut plus qu’un frisson qui lui parcouru l’échine. Le chevalier sursauta et ramena instinctivement la tête dans les épaules. L’épée qu’il tenait vint taper fermement dans les baloches du gros porc qui fit de grand geste –plus de surprise que de douleur- et s’écarta de l’arme.

Tout l’équipage était à terre. Ne restait que Beraht, le marin qui se tenait toujours les bourses et la mystérieuse magicienne. L’équilibre avait basculé en leur faveur mais pas pour très longtemps. Un mal pour un bien, la magie venait de leur donner l’avantage mais tout le monde réaliserait bientôt que : De un, l’épée du chevalier n’était qu’un morceau de ferraille. De deux, qu’un équipage contre deux personnes ça laissait plutôt présager l’émasculation et la mort –si possible pas dans cet ordre- pour Beraht et le viol en réunion dans une ruelle sombre pour la demoiselle. Une seule option s’imposait : La fuite.

« Filons d’içi ! »

Avec un grand geste il se précipita pour attraper la main de la jeune femme et la tirer vers la sortie. Il ouvrit la porte avec violence et précipitation. Son épaule protesta mais l’adrénaline lui rabattit le caquet. Devant lui, un cheval. Parfait. Il s’emmêla presque les doigts pour défaire les liens de l’animal alors qu’il demandait à sa complice de grimper dessus à sa suite. Pas question de courir dans la rue se sans trop savoir où aller. Que faire si au détour d’une rue on se retrouvait dans un cul-de-sac, coincé avec leurs poursuivants ? Le cheval était une bien meilleure idée. Sauf qu’il n’y en avait qu’un.

Derrière lui des bruits se faisaient entendre, les autres gars se relevaient et étaient surement en train de ramasser leurs épées… Ils n’avaient pas d’autre choix que de partager le cheval ou affronter leurs opposants !

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La femme du port d'Ambarnest

La jeune Reine dont les yeux flamboyaient sous l'effet du flux... fut interrompue par l'inconnu qui l'attrapa par le bras pour la traîner hors de la taverne. Ah celle-ci, elle ne s'y attendait pas. Elle le regarda se battre avec la lanière de SON cheval et laissa apparaître un sourire. En effet, la jeune dame était on ne peut plus calme. D'un geste souple, elle sauta sur le dos de son étalon et attrapa le bras du guerrier pour l'attirer devant elle. Les marins braillaient comme des ânes derrière eux alors qu'elle laissait son "sauveur" prendre les rênes. Elle émit alors un long sifflement et n'eut pas longtemps à attendre avant de voir son Shadden pointer le bout de son nez. Ce dernier courut en sens inverse d'eux et joua des rumeurs maudites concernant son espèce en montrant les crocs aux marauds.

Elle s'accrocha d'une main à l'inconnu, l'autre posée sur sa propre poitrine tandis que sous l'effet de l'air, son capuchon tombait sur ses épaules, révélant sa longue chevelure flamboyante. La grande Elfe éclata alors de rire, chose plutôt rare chez elle. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas passé une soirée aussi excitante et amusante !

- Messire, je ne sais pas qui vous êtes mais... vous pourrez vous vanter de m'avoir rendue la soirée extraordinaire ! Dit-elle en riant à nouveau.

Sa voix d'ordinaire si glaciale et si dure avait laissé place à un timbre beaucoup plus enjoué et autant dire que cela n'arrivait pas souvent non plus. Elle se retourna un instant pour voir où en étaient leurs poursuivants mais il semblait bien qu'ils les avaient semés.

- Je pense que nous pouvons nous arrêter, Messire. Ils ont cessé de nous suivre. Ajouta-t-elle d'une voix légèrement plus sérieux bien qu'un sourire habillait ses lèvres bleu foncé.

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Sujet: Re: La femme du Port d'Ambarnest [PV Nymphéa] Lun 19 Oct 2015 - 15:53

La jeune femme ne se fit pas prier pour sauter prestement sur le dos de la bête qui n’émit aucune protestation. Beraht jeta un bref coup d’œil vers la taverne avant de s’avancer vers le cheval où une bienheureuse main tendu l’aida à monter à son tour. Il allait donner un coup sur les rênes pour faire partir le cheval lorsque la dame siffla. Un son long et aigüe retenti dans l’obscurité de la ville et c’est alors qu’apparut devant eux une énorme bête. La vision figea le chevalier. La bête avait une forme de loup. Un loup de l’ombre. Beraht en avait entendu parler –jamais en bien- et resta pétrifier jusqu’à ce que le monstre les dépasse pour venir s’interposer entre eux et leurs poursuivants.

L’inconnue s’accrocha à lui et cela suffit à lui faire reprendre le cours de la réalité, il tira sèchement sur les rênes et donna un petit coup de talon pour faire partir le cheval au galop. Alors que le vent mettait fin à leurs anonymats en soufflant leurs couvre-chefs, la dame partit d’un grand rire. Beraht ne sut trop quoi penser. Il se concentra sur leur fuite tout en repensant à ce qui venait de se produire. Les pièces du puzzle s’emboitaient les unes après les autres. Les faits de cacher son visage, l’afflux magique qui avait renversé les marins… Que dire de l’appel du loup et de son rire ? Le rythme des pas du cheval diminua et Beraht le fit bientôt aller au trot. Elle rit de nouveau et le complimenta sur la soirée. Sur ses ordres, il s’arrêta et descendit bientôt de cheval.

Son instinct le fit reculer de deux ou trois pas, quelqu’un contrôlant un loup de l’ombre étant par défaut, quelqu’un dont il faut se méfier. Seulement, sa méfiance ne dura pas bien longtemps. Maintenant qu’ils étaient au calme, il pouvait posément observer sa fuyarde compagne. Il tomba d’abord dans son grand regard qu’encadrait sa magnifique chevelure. La femme était d’une grande beauté, tout aussi grande que la crainte et le doute qui électrisaient les méninges du chevalier à ce moment-là. Puis, la couleur des lèvres esquissant un sourire lui fit froncer un sourcil. Se pouvait-il qu’il venait de tomber sur une autre personne aussi maudite que lui ? Il hésita un instant.

« Une soirée en effet très peu ordinaire. Aussi peu ordinaire que nous… »

Une douleur le lança à la bouche. Il passa ses doigts sur ses propres lèvres bleutés. Elles étaient sèches à cause de la froideur du vent de la course et ses paroles avaient fait craquer la peau. Il passa le bout de sa langue pour les humidifier alors qu’il descendait son regard le long de son corps jusqu’à ses pieds où une autre étrangeté se présenta. La demoiselle marchait donc pieds nues. Tout faisait d’elle une bien étrange personne… Il décida d’attendre avant de porter un jugement.

« Je m’appelle Beraht. Oubliez le messire, je n’ai rien qui me donne ce titre. J’ai uniquement un nom de famille, peu ronflant. Alors appelez-moi simplement Beraht. »

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La femme du port d'Ambarnest

La jeune femme comprit bien vite que l'inconnu se méfiait grandement d'elle et cela, elle pouvait bien le comprendre. Ceci étant, elle aurait pu en faire autant car contre toute attente, son interlocuteur semblait toute aussi bleuté qu'elle. Enfin, c'était un peu plus particulier. Dans les ombres lumineuses des torches de la ville, elle pouvait distinguer que certaines parcelles de son visage étaient presque normales mais ce fut son regard qui la frappa le plus. L'un de ses yeux était normal tandis que l'autre semblait être celui d'un autre. "Aussi peu ordinaire que vous"... elle eut un léger sourire et répondit d'une voix étrange, mystérieuse.

- Aussi peu ordinaire que moi ? Je pense que pour l'originalité, vous faîtes fort aussi... Elle ponctua sa phrase d'un petit sourire taquin et ajouta, faisant une révérence très digne. Nymphéa Misty Twilight.

Elle laissa sa phrase se suspendre dans les airs afin de jauger de la réaction de l'inconnu. Après tout, il se pouvait qu'il la connaisse de réputation... mais selon celle dictée par le Nécromant et non pas celle que content les résistants et les Lendas. Sans laisser rien paraître, la jeune femme malaxa intérieurement son flux afin de pouvoir se défendre en cas de mauvaise réaction de la part du-dit Beraht. Son regard flamboyant ne cessait de le scruter, comme pour lire en lui et deviner ce qu'il pensait.

Nymphéa fut interrompue dans son effet grandiose - ou pas - par le retour de son Shadden. Celui-ci vint se frotter dans ses jambes, remuant la queue de droite à gauche avec un air tout fou. Sa langue pendait et il semblait faire la fête à sa maîtresse comme n'importe quel chien docile. La jeune Reine eut un sourire et n'eut pas besoin de se pencher lui gratter l'encolure tendrement, l'animal faisant deux fois la taille d'un canidé normal. Elle reporta son regard vers Beraht et se redressa légèrement pour reprendre sa prestance habituelle.

- Peut-être avez-vous déjà entendu parler de moi, acheva-t-elle enfin sur un ton à la limite entre le défensif et l'inquiétude. Par endroit, on m'appelle Le Démon, la Reine maudite et par d'autres, l'on pense que je suis une légende, une sorte de cavalière protectrice des Lendas.

Son compagnon touffu passait son regard de l'un à l'autre, renifflant joyeusement. Cela la rassura car si l'homme face à elle avait été un danger, Woody [euh bah oui, il s'appelle comme ton chat xD] lui aurait probablement déjà arraché la tête.

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[Mes excuses pour ce retard impardonnable]

Sujet: Re: La femme du Port d'Ambarnest [PV Nymphéa] Lun 23 Nov 2015 - 10:07

Beraht savait maintenant que la dame qu’il avait sauvée s’appelait Nymphéa. Enfin, il faudrait dire à moitié sauvée puisque pour être honnête, elle s’était à moitié sauvée elle-même. En face de lui se tenait donc Nymphéa, l’originale. Tout aussi originale qu’il était lui-même d’après elle. Il réagit à cette remarque en essayant de se couvrir un peu plus le visage, honteux de ce qu’il était. Sa capuche ne pouvait être plus tirée vers l’avant, ses efforts étaient vains. Il se dérida un peu en la voyant faire la courbette devant lui. Alors que sa main était prête à partir se saisir de son épée l’instant d’avant, il relâcha ses muscles.

