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Par le silence

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MessageSujet: Par le silence Par le silence Icon_minitimeLun 23 Fév 2015 - 22:41



Par le silence



"Rompez."

A son habitude, le Roi avait été formel. Comme après chaque conseil journalier, celui-ci avait mis un terme aux rapports de patrouille et s'était empressé de rejoindre ses quartiers personnels, saluant dignement d'un simple mouvement de tête quelque personnalité importante de sa cour qui se trouvât sur son passage. Jamais, à sa suite, n'avait-il permis une quelconque discussion avec les membres de sa garde, et quand bien même l'eût-il fait, aucun elfe n'aurait osé prendre la parole dans un autre contexte que celui purement professionnel ; chacun avait appris à considérer que l'usage exigeait d'eux une demande d'audience, ce qui, malgré l'attitude calme et impassible du peuple en question, demeurait affaire intimidante. Thiriswarth, quant à elle, s'était contentée de baisser discrètement la tête jusqu'à attendre le départ des soldats et autres capitaines. Puis elle s'était silencieusement levée de son siège tressé, appréciant la sérénité qui règnerait à nouveau dans la pièce tant que la relève ne serait pas arrivée, pour finalement la quitter tout comme le Manoir lui-même, jusqu'au matin suivant.

L'elfe descendit les marches blanches de l'entrée principale. En son contrebas, la demeure royale paraissait éternellement gigantesque et majestueuse, et s'élevait en parfait contraste dans la noirceur du ciel nocturne.
La tête légèrement penchée en arrière et le regard distrait comme rarement, elle porta une main à ses cheveux et en défit dextrement la tresse qui la maintenait les maintenant relevés. L'air n'avait rien d'électrique, et malgré son air morne, Thiriswarth estimait suffisamment la solitude pour espérer n'avoir à faire face à aucune tension pour le reste de la soirée ; la présence de l'hybride maladroite et bruyante des semaines passées ayant amplement suffi pour les cinquante autres années à venir. Cependant, il n'était toujours pas question pour elle de se séparer de son arc.
Elle rabaissa le regard, puis cilla un instant.

Un peu plus loin devant elle semblait se distinguer une silhouette. Masculine, probablement, à en juger par sa carrure. Et sauf erreur, il ne semblait pas s'agir non plus ni de furry, ni d'hybride. C'est déjà ça, pensa-t-elle, incapable de se résoudre à l'idée de revivre l'agitation non-désirée de la fois précédente.
Toiser les passants était certes une attitude généralement incommodante pour quiconque en faisait l'objet, mais elle avait appris, de part son poste, à en faire un réflexe presque égoïste. L'homme des alentours ne méritait sûrement aucun attardement soupçonneux sur sa personne, et continuerait probablement son chemin sans même poser ses yeux sur elle, mais il restait, malgré lui, une cible de son attention. Elle se contenta donc d'avancer simplement, droite et galbée dans son armure de cuir, pour finalement feindre de ne fixer que le reste de la ville qui s'étendait devant elle.

Un humain. Détourner son regard n'était que simple subterfuge, et Thiriswarth n'avait aucune attente quant au fait qu'il dupât ou ne dupât pas l'inconnu, mais il lui avait tout de même permis, de plus près, de remarquer l'absence de pointe des oreilles de l'homme. Les siennes, en effet, s'avéraient bénéficier d'un pavillon parfaitement rond et parsemé d'apparats en tous genres, révélé par une moitié de son crâne complètement dépourvue de cheveux, pourtant relativement longs et bruns de l'autre côté. Cependant, la question demeurait claire : qu'avait à faire un humain, de nuit, aux abords du Manoir ?

"Humain, avança-t-elle, loin de moi un quelconque intérêt pour vos affaires. Mais pour y passer mes journées, je peux vous dire que vous n'aurez pas accès à la demeure du Roi à cette heure-ci". Elle pencha un peu la tête de côté, fixant attentivement ses yeux qui faisaient écho à l'un des siens. Aucune émotion n'en était décelable, contrairement à la majorité des personnages qu'elle avait le loisir de rencontrer, et il s'agissait-là d'un effet qu'elle appréciait imiter. "La relève ne vous permettra pas d'aller plus loin".

Et de fait, il était bel et bien du devoir de la garde en service de défendre l'accès au Palais dès la nuit tombée. Très faibles étaient les chances pour un humain d'appartenir à la cour, et quand bien même celui-ci l'aurait été, son apparence des plus singulières n'aurait été d'aucun oubli pour Thiriswarth ; ajouté à cela que les audiences accordées par le Roi étaient, à cette heure tardive, terminées depuis longtemps déjà.
L'elfe se tut alors et attendit une réaction de la part de l'homme. Cette fois, son ton ne s'était pas montré aussi froid que d'usage, pas encore pleinement plongée par sa solitude nocturne quotidienne, et sa main ne s'était pas même encore posée sur son arc. Mais, en pleine cité, beaucoup restait à espérer que son manque d'agressivité ne lui fasse pas défaut.

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MessageSujet: Re: Par le silence Par le silence Icon_minitimeMar 24 Fév 2015 - 19:22


D'un mouvement décalé, la jeune femme avait vainement tenté d'éviter l'altercation. Sa main s'était levée d'un bond et, pensant éviter un problème, s'en était attribué un autre en venant taper contre le torse d'Ades. Bien que relativement calme à cet instant précis, il ne prit pas la peine de réfléchir et lui attrapa le poignet fermement.
Elle avait les yeux verts et le visage rond. Un peu d'embonpoint, peut-être même de trop. Ses cheveux ne dépassaient pas le bas de ses oreilles. Elle était bien vilaine en apparence.
Cherchant à se débattre, la jeune femme tenta de faire un pas en arrière tandis qu'Ades en faisait un en avant. La tension était palpable, et elle balbutia quelques mots que le jeune homme n'essaya pas de comprendre. Son regard était vide. Rien n'effleura sa pensée. Rien, tant qu'il n'avait remarqué les oreilles pointues de la demoiselle. Il avait oublié qu’autour de lui n’étaient présent, à la plus grande majorité, que des Elfes. A cette réflexion, il eut un sourire narquois.

« Alors l'Elfe, on cherche de la compagnie? »
La main de la jeune femme se mit à trembler et elle rougit, balbutiant de plus belle ce qui ne fit qu'augmenter l'amusement du jeune homme. Elle semblait s'excuser, dire qu'elle ne voulait pas le toucher, puis remarqua le double sens de sa phrase pour ajouter qu'elle voulait juste partir. Pour s'amuser encore un peu plus, il la colla contre lui, lui souffla mielleusement dans l'oreille que « où que tu ailles, je te retrouverai et je te ferai subir quelque chose que tu ne peux imaginer sainement. Quelque chose de fort, de puissant en émotions… Tu regretteras d’avoir croisé mon chemin.»
Il lui lâcha le poignet et eut un rictus de malice lorsqu'il la vit déguerpir aussi vite qu'un lapin en direction de la Cité. Sans dire un mot, il la fixa s'éloigner au milieu de la foule, se retournant parfois pour voir s'il la suivait avant de rentrer dans quelqu'un et de, semble-t-il, s'excuser en continuant sa course.
Le jeune homme soupira longuement et posa la main sur sa joue droite. Son cœur s’était légèrement emballé, mais il sentait toujours sous ses doigts les lignes du flux. Sa première question fut de savoir s’il allait pouvoir sentir, ce soir même, monter en lui l’adrénaline et jouir de cette libération qu’était la disparition de sa marque.

Il prit soudain conscience d’être resté un long moment au même endroit, le regard dans le vide. Il observa en direction de la Cité et s’y dirigea sans grande conviction d’y retrouver l’Elfe. De toute évidence, elle devait être tapie au fond de son trou au moins pour les dix prochains mois. Mais ce qui l’attirait c’était le nouveau. Il ne connaissait pas cet endroit. D’ailleurs, il n’avait jamais mis les pieds à l’intérieur, ni même aux alentours. C’était une bonne raison d’aller y faire un tour. Et si, comble de la chance, il parvenait à retrouver cette pauvre fille, cette soirée et cette nuit risquaient d’être marquées à jamais dans sa mémoire.
Sur le chemin, il fit abstraction de tous ces regards qui se posaient sur lui avec un certain questionnement. Qu’est-ce qu’un humain allait faire là-haut ? C’était surement la question première que les gens se posaient.

Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas que sa direction avait changée. Il observait les alentours, oubliant complètement la petite grosse d’avant. Une silhouette se dessinait devant lui, mais il ne reconnaissait ni les formes, ni la chevelure. Rien en somme. Mais cela ne l’empêcha pas de continuer sa route. Il se fit apostrophé, s’arrêta et posa son regard sur ce visage inconnu. Elle avait les cheveux longs et relativement clair. Avec la nuit qui tombait, il ne parvenait pas à juger s'ils étaint blancs ou d'un blond très clair. Qu'importe, ce détail était sans importance.
Lysenbak prit le relai sur Ades. Il s'était calmé et avait retrouvé en semblant d'humanité, bien que son visage n'en reste pas moins neutre et le regard vide.

« La demeure du Roi, mmh ? » Il dévisagea son interlocutrice, enregistrant le moindre détail de son visage. Un visage bien neutre en apparence et qui ne l’intriguait pas plus que cela. Lorsqu’il eut terminé de la dévisager, il reposa son visage sur le Manoir. Ainsi trônait donc ce fameux Roi. C’était donc lui qui en voulait à Haznard, et très probablement que cette Elfe lui voulait sa peau  tout autant que lui, si ce n’était même plus.
Lysenbak décrocha un sourire vide de sens et croisa les bras.
« Bien. Admettons que la relève ne me laisse pas aller plus loin. Que je sache, la relève ce n’est pas vous. Quel problème aurai-je à continuer ma route si nous ne nous croisions pas ? Une histoire de temps. Venu plus tôt, sortie trop tard. »

Il jouait avec le feu et le savait. Ce n’était pas méchant, et aucun objectif n’était posé derrière ses questions. Le timbre de la voix du garçon était neutre, presque enjouée en fin de phrase. Il leva les yeux au ciel pour jauger le temps qu’il lui restait avant que la nuit ne tombe. Avant que l’Elfe n’enchaîne, il ajouta que « Je sais qu’une amie à moi est passée par ici il y a peu. Je risque de ne pas la revoir de sitôt… J’ai besoin de la retrouver avant la fin de la nuit. »
Il tenta un air affectif qui aurait pu sembler vrai. Aller quoi, les meilleurs acteurs sont ceux qui n’ont aucun rôle à jouer, pas vrai ?