Bien qu’il fasse sombre loin de la ville, la lune éclairait suffisamment pour que les interlocuteurs se distinguent. C’est alors que le loup entra en scène. Beraht distinguait clairement une forme très sombre à l’allure de loup se détacher de l’obscurité pour venir rejoindre les jambes de sa maitresse. Il sursauta dès que le loup entra dans son champ de vision et son image ne le quitta plus. Ses dents cliquetèrent l’espace d’un instant et il se mordit la langue. Un gout ferreux et fort acide lui remplit la bouche. Il voulut poser la main sur la garde de son épée dépourvue de fourreau et qui pendait maladroitement à sa ceinture. Celle-ci glissa lorsqu’il tenta se s’en emparer et vint tomber dans l’herbe humide de la nuit. Le chevalier recula, jaugeant la bête et tentant de prévoir le moment où elle lui sauterai à la gorge. Elle était véritablement monstrueuse.

Il s’interrompit. Nymphéa flattait l’animal comme si il avait été un simple chien. De plus le loup de l’ombre n’avait aucun signe d’un comportement sauvage ou même hostile. La maitresse du loup lui donna son surnom. Il ne connaissait ni démon ni Reine maudite mais cette histoire de protecteur lui rappela quelque chose. Bien qu’il ait entendu parler de cette légende sur un protecteur des caravanes, il en ignorait tout. Il y a parfois un fond de vérité dans les légendes du monde, et une de ces vérités se tenait devant lui. La belle commandait à la bête et ils protégeaient ensemble les Lendas. Mais comment avait elle fait pour domestiquer une telle monstruosité ? Beraht hésita et parla d’une voix fébrile.

« C… Comment faites-vous pour dompter un tel animal ? Il y a beaucoup d’histoire sur les bêtes de l’ombre et je n’en connais aucune qui les décrivent comme je le vois, là, devant moi. Est-il entravé par magie ? »

Beraht fit un pas en arrière et s’écorcha la main sur un buisson épineux. La clairière en était parsemée mais il n’y avait prêté aucune attention avant de s’y blesser, son esprit trop concentré sur son étrange rencontre de cette nuit et sur ce qui se tenait à quelques mètres. La bête remuait la queue et reniflait l’air d’un air innocent lorsqu’on entendit un petit sifflement. Quelques gouttes de son sang étaient tombés sur la lame de son épée et commençait à en ronger le métal. Il appuya bien vite sur la petite écorchure. Bénigne pour quelqu’un de normal, elle saignait bien plus chez le chevalier. Il se l’enserra dans un tissu déjà taché de sang.

« Vous avez parlé de Reine maudite… Du coté des malédictions, je m’y connais un peu… Etes-vous véritablement maudite Nymphéa ?»

Il avait parlé d’une toute autre voix que lors de sa précédente élocution. Cette fois une pointe de tristesse transparaissait dans ses propos.

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[Répondu d'une seule main ! Donc il se peut qu'il reste des fautes de frappe malgré ma correction, comme je suis un peu shootée o/ ]

La femme du port d'Ambarnest

À en juger par ses réactions, l'homme en face avait plus peur d'elle qu'elle n'avait peur de lui. Il était vrai que Woody pouvait impressionner lorsqu'on ne le connaissait pas mais il n'était pas un Shadden exactement comme les autres, comme elle, il était un rebut de sa propre meute, une erreur de la nature, quelque chose qu'on jette parce qu'on en a honte. Elle prit place sur un rocher, croisant ses longues jambes et laissa son Shadden se coucher à ses pieds. Elle n'était pas franchement surprise par toutes les questions du jeune inconnu et haussa légèrement les épaules.

- Wood est un Shadden rejeté par sa mère. En effet, les Shadden ont tous un masque en os sur le crâne mais lui ne l'a pas et ce, depuis sa naissance. Estimant qu'il ne survivrait pas, sa mère l'a abandonné et c'est moi qui l'ai sauvé et élevé. Dans vos "histoire sur les bêtes de l'ombre", aucune ne mentionne que lorsqu'un Shadden se prend d'affection pour un humain et devient son familier, il le reste au péril de sa propre vie ? Ajouta-t-elle d'une voix un peu fraîche. Je n'aime pas franchement ces histoires abracadabrantesques sur les créatures que l'on dit dangereuses sous prétexte qu'on ne les connait pas et que l'humain ne sait pas les apprivoiser.

Elle se pencha légèrement en avant pour attraper l'épée du chevalier et la lui rendre. Mais avant cela, elle l'examina, tout en continuant de parler.

- Quant à moi, oui, je suis maudite. Depuis bien longtemps maintenant. Si je m'énerve, je deviens une petite créature démoniaque aux pouvoirs bridés alors je dois sans cesse garder mon calme pour garder cette apparence presque normale, continua-t-elle d'une voix plus froide encore. Pensez-vous réellement que je ressemblasse à ceci lorsque je suis née ? Avez-vous déjà vu pareil elfe auparavant ? J'en doute fortement. J'étais Reine autrefois et l'on m'a volé mon trône. Mais dites-moi...

Elle porta enfin son regard vers lui en tendant son arme pour qu'il puisse la récupérer.

- Quel genre de brêteur êtes-vous pour prendre si peu soin de votre arme ? L'état de la lame est déplorable, comment comptez-vous sauver une jouvencelle en détresse (comme moi) avec une épée aussi abîmée ? Ajouta-t-elle avec un petit sourire à la fois moqueur et charmeur. Et cessez de vous inquiéter, si je vous avais voulu du mal, il y a bien longtemps que j'aurais pu lancer Wood sur vous. Parlez-moi de vous, Beraht. Vous m'intéressez beaucoup.

Nymphéa garda sa phrase en suspend tandis qu'elle ne cessait de le fixer et de le jauger du regard, des pieds à la tête et inversement. Non, elle n'était pas en train de le dévorer des yeux mais quelque chose lui trottait dans la tête. Il semblait être un bon gaillard bien que son arme soit à jeter... Il semblait que ce Beraht au "nom peu ronflant" lui cachait des choses d'une importance capitale pour la jeune Reine en marche contre le Nécromancien.

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Sujet: Re: La femme du Port d'Ambarnest [PV Nymphéa] Sam 23 Jan 2016 - 20:30

[Pas de problème !]

Le chevalier se dérida en entendant la reine maudite lui raconter l'histoire de son loup de l'ombre. Dans la nature sauvage les plus faibles et les trainard faisait souvent une proie de choix pour leurs prédateurs. Les troupeaux avaient appris à sacrifier leurs maillons faibles pour survivre. Ainsi en avaient-ils surement juger le petit pour l'abandonner. Beraht regarda le shadden couché aux pieds de sa maitresse. Il aurait bien tenté de le caresser si sa main ne nécessitait pas une si grande attention. Il resserra la pression du tissu sur la coupure pour endiguer le saignement. Il fit un nœud de fortune tandis que la reine ramassait sa vieille épée.

Elle l'observa tout en continuant de lui raconter son histoire. Elle le renseignât sur sa malédiction ce qui le fit repenser à la sienne. Finalement elle lui tendit son arme.

" On vous a volé votre vie, nous somme deux dans ce cas..."

Il prit son épée de sa main valide et la posa contre un rocher avant de s'assoir à coté d'elle. Il était clair qu'elle ne représentait pas une menace pour lui et qu'en plus, ils avaient surement d'autres points en commun. Beraht reprit:

"J'ai reçu une nouvelle vie il y a peu et mes affaires sont tout ce qu'il me reste de ma vie précédente. Elles sont le parfaits reflet de ce qu'elle était avant que je prenne la fuite."

"J’étais dans l'armée qui a combattu devant et par delà le portail d'Ether. Les démons m'ont garder en vie après notre défaite. Ce jour là j'aurai voulu mourir sur le champs de bataille comme tant d'autre... Mes souvenirs sont flous par la suite. J’étais comme une sorte de gladiateur, d'esclave ou d'expérience pour leur shamans, leurs mages... L'un ou l'autre ou peut être tout en même temps... Il y avait des tubes, des potions et beaucoup de sang."

Les mains de chevalier commencèrent à trembler. Sa vision se brouilla un instant avant qu'il ne se passe la main sur le visage pour chasser ses peurs. Il essuya ses yeux et voulu prétexter le vent mais il n'aurait trompé personne. Il saisit sa capuche et la rejeta vers l'arrière pour qu'elle puisse voir son visage. Il défit le nœud qui tenait le haut de son tabard.

"Je porte aussi une malédiction, un Huna. J'ai fait des choses qui ne me permette plus de porter le nom d'Homme. Mon corps change, je vois mes cheveux devenir plus pâle et le poison qui coule dans mes veines donne progressivement cette teinte à ma peau. Mon sang est une arme mais à chaque blessure je risque de perdre une grosse quantité de celui ci, entrainant ma mort... C'est un miracle que je soit parvenu jusqu’à Londë en vie et là bas les habitants m'ont accordé une seconde vie... J'ai une armure brisée et une vieille épée rouillée parce que je suis moi aussi rouillé et brisé."

Il se tut, en ayant beaucoup révélé à une quasi inconnue. Il espérait au fond de lui se tromper sur son propre compte. Il souhaitait ne pas être totalement perdu dans ses désirs de violence que les démons avaient imprimé en lui. Il ne voulait plus se livrer à l'ivresse du carnage et de la boucherie sauvage. Son vœux était de redevenir humain. Y parviendrait il un jour ? Peut être, il voulait seulement ne pas perdre espoir.

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[Je vais tenter de reprendre un rythme correct à présent que ma main est en phase de guérison. Je suis sincèrement désolée pour les temps d'attente...]

La femme du port d'Ambarnest

La jeune Elfe fut légèrement interloquée par la première phrase de l'homme qui vint s'asseoir à son côté. Le voyant poser son arme, elle comprit qu'elle avait réussi à gagner sa confiance. Elle se détendit à son tour, l'écoutant avec une attention toute particulière. Son regard d'hémoglobine restait fixé sur Beraht, intrigué par les choses qu'il lui contait à présent. Il sembla ému, par un moment mais Nymphéa ne releva pas et se contenta de tourner les yeux vers le ciel d'un noir d'encre. Elle ne souhaitait pas l'embarasser.