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MessageSujet: Re: Par le silence Par le silence Icon_minitimeMer 25 Fév 2015 - 0:25

Le sourire et la posture nonchalante adoptés par l'homme étaient parvenus à provoquer un léger froncement de sourcils sur le visage de l'elfe. Car si elle n'avait pas grand chose à faire de sa personne, chaque seconde était vouée à analyser toujours davantage son comportement. Cependant, son interlocuteur ne lui rendait pas la chose facile, bien au contraire, et se parait tant d'une posture que d'une voix qui trahissaient le jeu.

"Bien. Admettons que la relève ne me laisse pas aller plus loin. Que je sache, la relève ce n’est pas vous. Quel problème aurai-je à continuer ma route si nous ne nous croisions pas ?" Thiriswarth entrouvrit la bouche, clairement prête à lui faire la liste de tout ce qu'il risquait à continuer sa route en direction du Manoir, mais l'individu s'empressa d'enchaîner sans lui permettre la réplique -d'autant plus qu'une seule voix était assez bruyante pour ne pas s'en faire mêler deux l'une sur l'autre-. "Une histoire de temps. Venu plus tôt, sortie trop tard."

Le visage de l'elfe ne bougea pas d'un millimètre. Elle pouvait très clairement voir que l'individu cherchait à la distraire et à attirer son attention sur quelque phrase piégeuse, et ce fut exactement la raison pour laquelle elle apprécia se montrer totalement imperturbable et réfractaire à ce genre de manœuvre. Son ton enjoué avait beau sonner étrangement juste -presque trop- et piquer la curiosité de Thisriswarth à son égard, elle n'en resterait pas moins méfiance, bien au contraire, pour les échanges à venir. Puis elle le vit rompre le contact pour diriger son regard vers le ciel ; le sien, toujours totalement dirigé sur lui. A l'exception de ses piercings, son visage était parfait. Calme, sans aucune trace, ni aucune marque. Un homme dans la force de l'âge, visiblement plus âgé qu'elle, d'apparence, qui paraissait déjà plus vieille que ce qu'elle ne devrait pour son peuple. De quoi la maintenir étrangement sur ses gardes.

"Je sais qu’une amie à moi est passée par ici il y a peu. Je risque de ne pas la revoir de sitôt… J’ai besoin de la retrouver avant la fin de la nuit."

Rien n'était moins sûr, mais la forme paraissait vraie. Le discret sentiment d'affection qui venait de parcourir l'étranger avait semblé à l'elfe si lointain, et pourtant si mémorable, qu'il ne lui aurait été donné que de le croire. Mais malgré tout, le un doute demeurait encore. L'humain n'apparaissait pas comme un résidant d'Aldacoa, et quand bien même aurait-il eût décidé de rendre visite à son amie, découvrant la Cité pour la première fois, il y avait peu à parier que celle-ci, ne fusse-t-elle pas de la Garde, eût quoi que ce soit à faire aux alentours du Manoir. Thiriswarth plissa les yeux une fraction de seconde. Concentre-toi. Rien ne devait trahir quoi que ce soit.

"Pourquoi, passée par là ? C'est un membre de la Garde ? Ou de la Cour ?"

En dépit de ses simples doutes, formuler la question avait réussi à instaurer une certaine méfiance en elle. L'elfe se partageait entre l'irrésistible envie qu'elle avait de le croire, ne souhaitant aucune entourloupe pour la soirée, et sa tendance à prendre garde des rencontres nocturnes. L'inconnu se contentait de dégager une simple aura d'humanité, mais quelque chose lui criait qu'il y avait plus.
Sa voix, au demeurant, se contenta de rester froide et posée. Aucun mot, ni aucune tonalité n'était à placer de travers, et elle le savait. "Si c'est le cas je pourrais vous conduire à elle."

Thiriswarth jeta un œil vers le Palais qui se tenait plus haut derrière elle, quand elle se remémora les paroles de l'homme. "La demeure du Roi, mmh ?"
Oui. La demeure du Roi. Et quelque chose lui disait que, par sécurité pour son propriétaire ou par paranoïa, ce soir ne serait pas la fois où elle s'en éloignerait.

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MessageSujet: Re: Par le silence Par le silence Icon_minitimeJeu 5 Mar 2015 - 20:57


« Pourquoi, passée par là ? C’est un membre de la Garde ? Ou de la Cour ? »
Lysenbak ne put retenir une légère grimace d’énervement. Pourquoi voulait-elle savoir ? Il n’allait pas lui raconter sa vie en long, en large et en travers non plus. Il souhaitait passer, point barre.
Sans qu’il ne puisse répondre, elle ajouta « si c’est le cas je pourrais vous conduire à elle ».

Et puis quoi encore ? Il n’avait ni besoin d’être accompagné comme un gosse, ni d’être surveillé. A son âge ! Il se mit à réfléchir longuement, silencieusement. S’il disait qu’elle en faisait partie, cette fichu Elfe n’allait pas le lâcher jusqu’à ce qu’il lui donne un nom ou qu’il lui donne un visage approximatif afin de pouvoir la retrouver. Mais s’il ne répondait pas, elle allait comprendre au plus vite qu’il mentait et qu’il ne cherchait qu’une vieille excuse pour passer.

Il savait parfaitement que la petite grosse n’était pas dans la Garde ni même membre de la Cour. Ses habits n’étaient pas parfaits, bien loin de là. On ne pouvait pas faire partie de la Cour avec de tels vêtements… et avec un tel visage.
Le jeune apache ferma les yeux, se remémorant son visage et sa tenue. Elle avait une robe d’un gris presque vert, assez vieux, froissée et poussiéreuse. Elle ne semblait pas pauvre pour autant. Ses cheveux étaient perlés et d’un brun chocolat. Un frisson lui parcourut l’échine lorsqu’il revit son visage. Décidément, elle était vraiment vilaine, avec ses grands yeux verts.

Lorsqu’il ouvrit les yeux, l’Elfe le fixait toujours. Il soupira en haussant les sourcils, laissant glisser ses doigts le long de la marque sur sa joue.
« Elle fait partie de la Cour, mais je ne vais pas vous embêter plus longtemps. Je la retrouverais plus tard, aucun problème. »
Il fit mine d’être embêté puis croisa les bras sur son torse. Pourquoi faut-il toujours qu’une emmerdeuse croise mon chemin, se demanda Lysenbak. On peut jamais être tranquille dans ce foutu monde.
Il la fixait dans les yeux sans ciller. Il ne décelait décidément aucune émotion sur son visage. Plus impassible qu’un tableau tâché d’une ombre.
Sans rapport avec la situation, il se rappela soudainement que Haznard lui avait demandé conseil sur l’infiltration du Palais, et s’était un point positif d’être en ces lieux à l’heure actuelle. Il ne voyait pas comment le faire si tous les gardes étaient aussi collants que celle qu’il avait en face de lui actuellement. Mais s’il ne parvenait pas à obtenir des informations aujourd’hui, il repasserait un autre jour.

La nuit tombait, et la lumière du jour disparaissait de plus en plus, laissant la douceur nocturne prendre le relai à grand pas. Un courant frais glissa le long de son dos, lui hérissant les poils. Lynsenbak tourna le dos à son interlocutrice, serrant le poing. Il se retourna finalement de manière subite, se mettant à courir en direction du Palais. Il ne réfléchissait pas et ne voulait mesurer les conséquences de ses actes. Si elle ne voulait pas le laisser passer, il passerait de force.
Ades se savait peu sportif, ou plutôt peu endurant. Il ne fit pas 500m qu’il ralentissait déjà, sachant pertinemment qu’il allait se faire rattraper bien vite. Mais les ombres étaient tout autour d’eux, et ce n’en était qu’à son plus grand avantage s’il en avait besoin.
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MessageSujet: Re: Par le silence Par le silence Icon_minitimeDim 8 Mar 2015 - 17:52

Le mimétisme prit une seconde le pas sur la concentration. D'un geste presque réflexe, l'elfe en était venue à imiter son interlocuteur, posant à son tour sa main sur sa joue droite afin d'y suivre les traces de sa balafre. Ses cheveux détachés étaient loin de parvenir à la dissimuler entièrement, mais elle se complaisait pourtant dans l'idée que c'était généralement le cas.

L'homme enchaîna. "Elle fait partie de la Cour, mais je ne vais pas vous embêter plus longtemps. Je la retrouverais plus tard, aucun problème."

"Entendu." La réponse s'était faite plus vive que sa pensée. De toute possible manière, il me semble que l'heure n'est plus aux rencontres."

Thiriswarth fronça légèrement les sourcils. Pour une fois, il n'y avait nul besoin de chercher à capter le regard de l'homme, qui la fixait aussi droit qu'elle le faisait ; mais étonnamment, rien de cela n'avait rendu ses émotions plus décelables. D'ordinaire, les inconnus auxquels l'elfe avait affaire ne tournaient rapidement qu'autour du même type de petites canailles aux yeux fuyards qui tentaient de n'établir aucun contact visuel afin de vainement masquer leurs intentions. Mais celui-ci, en plus de ne pas être des environs, était tout simplement différent.
Véritable.
Du moins c'est ce qu'il semblait. Mais étranger ou pas, chacun savait les coutumes elfes très strictes et à ne jamais prendre à la légère. Une visite tardive comme il aurait là pu en être le cas n'aurait fait qu'éveiller de lourds soupçons sur les relation que cette prétendue membre de la cour entretenait avec l'humain, et rumeurs n'étaient pas à négliger auprès du Roi. Mieux valait ne pas poser de questions et se contenter de laisser les deux se retrouver le matin venu. Cependant, et ce, malgré les concessions faites, rien ne donnait envie à Thiriswarth de perdre son inconnu de vue, et encore moins près des quartiers royaux.

Pas de filature envisageable. Ce fut tout ce qui vint à l'esprit de l'elfe à l'instant-même. Ses paroles avaient incité son interlocuteur à clore la conversation, et ainsi très probablement à continuer sa route, mais il était très clairement hors de question que leurs chemins se séparent de la sorte.
Le regard perçant et avisé de l'homme était parvenu à la convaincre qu'une seule tentative de chasse à son égard serait immédiatement démantelée. Elle allait devoir ouvrir l’œil. C'était la raison pour laquelle elle était bien décidée à finalement ne pas quitter son poste pour la nuit. Ouvrir l’œil.