Quand il commença à décrire les changements de son corps, la jeune femme l'observa de plus près. Il avait dégager son visage et l'on ne pouvait ignorer qu'effectivement, celui-ci était marqué d'une terrible malédiction. Alors que d'autres auraient sans doute pris peur ou auraient été repoussé par cet aspect, les traits de la Reine s'adoucirent en une expression remplie de compassion. Non, aucune pitié, juste de la compassion car elle ne pouvait que comprendre ce qu'était la vie lorsque l'on se trouvait ainsi marqué par le mauvais sort.

De nouveau, sa curiosité fut titillée par les mots du jeune chevalier errant. Son sang, une arme ? Voilà qui devenait on ne peut plus intéressant pour les projets de la maudite. Elle attendit qu'il eut fini avant de se redresser, un sourire aux lèvres.

- Ma foi, je ne puis que comprendre votre errance, Beraht, dit-elle alors sur un ton prudent, ne voulant en aucun cas le brusquer. Par ailleurs, ce sang dont vous parlez... En quoi est-il une arme ? Vous m'intéressez de plus en plus, mon brave et je pense que tous les deux, nous allons avoir énormément de choses à nous dire.

Sur ces mots, elle se releva lentement et lui tendit une main aux doigts fins et bleutés. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire respectueux et presque, je dis bien presque, chaleureux. Aussi chaleureux que pouvait l'être cette femme de caractère et d'orgueil. Par ce geste, elle voulait créer un premier lien avec ce jeune homme qui, semblait-il, avait besoin de retrouver la chaleur humaine sous n'importe quelle forme que ce soit. De ce qu'elle avait cru comprendre, il ne se sentait plus humain et à son instar, souhaitait redevenir l'homme qu'il était auparavant.

- Mais avant cela, je vais vous offrir le verre que vous n'avez pu finir par ma faute... en remerciement de votre aide et en prévision de l'alliance que je compte vous proposer...

Avec son air des plus mystérieux et son sourire quasiment ensorceleur, elle se dirigea vers son cheval et laissa planer dans l'air la dernière partie de sa phrase, espérant attiser suffisamment la curiosité du jeune homme pour qu'il la suive. Elle connaissait une taverne où elle allait souvent et où les gérants étaient de son côté. C'était là qu'elle menait ses opérations de recrutement dans sa lutte contre Haznard. Et elle espérait bien enrôler Beraht dans son mouvement de révolte...

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Beraht avait gardé le regard baissé tout au long de son élocution. Il regardait sa main et le bandage dont les fils commençaient à s’effilocher par endroit, là où son sang si acide avait commencé à ronger les fibres. Son regard devint vide de vie et il laissait vagabonder son esprit. Ce n’est que lorsque Nymphéa se releva qu’il revint à lui, se concentrant sur les paroles de la jeune femme. Alors qu’il allait lui expliquer plus en détails se dont était capable son sang, elle se lui tendit la main.

Il se figea l’espace d’une seconde avant de lever la tête vers elle pour y voir un sourire éclairer le visage de la reine déchue. Il esquissa également un sourire pour lui montrer qu’il acceptait de continuer cette conversation avec elle. Il leva sa main valide pour saisir délicatement les doigts de la reine avant d’y apposer ses lèvres. Le geste fut bref mais il emplit Beraht de chaleur humaine qu’il n’avait pas ressentie depuis des lustres. Cela le faisait se sentir de nouveau comme un vrai chevalier.

Il l’a regarda retourner à son cheval. Il se saisit de son épée et fit en sorte qu’elle tienne à sa ceinture. Les quelques pas qui le séparait du cheval suffirent à renouer son tabard et à rabattre sa capuche sur sa tête. Il caressa la crinière de l’animal et entreprit de passer les étriers. Il aida Nymphéa à monter à cheval comme elle l’avait aidé lors de leur fuite du débit de boisson au bord du lac d’Ambarnest. La monture gratta le sol et commençait à avancer lentement. Il songea un instant au fait de chevaucher à deux sur le même cheval. Bien qu’il ne fasse aucun doute que le cheval de Nymphéa soit suffisamment costaud pour les porter, il faudrait qu’il se trouve également une monture si dorénavant ils arpentaient le même chemin…

« Je vous remercie pour tout à l’heure, ouvrir son cœur à quelqu’un permet de soulager le poids que doivent porter les âmes comme les nôtres. J’ai le sentiment que l’alliance que vous avez évoqué pourra mener à de grandes choses. Vous avez quelque chose derrière la tête et je vous aiderais du mieux que je le pourrais. Indiquez moi la direction à suivre pour que nous puissions prendre se verre ensemble ! »

Il fit s’arrêter lentement le cheval avant de regarder la lune qui éclairait la vallée autour de la ville. Le paysage était somptueux et le bretteur semblait s’en apercevoir pour la première fois. Il prit une grande inspiration et lança le cheval dans la nuit.

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La femme du port d'Ambarnest

La jeune femme le vit prendre sa main et y déposer un baiser. Un peu surprise car l'on n'avait pas eu ce comportement avec elle depuis bien des années, elle se mit à rougir légèrement. Heureusement qu'il faisait sombre car autrement, elle aurait perdu toute crédibilité ! Alors qu'elle lui avait tendu la main pour l'aider à se lever, ce parfait inconnu (ou presque désormais) venait de lui offrir une grande marque de respect à l'égard de sa personne. Son sourire s'accentua néanmoins et elle l'écouta silencieusement tandis qu'ils remontaient sur Night pour aller tranquillement vers l'auberge qui se trouvait à deux pas de sentier où ils s'engageaient.

Nymphéa scrutait la nuit, méfiante car les ombres que projetaient la lune ne lui disaient rien qui vaille. Cela donnait un côté lugubre au spectacle qui, si elle n'était pas si recherchée, l'aurait sans nul doute émerveillée. Elle remit son capuchon pour se couvrir le visage et dressa l'oreille. Or, son loup semblait aussi détendu que son compagnon de route, signe qu'il n'y avait rien à craindre en cet instant. Elle inspira profondément, essayant de se détendre malgré ses appréhensions.

- Cette allliance pourrait bien vous faire prendre peur, Beraht. Elle ne sera pas anodine.

Sans ajouter quoi que ce soit, elle laissa le silence planer jusqu'à ce qu'ils arrivent à la taverne, un souffle de vent plus tard. Elle sauta à terre avec aisance, ses pieds nus embrassant l'herbe humide de rosée puis caressa l'encolure de sa monture en lui murmurant de l'attendre sagement là. Wood alla gambader plus loin et d'un sourire, Nymphéa invita Beraht à la suivre dans l'enceinte de la petite taverne. D'aspect miteux, la bâtisse n'était pas bien grande et se présentait sur deux étages. Les petites fenêtres diffusaient une lueur chatoyante, donnant un côté accueillant à cet amoncellement de pierres vétuste.

L'intérieur n'était pas moins chaleureux. Des tables et des chaises remplissaient l'espace et bien qu'il soit tard, elles étaient pour la plupart déjà occupées. Lorsqu'elle entra, Nymphéa entendit le son des voix s'atténuer jusqu'au silence le plus total. Elle s'arrêta à l'entrée, sous les regards interloqués des personnes présentes. Négligemment, la jeune femme croisa les bras sur sa poitrine avec un air de défi mais avant que les hostilités n'aient pu s'ouvrir, une femme bien en chair se dirigea droit sur elle, bras grands ouverts.

- Nymphéa ! Quel plaisir de te revoir ! Lança-t-elle d'une voix claire et forte en lui faisant une accolade pleine d'amitié. Tu ne nous as pas honorés de ta présence depuis des lunes, très chère !

Aussitôt que la gérante eut parlé, tout le monde se remit à discuter et manger tranquillement sans plus prêter attention à la jeune Reine qui se relâcha, décroisant les bras avec un sourire pour Janna, la dame bien en chair qui venait de les accueillir joyeusement. C'était une petite femme replète à la chevelure rousse et flamboyante. Ses yeux d'émeraude pétillaient de malices et son visage rond et souriant rendait confiant quiconque la regardait. Sa robe était assortie à son regard et mettait en valeur ses courbes très voluptueuses. C'était une femme de caractère et Nymphéa l'admirait énormément. Ancienne Lendas, la gérante avait pris cette taverne pour abriter les siens lors des périodes hivernales mais son caractère jovial l'avait rendue plus connue et tous ceux qui avaient besoin d'un refuge venaient se cacher chez elle.

- Bonsoir Janna, nous venons boire un verre et possiblement prendre une collation. Nous devons parler... affaire... Ajouta-t-elle avec un regard entendu.

Janna eut un sourire malicieux à l'entente du dernier mot de Nymphéa et se tourna vers Beraht, l'observant des pieds à la tête. Son regard revint vers la Reine et elle lui fit signe de la suivre jusqu'à une petite table dans un coin, un peu éloignée des autres.

- Je vous apporte deux pintes et deux plats du soir. Asseyez-vous, je reviens immédiatement !

Sur ces mots, elle repartit rapidement en cuisine. Lentement, Nymphéa prit place en face du jeune bretteur et croisa ses doigts sous son menton. Elle n'allait pas y aller par quatre chemins car ils n'avaient pas le temps de palabrer dans le vent. Son regard hémoglobine scruta longuement le visage camouflé de Beraht. Dans un premier geste d'égal à égal, elle défit sa propre capuche, révélant ainsi son minois bleuté et sa longue chevelure de feu.

- Vous pouvez vous découvrir ici, vous ne risquez rien. C'est l'endroit le plus sûr de la région, dit-elle avec un sourire encourageant. Tant que vous êtes avec moi, ici, personne ne viendra vous bousculer.

Au même moment, Janna revint avec deux belles assiettes bien garnies de sanglier avec des pommes de terre et deux énormes pintes de leur meilleur hydromel. Nymphéa attendit qu'elle s'éclipsasse de nouveau avant de reprendre.

- Bien. Nous n'allons pas tourner autour du pot inutilement. J'ai besoin d'hommes, de guerriers, de personnes qui sont prêts à risquer leur vie dans une bataille qui s'annonce inégale, difficile et peut-être bien inutile... mais elle sera sous mon commandement et je ne laisserai personne mourir en vain. Or, vous, vous m'intéressez et je désirerai que vous rejoigniez mes forces dans cette guerre.

Elle marqua une pause pour boire une gorgée d’hydromel et laisser le temps à son interlocuteur d'avaler les phrases peu rassurantes qu'elle venait de prononcer.

- Je suis Nymphéa Misty Twilight, la Reine déchue du Pays de la Désolation. Haznard, la liche aux pouvoirs aussi noirs que ses desseins a tué mes parents et prit mon trône après m'avoir maudite. Aujourd'hui, les gens de mon peuple me croient morte et traîtresse de ma patrie. Quelques rares continuent de me rechercher et d'autres espèrent qu'on vienne les délivrer du joug diabolique de ce monstre. J'ai eu l'occasion de revenir sur mes terres récemment et il s'avère qu'une résistance s'effectue pour lutter contre le mage noir. Hélas, il détruit et tue nombre de mes sujets pour ses expériences contre nature... ses sourcils s'étaient froncés et ses mots devenaient de plus en plus froids et cinglants sous la colère des actes de Haznard. J'avais perdu espoir quand une jeune femme est venue me trouver. Elle m'a promis sa vie pour que je reprenne mon trône et je lui ai juré de tout faire pour y parvenir. C'est pour cette raison que je recrute des personnes qui pourront m'aider à reprendre mes terres et à sauver les miens. Je ne recrute pas n'importe qui. Je cherche des personnes de talent... et vous. Vous, je vous veux dans mes rangs contre cette immonde créature du néant.

Son regard pénétrant n'avait pas lâché d'une seconde le visage de Beraht et sa voix déterminée n'avait pas cillé tout au long de son monologue. Elle était claire et ne souhaitait rien lui cacher. Chaque personne qui s'engagerait avec elle devait savoir ce qui l'attendait et pourquoi il le faisait. Elle posa ses lèvres sur ses doigts joints et un imperceptible sourire se dessina sur ses lèvres. Elle avait beau être maudite et d'apparence étrange, en cet instant, une aura farouche et presque magnifique émanait d'elle. Sa détermination dans la reconquête de son Royaume était sans faille.
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Les sabots du cheval de Nymphea rythmaient leur voyage dans la nuit. Comme il lui fut indiqué, l'auberge n’était pas très loin, aussi le voyage fut de courte durée et uniquement interrompu par la mystérieuse phrase que la jeune femme lui avait laissée entendre. L'auberge en vue, Berhat tira légèrement sur les rênes pour faire ralentir l'animal. Le chevalier démonta et fut invité par un simple sourire tout aussi charmant que les précédents.

Il passa la porte en dernier, non sans avoir scruté une dernière fois l'obscurité de l'extérieur. Comme si en entrant dans la bâtisse il allait signer un contrat invisible qui le lierai à jamais son destin à celui de cette femme. Nymphea avait pourtant réussi à réveiller en lui un peu du chevalier qui se respectait suffisamment pour donner corps à des paroles et des promesses... Non il n'allait pas renoncer maintenant, sa fuite était terminée. La lumière et la chaleur de la salle l’accueillirent. Et le silence...

Ses pupilles s’étrécirent pour s'habituer à la lumière et ses doigts se resserrèrent sur la poignée de son arme. Ce n'est qu'en entendant les coups de voix de ce qui se révéla être la gérante de l’établissement qu'il se dérida un peu. Il était toujours bien trop nerveux... Beraht sourit et baissa la tête pour la saluer Janna lorsqu'elle se tourna vers lui. Elle les conduisit à une petite table un peu à l’écart.

Le chevalier scrutait subrepticement le visage des autres clients de la taverne à l'affut d'un geste, d'un regard, enfin de quelques choses qui pouvait mener à des problèmes. Janna semblait être une bonne vivante et une amie de Nymphea aussi ne voulait-il pas que du mobilier soit cassé comme en début de soirée... Quel ne fut pas sa surprise que de voir Nymphea se découvrir aussi facilement. Il se sentait soudain en désespoir de cause, ne sachant que dire, n'osant lui même pas retirer sa capuche. Il voulut ouvrir la bouche mais seul quelques balbutiements en seraient sortit.

Encore un sourire et des paroles rassurantes, puis les plats furent sur la table. Beraht s'écarta mais garda son visage couvert. Nymphea lui raconta alors plus en détail son histoire ainsi que les tenants et aboutissants de son plan pour recouvrer son trône. Beraht ne cligna pas des yeux tout au long de son monologue, le regard plongé dans les prunelles rouges de la reine. Les émotions de la reine se succédaient sur son visage alors que seul la détermination habitait son regard. Beraht reconnu là un véritable regard souverain.

"Nous nous sommes pour la première fois rencontré ce soir même. Cela ne fait que quelques heures à peine et pourtant vous avez aperçut en moi quelque chose que j'avais oublié depuis longtemps. Je suis brisé, aussi dangereux pour moi même que pour la personne qui voudra ramasser les morceaux de mon âme. Il faut le dire, je suis une vrai épave. Et vous me faites suffisamment confiance pour m'avouer vos désirs de reconquête."

Beraht ne purent alors soutenir le regard de la reine. Ses yeux se voilèrent, soudain assaillit par ses souvenirs. Il calma les tremblements de ses lèvres et de ses mains, se saisit de son verre et but une gorgée du breuvage sucré. Il essuya une larme puis posa ses mains sur la table, paumes vers le haut. Il ne plongea plus son regard dans celui de Nymphea et son contenta de fixer tantôt ses fines épaules, tantôt ses doigts délicatement entrelacés.

"Vous avez rallumé en moi un feu que je croyais éteint. Un feu que j'avais éteint moi même... J'essaye ici de vous exprimer mes craintes... Si je n'ai pour moi même que de la crainte et du mépris, je n'ose penser que votre détermination ne se transforme un jour en vengeance.

La peur s'empara d'abord de moi. J'ai couru pour y échapper mais elle ne me quittât jamais. Ensuite vint la haine et avec elle un choix. Le choix de la diriger contre quelqu'un d'autre. Un responsable de mon état que j'aurais pu blâmer pour tout ce que j'avais fait. Mais il n'y avait personne d'autre à blâmer que moi... C'est ce qui m'a 'sauvé' de la vengeance. A la place je suis devenu un poison pour moi même..."

C'est assurément la vérité qui faisait à cet instant rouler des larmes sur les joues sales du chevalier maudit. Il releva lentement les bras et bascula sa capuche en arrière.Il regarda la reine. Des larmes sombres coulaient de ses yeux jaunes et noirs. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire. Il signait là le contrat que le lierai à elle. Il se surprit à laisser échapper un rire. De joie ?

"Vous avez partager un peu de votre chaleur avec ma personne alors que nous étions des étrangers. Vous me donnez une autre image de moi. Je me battrais pour vous, à vos cotés et jusqu'au bout. Je vous aiderai à reprendre votre trône et à ne pas sombrer dans la vengeance... Nous mangerons, parlerons plus en détails de l'usurpateur mais...Je vais faire quelque chose que je n'ai pas fait depuis fort longtemps..."

Il se leva de table et défit prestement le médiocre nœud qui tenait son épée à sa ceinture. Il posa genou à terre et baissa la tête. Sa lame émoussée, tachée de sang séché et de rouille portée à bout de bras et présentée à Nymphea...

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La femme du port d'Ambarnest

La jeune Elfe ne cillait pas et écoutait avec une attention toute particulière les mots de son interlocuteur. Celui-ci sembla touché, ému aux larmes qu'elle lui accordasse sa confiance aussi promptement. Mais Nymphéa avait un bon instinct et au fond d'elle, elle sentait que ce jeune homme au passé tortueux, à l'instar du sien, serait l'un de ses plus fidèles guerriers dans cette bataille. Lorsqu'il se mit à rire, elle sut qu'elle venait de remporter son pari culotté et lui rendit un sourire triomphant. L'homme se leva alors, à sa grande surprise et la jeune Reine le vit s'agenouiller devant elle, lui promettant allégeance en portant son épée vers elle.

Gênée car néanmoins plus habituée à ce genre de comportement à son égard, la jeune femme se leva à son tour et posa un genou à terre devant lui. Ses deux mains vinrent se joindre à celles du guerrier maudit et un sourire à la fois embarrassé et amusé se dessina sur ses lèvres. D'une pression douce, elle lui fit baisser l'épée pour que celle-ci se trouvasse entre leurs deux visages.

- Beraht, je vous remercie. Du fond du coeur, murmura-t-elle doucement, franchement touchée par l'élan de solidarité venant du guerrier solitaire. Mais remettons à plus tard ces cérémonies pompeuses qui m'ennuient et... mangeons ce bon sanglier qui n'attend que nous...

Elle se mit à glousser lorsqu'elle se rendit compte qu'ils avaient l'air fin, tous les deux ainsi agenouillés sur le sol de la taverne sous les regards ahuris et curieux des autres personnes autour d'eux. Elle se redresse lentement, comme une ombre, reprenant toute sa prestance et jetant un coup d'oeil à leur public qui se hâta de regarder ailleurs tandis qu'à nouveau, elle tendait une main à Beraht pour l'aider à se relever.

Il lui était difficile de camoufler son émotion devant la dévotion de son interlocuteur et elle passa discrètement une main sur sa joue pour chasser une larme fugueuse. Nymphéa était du genre trop orgueilleuse pour accepter de se montrer ainsi en position de faiblesse face à une personne qu'elle devrait mener à la guerre... ou pire encore, à la mort. Elle se devait de se montrer digne de son engagement. Qu'était une Reine qui se mettait à pleurer dès qu'un guerrier lui promettait sa vie ?

Nymphéa revint à table et les joues encore un peu rosies de tout cela, fixa son interlocuteur de plus près. À la lumière de la taverne, son visage semblait encore plus marqué que dans la pénombre des plaines. Elle ne trouvait pas cela moche, c'était simplement étrange, tout comme elle était, elle. C'était sans doute cela qui faisait qu'elle lui avait accordé sa confiance. Ils étaient semblables tous les deux. Aussi errants, aussi maudits, elle ne pouvait que le comprendre.