L'homme, poings serrés, se décida comme prévu à se retourner. Elle n'obtiendrait pas de réponse.
"Puisse Noctale guider vos pas." Portée par l'air silencieux retombé, pour une nouvelle nuit, sur la Cité, la voix sourde et chaude de l'elfe ne sonna pourtant pas plus qu'un murmure. Mais alors que cette-dernière était convaincue de ne s'apprêter qu'à voir l'étranger s'éloigner peu à peu, la surprise vint stupéfier un court instant.

En une fraction de seconde, l'humain, qu'elle gardait pourtant à l’œil, était parvenu à se tourner une nouvelle fois et à filer à toutes jambes en direction du Palais.
Hostile ou pas, l'heure n'était plus au questionnement. Qu'il tente de passer ainsi les portes principales, et il serait mort dans les secondes qui suivraient. Il fallait agir.

Thiriswarth vrilla, puis se lança à sa poursuite d'un pas véloce. La seconde d'avance que venait déjà de prendre l'assaillant serait chère à rattraper, mais il restait à espérer que l'entraînement de la garde serait supérieur au sien. Une main lancée sur son arc, l'elfe s'en saisit alors depuis son dos et le rabattit devant elle, ne touchant pas ses flèches. Il n'était bien entendu pas question de tirer tant que l'individu ne se serait pas montré ouvertement agressif, mais si les années de pratique lui avaient bel et bien appris une chose, c'était qu'une arme savait toujours dévoiler sa polyvalence.

Leur course effrénée vint prendre fin quelques centaines de mètres plus loin, sur les dalles immaculées de la cour extérieure. L'humain, comme espéré, avait faibli, laissant ainsi une chance à sa poursuivante de le rattraper pour fondre sur lui et le plaquer ventre à terre sur le sol froid. Puis, rapidement et dans le prolongement de son geste, l'elfe fit passer le corps de son arc sous le cou de l'homme, ses deux mains tirant sur les poupées pour lui maintenir la tête en arrière. Elle plaça un genou dans son dos.

"Du calme. Je ne suis pas en train de vous menacer", entama-t-elle d'une voix étrangement basse, "mais ne tentez aucun geste d'agressivité". Elle prit une longue inspiration, le regard rivé sur lui, alerte au moindre mouvement. "Je ne sais pas qui vous êtes, ou ce que vous êtes venu chercher ici, mais quoi que cela soit, vous ne l'obtiendrez pas seul. Vous pouvez cacher autant d'habilités que vous le voudrez, vous êtes probablement dans les lieux les plus sûrs de Trenarn ; et c'est à moi qu'incombe la possibilité de hausser la voix et faire intervenir les miens. Alors si j'étais vous... J'agirais en conséquence."

Dans un long souffle saccadé, sa voix s'éteignit, ne laissant à Thiriswarth que la possibilité d'attendre la réaction de l'étranger, qu'elle ne pouvait s'empêcher d'appréhender un peu. Ses pensées agitées ne cessaient de sauter entre son souhait de finir tout cela calmement et celui qu'elle n'aie pas à regretter son choix de ne pas avoir fait appel au renfort du reste de la garde royale. Mais elle avait eu beau tenter d'empêcher l'homme de se frayer un chemin au sein du Palais par la force, son attitude demeurait la plus conciliante et calme qu'elle le pouvait, œuvrant pour simplement le raisonner et ne pas le mettre en colère davantage.

Un frisson traversa la colonne vertébrale de l'elfe. Sa position pouvait tant être avantageuse qu'elle le voulait, le plus difficile serait de la garder. Et en l'occurrence, si immobiliser sa cible avait pu l'empêcher d'aller plus loin, Thiriswarth n'avait aucune idée de ce dont elle était capable ; si la magie coulait dans les veines de l'homme, aucune manœuvre physique ne l'empêcherait d'y avoir recours. Pire, un seul instant d'inattention, dont elle semblait faire assez régulièrement preuve dernièrement, suffirait à n'importe quel mouvement bien placé pour reprendre le dessus.

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MessageSujet: Re: Par le silence Par le silence Icon_minitimeSam 14 Mar 2015 - 16:22


Le  vent sifflait d’un son grave aux oreilles du jeune homme. Sa respiration se faisait plus rapide et ses jambes plus douloureuses au fil des pas. Toutes ces années passées à comater lui avaient été bien néfaste pour ses capacités athlétiques. Ça lui apprendra. Se mettre à courir comme ça…
Bien que concentré sur sa respiration et son chemin, il entendait l’elfe se rapprocher de lui à grand pas. Peu de temps s’écoulèrent entre l’instant où il l’entendit se rapprocher et le moment où il se retrouva face contre terre. Avant qu’il ne puisse réagir, sa tête fut relevée en arrière de force.
« Du calme. Je ne suis pas en train de vous menacer, mais ne tentez aucun geste d'agressivité. Je ne sais pas qui vous êtes, ou ce que vous êtes venu chercher ici, mais quoi que cela soit, vous ne l'obtiendrez pas seul. Vous pouvez cacher autant d'habilités que vous le voudrez, vous êtes probablement dans les lieux les plus sûrs de Trenarn ; et c'est à moi qu'incombe la possibilité de hausser la voix et faire intervenir les miens. Alors si j'étais vous... J'agirais en conséquence »