- Vous serez bien évidemment récompensé de votre service envers le Royaume de la Désolation. Sans doute Haznard aura-t-il dilapidé tout l'or de la couronne mais il y a des prix bien plus précieux que l'argent et ce sera une récompense de ce genre. Qui sait, peut-être trouverons-nous dans les recherches morbides de ce fou furieux un moyen de vous sauver de votre malédiction ?
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Sentant la pression sur son épée, il releva lentement la tête jusqu'à confronter leurs regards. Son visage s'illumina d'un sourire quand elle se mit à glousser. Ses propres épaules commencèrent à se mouvoir sous le coup d'un rire qu'il tentait d’étouffer. Il plaça sa main dans celle de Nymphea et se releva pour observer l'auditoire avant de se racler la gorge. Il s’était donné clairement en spectacle... Mais sous le coup des émotions, lorsqu'en cet instant elles déferlent en vous comme un raz de marrée qui emporterai tout vos barrages de pudeur et de bienséance, difficile de résister.

Il reposa son épée contre la banquette en bois sur laquelle il se rassit. Encore ému par leur échange, il essuya ses joues mais ne réussit qu'à étaler la poussière qui les recouvraient. Décidément, il n’était vraiment pas présentable pour diner avec une Reine, fut elle déchue. Il regarda son assiette avec envie. Le plat, encore fumant, dégageait une odeur des plus alléchante. Beraht n'avait pas fait un bon repas depuis longtemps. Constamment sur les routes, il remplissait sa bourse en acceptant de menus travaux ici et là... Il avait été chasseur, pêcheur, menuisier, forgeron... Il s’aperçut que Nymphea continuait de le regarder. Elle lui parla de rétribution.

"Je suis loin des préoccupations pécuniaires. Recevoir une somme d'or ne m’intéresse pas de toute façon. J'accepte de vous accompagner pour vous et non pour la promesse d'une rente, de terres ou d'un titre... Par contre..."

Il s’interrompit. La mention des recherches d'un nécromancien qui faisait des expériences sur les corps de pauvres victimes désœuvrés, s'adonnant à des mutations forcées dans un but obscure rapprochait Haznard des anciens tortionnaires du chevalier. Il leva machinalement une main vers les stries et les marbrures bleutées qui remontaient sur sa joue. Pouvait-elle lui offrir un espoir de redevenir un homme dans tout les sens du terme ? La lueur d'espoir qu'il avait au fond de lui prit plus d'ampleur à cette pensée. Il reprit.

"... Me débarrasser de ma malédiction serait la plus belle des récompenses... Mais occupons nous d'une chose à la fois, levons d'abord celle qui pèse sur vos épaules, la mienne attendra. Serait-ce... Déplacé de vous demander de me raconter votre histoire plus en détails ?"

Il était étrangement curieux d'en savoir plus sur le passé de Nymphéa. Peut être n'avait elle pas envie de tout lui raconter tout de suite, devant tant de personnes qui, même si elles n'écoutaient pas, étaient tout de même présente... Il commença à manger le contenu de son assiette. En tout cas, Janna savait recevoir ses hôtes.

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La femme du port d'Ambarnest

Nymphéa devina sans mal qu'elle venait de toucher dans le mille en parlant de la malédiction du pauvre homme et s'en félicita intérieurement. Certes, elle était sincère et elle l'aiderait à retrouver une forme humaine mais il n'en restait pas moins qu'elle parlait affaire et qu'il lui faudrait de bons arguments pour continuer d'encourager Beraht à la suivre dans cette guerre. Il venait de lui jurer fidélité mais il était de son devoir de faire en sorte qu'il ne revienne pas sur sa décision à aucun moment de la mission. Tout en l'écoutant, elle prit une bouchée du repas et l'accueillit avec un certain réconfort. Les plats de Janna avaiet toujours cette agréable sensation de chaleur au fond du coeur, vous savez, un peu comme la cuisine de nos mamies ? Ils vous emplissaient d'un sentiment de bien-être profond et brutalement, vous vous sentiez chez vous dans cette grande taverne.

Elle fut interrompue dans sa rêverie par la question, certes indiscrète, mais ô combien pertinente de son acolyte. Continuant de faire bonne figure, elle ne laissa pas paraître son malaise. Dans des gestes très lents, comme si elle cherchait à gagner du temps, elle replaça sa serviette sur ses genoux, la lissant nerveusement, sans lâcher son visage humble et fier. Elle prit une profonde inspiration, jeta quelques coups d'oeil autour d'eux et estima qu'elle lui devait bien cela. Or, pour gagner la confiance de ses hommes, surtout pour une femme, il fallait savoir se montrer ferme et déterminé... sans oublier d'être franc et ne pas hésiter à montrer que, comme eux, elle avait des faiblesses. Elle prit une gorgée de son hydromel et planta ses yeux perçants sur lui, la mine sérieuse. Tout ceci lui parut de longues minutes... mais ne dura que trente secondes tout au plus.

- Mon... histoire... Et bien, j'espère que vous avez du temps devant vous car pour que vous compreniez vraiment tout... il faut que je commence du début. Elle commence alors que je n'étais âgée que d'une cinquantaine d'années. À l'époque, Père et Mère me cherchaient un compagnon mais j'estimais que j'étais bien jeune pour cela et que j'avais encore bien du temps devant moi pour y réfléchir... alors je voyageais, je rencontrais du monde et je représentais ma famille afin d'échapper à celle-ci. Nous étions heureux, une plutôt grande famille, j'avais plusieurs frères et une petite soeur. Oh, certes, j'étais un peu le maillon libre de la famille et la seconde née donc, je n'avais pas trop à m'occuper des affaires du royaume. Hélas, mon frère ainé et celui né après moi moururent dans divers combats, mon Royaume n'étant pas toujours des plus calmes. Il ne restait que mon plus jeune frère, l'avant dernier de la famille. Il s'était engagé chez les Veilleurs et aurait du revenir... mais il est mort dans des circonstances qui sont restées mystérieuses. C'est ainsi que n'ayant plus d'héritiers mâles au trône, je devins la future Reine du Pays de la Désolation... Ce que je n'avais absolument jamais voulu... J'avais alors seulement quatre vingt dix ans et je ne comprenais que trop bien ce que cela signifiait.

Un silence suivit cette longue tirade et elle but une longue gorgée de boisson, un vague nuage de nostalgie assombrissant légèrement son regard. Elle reporta celui sur son interlocuteur et reprit :

- Je me remis donc à voyager, toujours plus loin. Mes parents souffraient, je ne le supportais guère. De surcroit, ma plus jeune soeur avait manifesté le don de Vision... et était partie suivre son enseignement d'Oracle du Temps, sous les yeux de la Déesse Tinil. Cela les rendit plus fiers que jamais... et moi, je restais toujours loin, très loin de tout ça. Je ne voulais pas assumer mon rôle. Cela ne m'intéressait pas... je n'aspirais qu'à voyager. C'est aujourd'hui encore mon plus grand regret. Alors que j'étais à l'autre bout des Terres d'Aëndryl, un messager m'apporta de mauvaises nouvelles concernant la santé de mes parents. Choquée, je revins au plus vite au Royaume... Rendez-vous compte ! Malades à mourir alors qu'ils n'avaient que quatre cent ans ?! La colère commençait à monter en elle, revivant chaque chose qu'elle racontait. Je... J'ai tout de suite compris que cela n'était pas naturel. J'ai dépêché toutes mes connaissances auprès des druides, des soigneurs, absolument tous se sont succéder au chevet de Père et Mère... mais un mal noir les rongeait de l'intérieur... une magie noire et malsaine... un flux corrompu, sale... et rien, ni personne ne pouvait y faire quelque chose... Une telle magie était si méconnue... Ils moururent quelques semaines après mon retour et je devins... à contre coeur... Reine du Pays de la Désolation. Je... J'ai échoué à ce rôle. Persuadée que le coupable se trouvait dans mes sujets... Je... Oh, je m'en rends compte à présent et je m'en veux énormément... Sa voix se mit à trembler mais elle se racla la gorge et se reprit rapidement. Bref, je devins monstrueuse. Les taxes. La loi. Tout. Une tyrannie. Monstreuse. Oh oui, affreusement monstrueuse.

Sans qu'elle s'en aperçoive, elle s'arrêta de parler de longues minutes, le regard voilé, revivant ces années où elle était une tyrante sans excuse et ce, malgré les avertissements de sa petite soeur qui, elle, oeuvrait auprès du peuple. Elle avait laissé déferler sa peine sur ses sujets et cela avait probablement contribué au fait qu'aujourd'hui, même son peuple avait si facilement avalé les mensonges de Haznard et la prenait pour un démon qui tuait et détruisait tout sur son passage. Elle vida sa choppe d'un trait et en demanda une nouvelle. Se mettant des claques mentales, elle reporta son attention sur le jeune homme.

- Je ne suis pas fière de mes années de règne. Cela dura une bonne cinquantaine d'années. Puis un jour, je me souviens, il pleuvait et un orage violent grondait au dehors. Un jour, il se présenta à moi. Oh je me suis aussitôt méfiée de lui. Une aura de tromperie se dégageait de lui et... je ne sais pas... j'ai eu un pressentiment. Vous savez, comme quand vous avez l'impression que le ciel va s'abattre sur vous alors que... alors que rien ne semble aller mal pourtant ? Et bien c'est ce que j'ai ressenti. Je l'ai accueilli et j'ai écouté ses propositions. Il voulait que je devienne sa femme car, selon lui, une femme ne peut régner seule sur un Royaume. J'ai refusé, évidemment. Il a insisté lourdement et je l'ai chassé. Tout du moins, j'ai essayé... Mais à peine avais-je commencé à malaxer mon flux qu'il prononça des paroles étranges. Je n'eus pas le temps de dresser un bouclier... Quelque chose poignarda mon coeur, je pensais qu'il m'avait tuée... j'aurais préféré... Lorsque je me suis réveillée, je n'étais qu'un... qu'un démon... mon peuple m'avait bannie et je m'étais retrouvée recueillie par une Caravane de Lendas. J'avais honte de ce que j'étais devenue et je restais constamment enfermée, rongée de haine et de colère... ils étaient plutôt compréhensifs et me laissaient tranquille... Elle passa lentement l'index sur la marque bleue luisante de son bras, suivant le contour et soupira lourdement. Je désirais me venger alors j'ai remis le nez dehors. Mes pouvoirs étaient quasi inexistants, j'étais maudite. J'étais au plus profond du goufre et je ne parvenais pas à m'intégrer. C'était dur de passer de la vie de Reine à la vie de grouillot dans une Caravane de voyageurs bohémiens. De plus, personne ne me croyait. Ils se moquaient constamment de moi. Sauf Knil.

Lentement un sourire vint habiller ses lèvres et ses yeux se perdirent dans le vague. C'était un sourire triste, nostalgique. Son coeur se serra alors que les souvenirs déferlaient dans sa tête. Elle continua, d'une voix plus douce, chargée d'affection et de tendresse, une voix qu'elle n'avait que lorsqu'elle parlait du-dit Knil.

- Il était différent des autres et lui me croyait. Ses parents m'avaient cherchée, certains que je n'étais pas morte et s'étaient toujours opposés à Haznard en mémoire de Père et Mère. Il les avait alors tués de sang froid... parce qu'ils avaient découvert de nombreuses choses. Ils avaient découvert que le Mage noir est le meurtrier de mes parents. Que j'avais été maudite et non tuée. Ils faisaient revivre l'espoir dans le coeur des gens et quoi de plus dangereux qu'un peuple qui croit et espère à nouveau ? Il était venu les tuer lui même et avait négligé leur fils... qui m'a recherchée à leur place. Et lui, il m'avait retrouvée. Cela faisait dix ans que j'errais et enfin... Enfin ! On me tendait la main pour ce que j'avais été et non pas parce que je faisais pitié. Or, ses parents avaient découvert autre chose... Ce que j'étais n'était pas irréversible et la magie du Mage n'était finalement pas si puissante que cela... Ma malédiction avait besoin de ma haine et de ma colère pour se nourrir et continuer de vivre en moi... comme un parasite, vous comprenez ? Sa gorge lui était un peu sèche de parler autant et elle but de nouveau une longue gorgée d'hydromel. Se souvenir de tout cela était en soi une sorte de torture... mais cela lui faisait également du bien. Nous devînmes très proches lui et moi et il me réapprit à me maîtriser. Je me mis à participer aux tâches de la Caravane et j'entrai dans leur petite garde personnelle pour repousser brigands et autres mauvais bougres. J'apprenais la bonté, la générosité et la solidarité, des choses que j'avais complètement oubliée. Les Lendas, vous savez, ce sont des personnes de coeur. Et ils me prirent en affection. Et un soir...

L'alcool commençait à lui tourner un peu la tête et déshinibait la jeune Elfe qui parlait de plus en plus avec son coeur. Elle eut un petit sourire et fit un signe désignant son propre corps.

- Je n'ai pas retrouvé ma forme d'origine mais j'ai déjà fait un grand pas en redevenant une elfe. Je porte encore les traces de la malédiction mais voilà, j'avais fait un grand pas en avant. Grâce à lui. Nous vécûmes... une belle idylle, Knil et moi. Je retrouvais le goût de vivre, je me voyais une vie future à ses côtés et des projets se montaient pour nous. Jusqu'à ce maudit jour. Son poing se serra sur la table. Nous décidâmes d'aller récupérer mon trône comme deux jeunes idiots ! Seuls ! Nous parvînmes à la Tour d'Haznard sans trop de souci, je retrouvais mes appartements, mes affaires, mon cheval... et Haznard. Oh comme je fus folle de m'aventurer là dedans ! Mais voir mon peuple souffrait et je ne le supportais pas. Nous nous attaquâmes directement au Mage. Je l'affrontais, me pavanant que je le tuerai, que je n'avais plus rien à perdre de toute manière ! ... Je n'avais pas envisagé ce qui allait arriver. Il passa outre mes pouvoirs qui n'étaient guère revenus à leur apogée. Il prononça des mots que je n'oublierai jamais tant ils ont percé mon coeur... "Rien à perdre, Nymphéa ? En es-tu sûre, ma jolie ?"... Oh non, je n'étais plus sûre du tout... Je n'eus pas le temps de réagir.. Il blessa mortellement Knil sous mes yeux... Je n'ai pas cherché à comprendre, je me suis enfuie avec mon compagnon comme fardeau, nous avons galopé hors des Terres de la Désolation... J'ai tout tenté pour le sauver... tout... Sous le coup de la peur et de la douleur, je redevins démone... Il... Il est mort dans mes bras. Elle dut fournir un effort surhumain pour achever son long, très long récit. Jusqu'à ce que je rencontre la jeune prêtresse de l'eau, j'errais sans but puis elle est venue me trouver et c'est ainsi que j'ai décidé de monter une armée de volontaires contre le Mage Noir afin de venger ces innocents qu'il a tués... mais également Père et Mère, ma petite soeur et mon bien-aimé. Voilà, c'est mon Histoire.

Elle inspira profondément et baissa le regard sur son assiette, tout juste touchée et froide maintenant mais elle n'avait plus très faim et son estomac s'était noué un peu plus à chaque mot. Elle s'humecta nerveusement les lèvres et termina sa choppe avant d'en recommander une. Puis, hésitante, elle posa ses yeux hémoglobine sur le jeune homme, attendant patiemment qu'il s'exprime. Peut-être allait-il fuir face à tout ce que cette vengeance impliquait ? Ou bien, au contraire, il se sentirait attendri par ce qu'elle venait de lui raconter. En cet instant, la jeune Reine n'y réfléchissait pas, ses démons étaient en train de la hanter de nouveau et elle devait se contenir au mieux possible pour ne pas laisser son mal-être reprendre le dessus sur elle.
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Sujet: Re: La femme du Port d'Ambarnest [PV Nymphéa] Jeu 6 Oct 2016 - 10:59

Le chevalier continua dans un premier temps de manger. Le fait que Nymphéa accepte de lui révéler son histoire le mit non seulement en confiance mais lui donna également l’espoir que leur future collaboration en vue de reprendre son trône se déroulerait dans le meilleur climat possible. Lorsqu’une grande bataille était à mener, il convenait de bien connaitre ses adversaires bien sûr, mais il était également d’une grande importance de bien connaitre ses alliés. Savoir accepter les faiblesses de chacun permettait de mieux répartir les forces dont ils disposeraient. Beraht invita Nymphéa à poursuivre, du temps il en avait beaucoup et rien ne l’attendait au dehors. Il était donc complètement à elle.

Il écouta attentivement son histoire, s’intéressant à chacune de ses paroles. La princesse maudite l’avait écouté quand il en avait besoin alors il était naturel qu’il fasse de même. Il s’imprégna de la nostalgie dégagée par les propos de la reine. Faire ressurgir ses souvenirs semblait la bouleverser et la faire traverser plusieurs émotions. Lorsqu’elle s’interrompit, les yeux dans le vague, Beraht lui lança un regard compatissant. Il voulut lui prendre la main. Il avança la sienne mais n’allât pas au bout du geste, préférant ne pas vouloir gêner Nymphéa. Beraht continua d’écouter son histoire emprunte d’erreurs provoqué par le chagrin et la colère. Il comprenait bien ce sentiment parce qu’il avait vécu lui aussi poussé par de la colère. Il avait fait de très mauvaises choses et il tentait d’expier ses fautes… La suite ne contenait guère plus d’espoir hormis un amour naissant mais vouer à être confronté au destin des amants maudits. Beraht était étranger à l’amour, mais il pouvait imaginer l’horreur d’une séparation violente… Leurs histoires étaient tout aussi similaires qu’elles étaient différentes. Toutes deux empruntent de sentiments très puissants et d’horreurs sournoises.

Son assiette avait refroidit également. Il n’avait plus touché à la nourriture depuis que Nymphéa avait entamé la seconde partie de son histoire. Tant de sentiments l’avait submergé qu’il en oublia de manger, trop concentré par les épreuves subies par la reine. Il Tenta de soutenir le regard final de la Reine mais il ne tint pas bien longtemps avant qu’une larme perça aux coins de ses yeux. Il lui prit finalement la main et la serra... Il se mordit un instant la lèvre puis prit la parole. Sa voix était enrouée, sa gorge serrée.

« Je suis profondément désolé pour vos pertes. Mais il ne faut pas laisser vos vieux démons vous tourmenter. Je comprends mieux les enjeux de votre combat… Lorsque j’ai reçu ma seconde vie, un conseil m’a été donné et je pense qu’il est très approprié à notre situation. Si vous n’arrivez pas à faire la paix avec vos démons et votre passé, vous ne pourrez pas pleinement vous accomplir dans la seconde vie qui vous est accordée. Je ne vous juge pas car je n’ai moi-même pas encore trouvé la paix pour pleinement vivre. Mais j’aimerai que justement, nous fassions ce chemin vers l’apaisement ensemble. Pour que les erreurs de nos passés et leurs conséquences puissent nous aider à grandir et à nous accomplir plutôt que de nous entrainer vers le fond…»

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La femme du port d'Ambarnest

La jeune Reine détourna les yeux pour masquer ses yeux embrumés. Elle se sentait chamboulée... il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas raconté son histoire et autant dire que se voiler la face sur le passé n'est pas la meilleure façon de vivre avec. Elle sentit alors le contact chaud de la main de Beraht sur la sienne. Elle rosit un peu, gênée, peu habituée aux élans de compassion, elle qui, pourtant, en faisait souvent preuve. Son regard se voila de plus belle, comme si ce simple geste allégeait un peu la peine lourde qui pesait sur ses frêles épaules. Lorsqu'il prit la parole, Nymphéa garda les yeux perdus quelque part entre sa fourchette et son assiette. Ses mots lui vinrent droit au cœur et... effectivement, il avait raison. Il lui fallait d'abord se mettre en paix avec ce qu'elle avait vécu avant de pouvoir faire la paix avec elle-même et profiter de la chance qu'elle avait de pouvoir vivre encore.

Son regard se porta enfin sur le jeune homme qui semblait tout aussi chamboulé qu'elle. Un faible sourire se dessina sur ses lèvres bleutées tandis que, d'un petit signe de la tête, elle acceptait son aide. Elle ne parvint pas immédiatement à répondre mais le silence qui suivit la tirade de Beraht n'eut rien de lourd. L'absence de mots était parfois plus expressive que les mots eux-mêmes. Lentement, elle serra ses doigts sur ceux du guerrier et finit par répondre, d'une voix plus chaleureuse que jamais :

- Je suis d'accord. Je vous aiderai à faire la paix avec vous-même, moi aussi. Je suis certaine qu'à deux, nous y parviendrons. Merci Beraht.