Un léger rictus s’échappa de la gorge du jeune apache. Il s’appuya sur ses coudes afin d’être plus à l’aise au sol.
« Reçevoir des conseils (…) d’un pion perdu sur son échiquier… C’est trop drôle. »
Il ne chercha pas un seul instant à se dégager. Il se mit à peine de côté, de sorte à pouvoir observer l’elfe dans les yeux. Son souffle était cour et sifflant. Il était épuisé et peinait à reprendre sa respiration.
« Allons quoi ? (…) Vous trouvez cela amusant (…)  d’immobiliser les gens par la force ? (…) C’est pour cette raison que (…)  vous êtes venue dans la garde ? »
Ades rigola à nouveau, bien conscient que sa mauvaise taquinerie ne durerai pas longtemps. Mais s’il pouvait avoir une seconde d’inattention… « Pauvre pion »

Ades se retourna, dos à l’elfe. Il ferma les yeux et prit une grande inspiration. S’il n’aimait pas être accompagné, il aimait encore moins être immobilisé comme une bête. Tandis qu’il tentait de capter l’attention de l’elfe, le jeune homme avait glissé malicieusement et délicatement une ombre sur la jambe de l’elfe. Ombre qui remontait d’une douceur sans nom en direction de son bras droit.
Il leva le doigt près de son oreille à lui et, tout sourire aux lèvres, ajouta « Vous entendez ? Ce son de vengeance ? Comme il est doux et …» il agrippa le bras droit de l’elfe avec l’ombre, lui tournant bras tout en lui mettant dans le dos ; « mélodieux ....».
Il avait espéré que la douleur lui face lâcher l’arc, et avec un léger soulagement pour lui, c’est ce qu’il se passa. Il se libéra, ne cherchant ni à l’agresser ni à s’en aller. Il l’observa simplement, tranquillement et passivement. L’atmosphère se tendait au fil des secondes. Et plus l’atmosphère était tendue, plus son flux s’effaçait sur sa joue. Bientôt, elle allait totalement disparaître.

« Aller soit gentille n’en venons pas aux mains. Ne me cherche pas des ennuis et laisse-moi passer. » Un long soupire s’échappa de ses lèvres tandis qu’il restait sur ses gardes face à la guerrière.
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MessageSujet: Re: Par le silence Par le silence Icon_minitimeLun 16 Mar 2015 - 22:26

La Garde entière passait son temps à disputer sa place au sein des patrouilles, implorant le Ciel de se voir épargner le rôle de simple statue postée à l'entrée d'une pièce vide ; et pourtant, il fallait visiblement toujours que toute rencontre intéressante survienne hors service. Et quant au Roi, il y avait fort à parier qu'il n'eût pas même conscience de la moitié de ce dont il passait à côté. Il en allait toujours pour le mieux.

L'attitude qu'adoptait l'humain n'avait pas particulièrement eu l'air amicale, se ruant à toutes jambes en direction du Manoir, mais à première vue, celui-ci, à terre, ne semblait pas faire réelle opposition. Non-hostile.
"Reçevoir des conseils (…) d’un pion perdu sur son échiquier… C’est trop drôle. Allons quoi ? (…) Vous trouvez cela amusant (…)  d’immobiliser les gens par la force ? (…) C’est pour cette raison que (…)  vous êtes venue dans la garde ? Pauvre pion."
Agaçant, mais non-hostile. Du moins pas encore. Et quand bien même tenterait-il quelconque manœuvre agressive, sa faible endurance, trahie par son état actuel, ne serait pas à redouter.

Thiriswarth s'autorisa un léger sourire d'un coin de ses lèvres. Au sein des siens, sa modestie n'avait jamais fait éclat, et elle en avait bel et bien conscience. Maintenir cet homme n'avait rien d'exceptionnel, mais son souffle court, bien plus court que le sien habitué aux accélérations soudaines, était parvenu à la traverser d'un frisson de contentement. Il ne bougeait pas. Ne ripostait pas. Seul son visage tourné de côté permettait de capter son regard ; et après y avoir plongé le sien quelques instants, l'elfe en vint à la conclusion qu'il s'agissait de celui d'un serpent. Celui-ci n'avait peut-être pas d'écailles, mais ses yeux étaient teintés de la même froideur perçante et perfide que ceux qu'arborait l'animal.
... Ou qu'arboraient ceux qu'elle avait connu plus d'une cinquantaine d'années en arrière.

Puis il retourna son visage face au sol, laissant son dos se gonfler d'air sous le genou de Thiriswarth qui, négligemment, commençait à desserrer sa prise. "Vous entendez ?" L'elfe fronça légèrement les sourcils. "Ce son de vengeance ? Comme il est doux et…"

La douleur surpassa la surprise. Évidemment, qu'il riposterait. C'était cousu de fil blanc. Et pourtant, le zèle l'avait aveuglée face à l'évidence.