L'elfe inspira profondément, se sentant plus légère, comme soulagée d'un poids que cet homme, presque inconnu pourtant, avait décidé de partager avec elle. Le chemin serait sans nul doute très long avant qu'elle ne parvienne à pardonner son passé pour mieux accepter son futur mais elle se motivait en se disant qu'elle devait le faire pour elle... mais aussi pour pouvoir aider Beraht à faire de même. Quoi de mieux pour atteindre ses buts que d'être deux sur le même chemin ?

Lentement, elle enleva sa main de celle de son acolyte pour croiser ses doigts sous son menton. Il fallait parler stratégie à présent. Et elle voulait faire de Beraht une de ses têtes d'armée. Elle ne savait trop pourquoi mais... elle était prête à lui accorder une confiance aveugle.

- Mais avant de parvenir à tout cela, nous avons une grande guerre à mener. Et j'ai besoin d'homme comme vous à la tête de mon armée. Je veux... enfin, j'aimerais que vous deveniez mon bras droit et que vous m'aidiez à diriger les recrutements de volontaires pour cette armée. J'ai déjà l'aide d'une jeune femme, une mage de l'eau. Je l'ai envoyée recruter des gens directement au pays de la Désolation. Elle marqua une pause pour boire la dernière gorgée de son hydromel. Knil m'a dit que beaucoup espèrent encore me voir revenir... mais elle est sûrement plus discrète et plus apte à passer inaperçue vis à vis des troupes de Haznard... donc c'est elle qui se charge de cela. Nous communiquons principalement par messagers mais avec une sorte de code pour qu'on ne puisse nous comprendre. Je crois qu'elle a déjà recruté pas mal de monde... C'est plutôt bon signe, pour nous !

Elle planta son regard dans celui de Beraht, attendant son avis sur la question.
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Sujet: Re: La femme du Port d'Ambarnest [PV Nymphéa] Mer 12 Oct 2016 - 11:51

Lorsque la reine serra sa main et accepta sa demande, le chevalier déchu ressentit quelque chose d’intense. Indescriptible mais pourtant familier, il se sentait enfin avancé sur la route vers la rédemption. Il était presque fier d’avoir pu amener une autre personne sur la voie de l’acceptation. Etrangement, il lui faisait lui aussi confiance et commençait même à se faire confiance à lui-même. Mais le temps n’était plus aux sentiments. Voyant la reine croiser les mains, ils allaient sans doute changer de sujet et aborder leurs avenirs et leurs rôles.

Il la laissa parler, hochant occasionnellement la tête. Ainsi voulait-elle faire de lui un seigneur de guerre. Il savait ce que cela impliquait. Dans le futur ils allaient devoir se battre contre les forces d’Haznard. Il leur faudrait donc rassembler eux aussi des guerriers de tous horizons et prêt à se battre à leur côté. Il lui faudrait donc dans un premier temps diriger le recrutement qui devait se dérouler dans le plus grand secret, cela va de soi. Il prit le temps de la réflexion.

« Je comprends qu’il vous faille recruter des bras forts et des esprits acérés. Mais je pense qu’il faudra aussi se charger de leur entrainement. Si je devais faire rapidement une liste de ce qu’il nous faudrait… »

Il s’interrompit pour réfléchir encore. Cela lui rappelait ses années à l’académie militaire. On leurs apprenait la discipline mais lui avait aussi eu droit à la formation pour les jeunes et futurs officiers. Il réalisa d’abord mentalement sa liste. Il devrait sans doute la mettre par écrit, mais il ne connaissait pas encore le langage secret dont Nymphéa avait parlé. Il faudrait d’ailleurs qu’il l’apprenne. C’était un autre point à ajouter dans la liste…

« Il nous faudrait pour commencer un lieu de rassemblement. Je ne doute pas que vous avez déjà une idée de l’endroit où l’établir… Par la suite, nous pourrons construire notre propre réseau de recrutement à partir de ce point. C’est là que les choses vont se corser… »

Il apparut méfiant. Regardant à droite et à gauche comme pour vérifier que personnes ne les écoutait dans la salle. Se penchant sur la table, il rapprocha un peu son visage de Nymphéa. Il parla d’une voix plus basse, murmurant presque.

« Il faudra bien sûr que j’apprenne ce code dont vous venez de parler. Mais pourquoi ne pas mettre en place deux codes ? Un pour nous et un pour disons, les personnes plus lointaine dans la chaine de commandement. Je ne voudrais pas sous-estimer notre ennemi, ni sa capacité à retourner nos futurs compagnons contre nous… Qu'en pensez vous ?»

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La femme du port d'Ambarnest

Nymphéa vit tout de suite qu'elle n'aurait pas besoin de batailler longuement pour qu'il accepte le poste puisque déjà, il lui proposait bon nombre d'idées des plus intéressantes. Il avait l'air de savoir de quoi il parlait, comme s'il avait déjà fait cela auparavant... Encore un point bonus dans son estime. Cet homme lui serait décidément indispensable pour l'avancée de ses projets. Elle posa sa tête sur sa main, pensivement, tandis qu'il lui exposait sa vision des choses. Par moment, elle hochait la tête avec approbation et lorsqu'il eut terminé, un sourire illuminait le visage de la jeune femme.

- Vous me donnez l'air de quelqu'un d'habitué à la tâche que je vous ai confiée... Lâcha-t-elle avec un petit air amusé. Mais effectivement, nous avons beaucoup de travail à faire avant de pouvoir espérer monter une armée digne de ce nom. Je n'ai actuellement aucun lieu de rassemblement... mais je connais nombre de petites tavernes comme celle où nous nous trouvons qui serons prête à nous aider.

La jeune Reine se redressa un peu et montra discrètement une porte derrière le comptoir. Elle n'était pas très visible à cause de l'amoncellement de chaises qui semblait en barrer l'accès.

- Je mène quelque fois des petites séances de recrutement dans l'arrière salle. Le bouche à oreille, vous savez... ça fait des miracles. J'ai quelques fidèles amis, comme Janna, notre hôtesse qui parle... l'air de rien... Elle baissa le son de sa voix pour ajouter : Les phases de recrutement sont encore très simplistes actuellement. Mais... avec Dame Lawrence, nous avions pensé mettre en place une sorte d'interrogatoire qui nous permettrait de cerner le volontaire, ses capacités et ses motivations réelles pour s'engager avec nous.

Son regard vaquait un peu autour d'eux. La taverne était bondée et il n'était pas simple de parler ouvertement de ce que Opaline et elle avaient déjà mis en place sans s'attirer quelques oreilles curieuses. Elle se mordit la lèvre inférieure puis fit un petit signe à la tavernière pour qu'elle les rejoigne.

- Nous allons devoir nous éclipser si je veux pouvoir tout vous expliquer en détail.

Janna arriva à leur hauteur et Nymphéa lui fit un petit signe de la tête en direction de la fameuse arrière salle. La tavernière eut un grand sourire, la lueur dans son regard toujours aussi flamboyante qu'à leur arrivée. Elle se dirigea de l'autre côté de la pièce et frappa dans ses mains pour attirer l'attention de ses clients. Tous se tournèrent vers elle tandis qu'elle annonçait qu'un homme, visiblement complètement ivre, payait la tournée générale. Aussitôt, un brouhaha s'en suivit et Nymphéa se leva. Elle prit la main du chevalier et l'entraîna avec elle, profitant du tumulte pour passer inaperçus. Elle se faufila entre le tas de chaise et ouvrit la porte. Une fois qu'ils furent rentrés, elle ferma à clé et s'étira de tout son long.

- Voilà ! Ce sera beaucoup plus simple de discuter ici ! S'exclama-t-elle. Voici donc l'endroit où je reçois les volontaires pour notre armée.

La pièce servait visiblement de réserves et des amoncellements de tables jonchaient les murs de bois. Au centre, une grande table et deux chaises étaient installées, comme un bureau de fortune. Elle l'invita à s'installer et prit un parchemin sous un gros livre poussiéreux.

- Donc... Comme vous le savez, j'ai été reccueillie par des Lendas ... et faire partie des Lendas, ça ouvre nombre de portes. Je me suis fait plusieurs alliés un peu partout en Aëndryl et de toutes sortes. Mais actuellement, mes plus fidèles et utiles atouts sont les taverniers, dit-elle en tournant vers lui une sorte de liste avec des noms de lieux. Vous savez, il n'y a pas plus tenu au courant des nouvelles qu'un tavernier. Mais ce sont également de bons recruteurs... Quand ils voient un volontaire potentiel, ils parlent, l'air de rien, d'une armée s'élevant dans l'ombre contre Haznard. Dirigée par une ancienne noble du Pays de la Désolation... parfois, ils osent prononcer mon nom. A partir de là, ils regardent qui s'intéressent, qui se renferment... et jaugent lesquels sont les plus valeureux, plus déterminés... Et là, ils leur donnent rendez-vous dans leur taverne à un certain jour, à une certaine heure. Ils me font alors parvenir un message et je me déplace au besoin.

La jeune femme déplia un autre parchemin de la carte de Aëndryl. Des croix rouges par endroit indiquaient les tavernes alliées. Puis elle reprit sur les idées de son comparse.

- En ce qui concerne leur entraînement... Là, je ne sais trop où nous pourrions faire cela... mais j'imagine que certains de mes alliés seront enclins à nous aider sur ce point ci aussi. Ce ne devrait pas être trop compliqué à trouver. Entre autre... oui... Terence à Aldacoa sera certainement prêt à nous prêter la grange dont il ne se sert pas. Elle est attenante à la taverne. Je verrai cela avec lui.

Elle prit une plume et un bout de parchemin et notifia cette idée suivie de la mention "à faire". Elle prit quelques secondes pour réfléchir à d'autres possibilités de lieux d'entraînement et en profita pour donner quelques informations supplémentaires sur les diverses croix rouges sur la carte, à l'attention de Beraht. Il y avait une petite quinzaine de lieux marqués comme alliés de la jeune Reine et elle lui parla de chaque tavernier et chaque tavernière en qui elle avait confiance. Finalement, elle posa sa main sur le gros livre poussiéreux. La couverture était en cuir foncé et ses pages étaient jaunies. Elle releva un regard mystérieux sur le jeune chevalier.

- Le code dont nous nous servons n'est pas simple. C'est Dame Lawrence qui y a pensé. Avez-vous déjà lu la Genèse ? Parce que le secret de notre code s'y trouve. Je vous montre... Nous communiquons avec des chiffres. Chaque chiffre ou nombre correspond à un verset. La troisième lettre de ce verset est la lettre à laquelle correspond le chiffre. Vous voyez ?

Nymphéa ouvrit le livre et montra le verset trois.

- Verset trois : "Le Néant n’était que vide et silence". Troisième lettre... N. Donc le chiffre 3 correspond à la lettre N. C'est aussi "simple" que ça ! Bien entendu, ce code n'est connu que de nos plus proches alliés. Nos taverniers, Opaline Lawrence, vous et moi. Pour nos volontaires, il faudra effectivement que l'on trouve un moyen de communiquer. Pour le moment, nous utilisons un code très simple du type "le soleil se lève" qui veut dire "le combat commence" ou "l'hiver est froid" qui veut dire que pour le moment, nous attendons.

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Sujet: Re: La femme du Port d'Ambarnest [PV Nymphéa] Jeu 13 Oct 2016 - 9:03

Beraht écoutait attentivement tandis que Nymphéa l’éclairait sur sa situation. Il refreinât un petit rire lorsqu’elle évoqua qu’il avait dû faire cela par le passé. Il regrettait cependant que les deux comploteurs n’aient pas de salle où parler en privé. Chose qui fut tout de suite arrangé par la reine. Sa petite mise en scène, avec l’aide de la gérante, fut incroyablement bien jouée ! Lorsqu’elle lui prit la main pour la suivre, il attrapa son arme et la suivit bien volontiers. Les réserves de tavernes devaient être les meilleurs confidents possibles. Le chevalier se demanda combien de complot ou d’histoires indiscrètes ces murs avaient entendu et gardés secret. Il prit place à son invitation et la regarda apporter une carte.

Malgré le fait qu’il ait parfois voyagé avec eux, il connaissait très mal les Lendas. La reine lui expliqua son système de recrutement par bouche à oreille. Ingénieux, il pouvait être discrédité en tant que ragots et légendes. La vérité resterait cachée. Elle en vint à l’entrainement et lui parla d’une grange dont ils pourraient se servir… Le chevalier n’avait peut-être pas été suffisamment clair…

« Pour vous dire la vérité, même si une grange suffira pour l’instant, je pensais plutôt à la suite. Une fois le recrutement terminé, je n’ai aucun doute sur le fait que nombre d’homme capable nous auront rejoint. Toutefois, certains d’entre eux auront besoin d’une mise à niveau, un endroit caché, véritablement secret et quasi introuvable où ils pourront s’entrainer à la l’infiltration ou au combat. »

Il se tut un instant et regarda la grande carte. Elle lui expliqua ensuite le code dont ils se servaient, celui-ci était suffisamment simple pour s’y retrouver pour qui avait du temps et pourtant très complexe pour celui qui en ignorait tout. Il signifia qu’il avait compris et fait même l’exercice inverse avec des mots très simple comme ‘bonjour’ ou ‘merci’. Le code serait assez simple à mémoriser et il s’y ferait très rapidement.

Il reporta son attention sur la grande carte. Il nota des yeux toutes les croix rouges mais celles-ci représentait toutes des tavernes ou des auberges… Il détailla le reste de la carte à la recherche d’un lieu qui pourrait servir de cachette, en vain. Il connaissait mal la géographie et seul un spécialiste ou quelque de véritablement érudit pouvait connaitre les petits tunnels secrets, les petites grottes au derrière d’une cascade… Ou bien quelqu’un de suffisamment âgé ?

« Surtout ne le prenez pas mal, ce que je vais dire déroge du protocole et de l’étiquette. Vous êtes beaucoup plus âgée que moi. Sur cette carte, il y a-t-il des endroits cachés ? Des cavités naturelles suffisamment grandes pour y contenir la tête de notre armée ? Dans les montagnes peut être ? Loin de moi l’idée de me moquer de votre âge. Vous êtes… encore très belle. Vous me comprenez… »

Il joignait le geste à la parole mais s’emmêlait un peu les pinceaux sur la fin.

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La femme du port d'Ambarnest

Nymphéa se mordit la lèvre inférieure. Le jeune chevalier objectait et soulevait un point de taille qu'elle avait probablement un peu pris à la légère. Une grange ne suffirait sans doute pas lorsque l'armée sera complète. Il mentionna alors son âge et elle arqua un soucil en le fixant intensément avec un petit air de "c'est une plaisanterie ?" mais il se rattrapa bien vite en la complimentant. Une moue sarcastique passa sur son visage tandis qu'elle lâchait, très fermement et très sincèrement :

- Je ne suis pas âgée, Messire Roanoke. Je n'ai que deux cent trente deux ans. Mais merci du compliment, ajouta-t-elle sur un ton glacial.

Son regard sembla transpercer le pauvre homme tandis qu'elle croisait ses bras sur sa poitrine ainsi que ses longues jambes bleutées. Finalement, elle reporta son attention sur la carte et se mordit l'intérieur de la joue en l'examinant longuement.Le silence était un poil pesant après sa dernière réplique. Nymphéa était une femme de caractère et ce dernier ne laissait pas vraiment place aux excuses. Néanmoins, elle se tint et décida de ne pas en tenir rigueur auprès du chevalier. Il vivait un peu éloigné de la civilisation, il en avait probablement oublié les bonnes manières. Probablement.

Après quelques minutes qu'elle fit en sorte de rendre très pesante en lui jetant parfois des coups d'oeil durs et froids, elle lança, nonchalamment :

- Si je devais prendre un endroit comme celui que vous décrivez, j'irai du côté de la Montagne des Dieux. C'est un lieu de culte où personne n'ose s'aventurer avec de mauvaises intentions. Les monts y sont si immenses que des cavités naturelles creusées par le temps et les créations de Notre Mère, il y en a partout. Et n'allez pas penser que je sais cela de mon âge... La première fois que j'y suis allée, c'était il y a seulement une quarantaine d'années, elle planta sur lui son regard sévère avec un air "et ne dites pas que c'est vieux où vous mangez la table cette fois" avant d'ajouter : Et elles regorgent de cachettes où nous pourrions sans le moindre problème y cacher des centaines d'hommes. C'est un lieu assez sauvage où seuls quelques pélerins se promènent. De plus, nous serons sous les yeux protecteurs de la Tisseuse de Vie, Notre Mère. Nous n'aurons rien à craindre.

Elle se leva alors d'un mouvement lent mais gracieux et pointa sa plume sur la zone dont elle venait de parler. Elle l'entoura et releva son visage vers le jeune homme.

- Bien, je pense que nous nous sommes tout dit. Je vais aller me coucher, la journée a été très longue. Je vous paie une chambre dans cette Taverne, Janna sera ravie de nous voir rester. Autre chose : Des hommes sont déjà morts pour avoir osé insinué que je suis âgée. Bonne soirée, Messire.

L'avant dernière phrase avait un ton de plaisanterie mais le regard de la Reine était glacial et dur. Nymphéa était en train d'écourter cette entrevue de façon un peu brutale mais... Elle était vexée, oui. Parce qu'elle était du genre très susceptible. Mais vraiment vraiment très susceptible, surtout sur son âge. Et le pauvre Beraht venait de taper dans le mille.

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Sujet: Re: La femme du Port d'Ambarnest [PV Nymphéa] Lun 17 Oct 2016 - 10:38

Beraht avait fait vibrer la corde sensible. Le chevalier n’était pas conscient de la proportionnalité de la durée de vie humain/elfe. En réalité, Nymphéa était encore une jeune elfe. D’ailleurs d’après leur âge et relativement à leurs races, Nymphéa était plus jeune que Beraht. Mais il ne savait rien de tout ça. Il l’avait vexée. Les regards froid et le ton de sa voix démontraient très clairement que si elle pouvait lui lancer des tas de couteaux pointus elle le ferait très certainement. Il frissonna mais l’écouta tout de même avec une attention particulière, espérant qu’elle ne lui jette pas son loup des ombres à la gorge pendant la nuit. Il déglutit difficilement et acquiesça lorsqu’elle lui décrivit la montagne des Dieux.

« C’est effectivement un bon endroit. Si en plus d’être correctement caché et libre de mener la rébellion, nous pouvions être sous la protection divine. Cela ne peut être que bénéfique… »

La reine se leva et lui lançât une réplique cinglante. Si l’eut vécus moins de choses terrifiantes, il se serait probablement oublié, laissant une flaque jaunâtre sous sa personne. Il y avait plus glamour comme prestance en face d’une reine… Les mots de Nymphea lui glacèrent suffisamment le sang pour lui ôter toute envie de dire « vieille » ou « âgée » devant elle. Il lui souhaitât fébrilement une bonne nuit et se détendit une fois qu’elle eut passé la porte. Quelques minutes plus tard, Jenna vint le voir pour lui montrer sa chambre. Elle lui fit un regard compatissant, le genre qui veut dire « Je ne sais pas ce que vous lui avait dit, mais t’es pas dans la merde… ». Cette femme était un ange, elle lui avait préparé une chambre à la perfection, en face de celle de la reine. Il la remercia.

Alors qu’il allait se mettre au lit, le chevalier ne pouvait s’empêcher de penser qu’il devrait sans doute s’excuser des paroles qu’il avait eues envers la reine. Certes il ne souhaitait pas la blesser mais elle fut quand même extrêmement atteinte par sa maladresse. Il se leva et sortit dans le couloir. Se dirigeant vers la porte de la chambre voisine, il se planta devant la porte, hésitant à frapper. L’auberge était endormie. Il frappa quand même en essayant d’être discret.

« Ma… Reine ? Je voudrais vous parler. J’entre si vous le permettez… »

Il fit lentement tourner la poignée de la chambre et poussa la porte.

Sujet: Re: La femme du Port d'Ambarnest [PV Nymphéa]

» Presqu'au port
» deux nobles elfes, loin de chez eux [pv: Nymphea]
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La femme du Port d'Ambarnest [PV Nymphéa]

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