Son bras droit violemment retourné dans son dos, elle s'écroula sans aucune retenue. L'attaque avait été nette et précise, réalisée en maître, et nul doute résidait dans la possibilité que la magie en eût été l'instigatrice. L'homme en était ainsi parvenu à se dégager sans même la toucher, et se tenait désormais là, immobile, à la fixer d'un regard neutre dont elle-même faisait régulièrement preuve. Son gémissement de douleur étranglé dans sa gorge, elle l'entendit poursuivre, peinant à se concentrer sur sa voix.

"Mélodieux..."

Gros malade.

"Aller soit gentille n’en venons pas aux mains. Ne me cherche pas des ennuis et laisse-moi passer."

A ces mots, l'humain se décida finalement à relâcher sa prise, rendant peu à peu l'usage de son bras à Thiriswarth, qui, poussée à bout par la rage grandissante, peinait à desserrer sa mâchoire. Le laisser passer ? Jamais. Du moins, pas de cette manière, et certainement pas seul. Il ne devrait plus rien rester d'elle avant que quoi ce soit arrive au Roi.

Elle ramena péniblement un de ses genoux sous elle puis parvint à se relever rapidement, se postant elle-aussi face à son assaillant qui la toisait. La douleur persistait, mais son bras était sauf, et c'était tout ce qui importait. Elle devait pouvoir être capable de tirer à l'arc si la situation l'exigeait.

Thiriswarth posa sa main droite sur l'une des flèches de son carquois.
"Je ne suis pas de celles qui en viennent aux mains." Elle leva un sourcil, s'assurant d'être bien comprise. La soif de combat brûlait son corps tout entier mais elle se devait de demeurer calme et prévenante. Le moindre faux mouvement ne pardonnerait pas, face à l'utilisation de la magie dont faisait preuve son adversaire ; et en l'occurrence, la cible ne serait pas qu'elle, mais le Roi lui-même. Son arc dans le prolongement de son bras, et le tendit vers l'homme pour en placer la poupée supérieure sous son menton. De longues secondes de simple observation s'écoulèrent avant qu'un son ne sortit de sa bouche. Deux regards de glace fondus l'un dans l'autre.
Si familier.
Si lointain.

Elle tendit son bras encore davantage. "Déclinez vos intentions." L'arc appuyait encore davantage sur la gorge de l'homme. "Et peut-être, je dis bien peut-être, envisagerais-je l'idée de vous laisser passer, comme vous le souhaitez."

Ses yeux vacillèrent un instant vers le Palais qui se tenait à peine plus loin. Aucune détresse n'était décelable sur son visage, du moins c'est ce à quoi elle travaillait, mais entrapercevoir la présence de l'un des siens aurait été une issue enviable. Cependant, les jardins extérieurs ne semblaient, du moins à première vue, ne receler aucune autre présence que les deux opposants.

L'adrénaline brûlait dans ses veines.

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MessageSujet: Re: Par le silence Par le silence Icon_minitimeJeu 19 Mar 2015 - 19:44


Ades l'observa se relever péniblement mais rapidement. Un sourire était figé sur le visage du jeune homme et son seul regret fut de n'avoir pas été assez violent. Mais il avait toute la soirée pour jouer au chat et à la souris.

« Je ne suis pas de celles qui en viennent aux mains. »
Un rictus s'échappa de la bouche du garçon. Quelques secondes après, il pu sentir l'arc sur sa gorge.
« Non je vois bien. Les Elfes sont trop peureux pour ça. »

Son sourire narquois ne le quittait pas, et il ne répondit rien lorsqu'il eut l'ordre de décliner ses intentions. Il la fixait simplement et calmement, bien que son coeur le frappait dans sa poitrine à tel point qu'Ades eut l'impression par plusieurs reprises qu'il allait finir par lui péter le sternum. Il remarqua que le regard de l'Elfe le quitta un instant pour regarder plus loin. Par déduction, il comprit que soit il y avait quelqu'un, soit elle espérait quelqu'un. Mais qu'importe.

Bien déterminer à continuer son jeu, et n'ayant toujours rien répondu, l'humain releva légèrement la tête, présentant sa carotide à Thiriswarth. Il savait qu'il commençait doucement à lui taper sur les nerfs et c'est ce qui rendait le jeu si excitant. La mort, il la savait loin. Et même si elle venait à planer au dessus de sa tête, finalement, qu'est-ce que ça changerait au Monde ? Le nécromant n'aurait qu'à se retrouver un autre pion.
Lorsque la pensée lui vint à l'esprit, son sourire s'effaça. Il observait son interlocutrice, jeta un regard à l'arc puis ferma les yeux l'espace d'un instant.

« Haznard vous a inscrite sur sa liste à éliminer. »
Il rouvrit les yeux en souriant.
« Si je vous dis que je suis une taupe ? Que le Roi est ma cible et que vous n'êtes qu'une peau de banane sur la piste qu'on ne peut éviter, mais qui ne fait que nous ralentir ? Qu'allez-vous faire d'une taupe ? A part la remettre sous terre ? N'oubliez-pas que la taupe... ». Il fit une pause, posant un doigt sur l'arc, toujours posé sur sa gorge.
« La taupe peut vous agresser sans même que vous ne le remarquiez. Il ne me suffit que d'une ombre. Une seule. Une petite. Et vous avec la gorge serrée. Le bras cassé. Les côtes comprimées. La cheville foulée. Une ombre, une seconde. »

Sa main s'était mise à trembler sous l'excitation et Ades avait du mal à canaliser son flux. Mais s'il relâchait tout maintenant, s'en était fini pour lui.
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MessageSujet: Re: Par le silence Par le silence Icon_minitimeDim 22 Mar 2015 - 20:00

« Haznard vous a inscrite sur sa liste à éliminer. »

Une lueur incommensurable fendit le regard de l’elfe. L’air terne et morose que se partageaient ses yeux avait laissé place à un tourbillon si confus d’émotions qu’il en était pratiquement impossible d’en déterminer la véritable nature. Haine, excitation, rage, envie… Tous s’étaient mêlés pour ne former qu’un seul et même dessein, hurlant le même mot depuis chaque parcelle de son corps : vengeance.
Thiriswarth sentit les muscles de son corps spasmer sous l’afflux sanguin.

La mort. Parfait.

« Si je vous dis que je suis une taupe ? Que le Roi est ma cible et que vous n’êtes qu’une peau de banane sur la piste qu’on ne peut éviter, mais qui ne fait que nous ralentir ? Qu’allez-vous faire d’une taupe ? N’oubliez pas que la taupe… La taupe peut vous agresser sans même que vous ne le remarquiez. Il ne me suffit que d’une ombre. Une seule. Une petite. Et vous avez la gorge serrée. Le bras cassé. Les côtes comprimées. La cheville foulée. Une ombre, une seconde. »

Tant de belles paroles que l’elfe n’avait qu’à peine entendu. Oui, celles-ci l’auraient rendue folle de rage, si elle en avait eu la moindre conscience ; mais il n’en était pas le cas le moins du monde. Elle demeurait là, son arc tendu jusque sous la gorge de son ennemi, totalement imperméable à ce qui l’entourait, et ne se concentrait plus que sur le million d’idées, bonnes comme mauvaises, qui fusaient dans sa tête quant à la situation actuelle.

« Haznard m’y a inscrite depuis très longtemps déjà. » Elle pencha légèrement sa tête en arrière, avisant l’homme pour la centième fois, mais d’un regard nouveau cette fois. Elle savait d’où elle connaissait le sien, désormais. « Mais même après cinquante ans… » Un sourire carnacier se dessina sur son visage. « Je suis encore et toujours là. »
Une seconde suffi à Thiriswarth pour rabattre son bras droit le long de son corps et saisir la gorge tant menacée de l’homme de son autre main.

Rien n’assurait que les propos de l’homme eurent été vrais, que le nécromant avait continué, après toutes ces années, à la considérer comme une de ses cibles, mais il n’y avait plus d’intérêt à ne pas jouer cartes sur tables, et mentir était trop dangereux. Après tout, ce n’était pas les potentielles preuves que portaient son corps qui auraient manqué à lui faire croire qu’elle aussi partageait le côté du Nécromant ; mais elle n’avait aucune idée de la position qu’occupait l’humain parmi les rangs de son supérieur, et il y avait beaucoup trop à risquer en prétendant occuper une place où il aurait été susceptible de la connaître. Mieux valait s’en tenir à ce dont elle avait envisagé les mille et unes issues depuis les cinquante dernières années.

Elle resserra sa prise. Sous sa main se devinait le flux grandissant de son ennemi, pulsant jusque dans son cou chaud à son contact. Puis elle esquissa deux pas en avant et vint s’approcher suffisamment de lui pour sentir son souffle. Oh, lui arracher la tête, elle en rêvait. Mais pas maintenant. Pas encore.

« Tu ne veux pas me tuer, serviteur. Pas avant d’avoir fait de ma vie un enfer, n’est-ce pas ? Tu veux m’effrayer, me traquer, et me torturer. Mais devine quoi ? » Comme elle entaillait un côté de la gorge de l’humain sur un demi-centimètre, d’un léger coup d’ongle sur sa prise, sa propre gorge se serra soudainement. « C’est exactement ce que je veux. Je veux que tu retournes auprès de ton maître, et que tu lui fasses savoir que le Souverain des elfes de Trenarn, comme tous ses alliés, se tiennent prêts à toute attaque. »

Est-ce qu’elle affabulait ? Peut-être. Peut-être pas. Cela n’importait pas. Elle voulait simplement Haznard mort. Mort au milieu des cadavres de ses sbires, sur une terre qui ne lui serait pas même familière. Il mourrait loin de tout et sans sépulture ; son corps trempant dans le mélange de glaise et de sang formé par la bataille.

Elle sourit à nouveau, puis le relâcha, s’écartant à nouveau un peu. « Maintenant que nos intentions sont claires… Permettez-moi de vous faire visiter, serviteur. »

A son souvenir, les sbires du nécromant se vantaient de leur qualification de « serviteurs » alors qu’elle n’y voyait que le terme le plus rabaissant employé sur Aëndryl. Celui-là ne dérogerait peut-être pas à la règle.
Puis, d’un souple mouvement de bras, Thiriswarth désigna les alentours de la Place Centrale pavée qui s’offraient à eux, et en retourna son regard à l’humain.

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Par le silence

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