~ Un bain de Soleil ~
Feat. Agranthar

Dans l'aube étincelante, la rosée brillait légèrement sur la végétation mourante de ce début d'automne. Les animaux profitaient de cet instant pour aller se nourrir à l'orée des bois et les oiseaux commençaient à peine à chantonner le petit matin. La vie semblait s'éveiller à peine et pourtant, au sommet d'une colline, l'on pouvait distinguer une silhouette se découpant sur la pâle tiédeur des couleurs de l'horizon, chevauchant d'un pas tranquille, accompagnée d'une sorte de canidé haut sur pattes. Cette forme sombre semblait féminine et dotée d'une longue cape dont les pans frôlaient le sol malgré la haute stature de sa monture. Elle s'arrêta un instant pour observer aux confins de cette grande prairie verdoyante, par endroit déjà teintée de quelques couleurs orangées et dorées. Puis, lentement, ces pas la conduisirent au pied de la forêt. Après un regard en arrière, la cavalière pénétra les lieux, suivant un sentier sinueux mais très fréquenté d'ordinaire, en journée.

L'heure avançait et l'étrange femme à la peau sombre s'étonna de n'avoir encore croisé aucune trace de vie. Les lieux étaient silencieux, les arbres verdoyants lui masquaient parfaitement le soleil mais une certaine chaleur baignait les lieux. L'automne n'était pas si frais que cela sur ces terres et la jeune elfe tomba le capuchon de sa cape pour avoir moins chaud. Son Shadden de compagnie reniflait les alentours assez joyeusement, lui apportant parfois un bâton pour qu'elle joue avec lui mais son amie n'en avait point le temps et ronchonnait à chaque fois. Penaud, il disparaissait quelques minutes. Lorsqu'il revint une énième fois, il semblait relativement moins joueur et sur ses gardes. L'elfe marqua une pause et lui tapota le flanc pour le rassurer.

- Qu'as-tu vu, Woody ? Demanda-t-elle à la créature.

Elle scruta les ténèbres des arbres mais aucun son ne lui vint aux oreilles et elle ne vit rien. Ce silence, par ailleurs, était bien étrange pour une forêt aussi giboyeuse... Elle posa une main sur la garde de son épée à lame flamberge, prête à dégainer et reprit sa route. Son cheval semblait tout aussi nerveux que la boule de poils qui ne la lâchait plus d'une semelle désormais.

Pendant encore dix minutes silencieuses et pesantes, la jeune cavalière entendit le glouglou d'un ruisseau. Elle fronça les sourcils. La soif l'avait gagnée et sa gourde était complètement vide, elle sortit donc du sentier et se dirigea vers le son. Sans trop avoir besoin de chercher plus longtemps, elle trouva le cours d'eau auprès duquel elle s'abreuva ainsi que ses compagnons de route. Elle s'y reposa pendant une petite heure avant de reprendre la route. Elle devait finir de traverser ce bois dense avant la nuit car il était réputé pour son danger et qu'elle n'avait guère l'envie d'y finir ses jours...

Il ne fallut pas longtemps pour qu'une odeur nauséabonde vint lui effleurer les narines et affole complètement sa monture. Le loup lui, se mit à grogner avant de courir pour trouver la source de cette putréfaction. Elle le suivit à cheval, revenant ainsi très vite près du sentier et tomba alors sur un spectacle... d'horreur. Aucun autre mot ne pouvait définir ce sur quoi elle venait de se diriger. Wood vint à ses pieds, grognant furieusement et allant d'un cadavre à l'autre pour rechercher une trace de vie.

Elle posa un pied à terre et s’approcha de cette scène de crime (car oui, c’en était une). L’odeur de chair putréfiée se mêlait à celle de corps brûlé, calciné et pourtant, rien n’indiquait un incendie autour d’elle. Il devait donc s’agir d’un mage… un mage élémentaire du feu. Elle ne voyait que cette possibilité. Elle tenta vainement de trouver une personne capable de survivre mais l’attaque avait dû avoir lieu bien quelques heures auparavant et elle arrivait clairement trop tard. Elle inspira profondément pour ne pas se laisser gagner par la colère. Ils avaient tous été détroussés complètement. L’œuvre de bandits. Ce qu’elle ne comprenait pas, c’était qu’on en vienne à les tuer. Lorsque l’on usait de la magie, il n’était pas franchement nécessaire de tuer pour obtenir quelque chose. Elle soupira profondément et se servant un peu de sa magie, creusa une tombe géante dans laquelle elle mit tous les corps, ne laissant ainsi que les débris de la carriole et des traces de feu au sol. Elle murmura une vague prière à Norke, dieu de la Mort, afin qu’il accorde le repos à ces âmes perdues.

C’est en amassant quelques objets encore utiles et peu abîmés que la jeune Reine déchue trouva une trace de brûlé un peu plus conséquente et… traînante. Oui, traînante. L’on eut dit que l’on avait traîné une flamme sur le sol. Oui, évidemment, c’était impossible mais pourtant, il s’agissait bien là d’une traînée de calcination dans l’herbe.

- Wood, Night, on va suivre cette trace. Quelque chose d’anormal se passe dans cette forêt et cela viendrait de Haznard que ça ne m’étonnerait pas.

Les deux créatures vinrent près d’elle et la jeune femme commença à pister la longue traînée brûlée qui progressait à travers la forêt. Il était clair que cela n’avait absolument rien de normal ni d’habituel pour cet endroit, certes dangereux, mais normalement pas envahi de magie noire. Après de longs instants, la cavalière solitaire remarqua que la piste était souvent abîmée. Outre les traces de brûlures, les plantes étaient piétinées, les basses branches des arbres arrachées… bref, il s’agissait de quelqu’un… ou plutôt de quelque chose de grand, voire même d’immense. Elle avait un très mauvais pressentiment mais continua de pister le coupable des atrocités qu’elle avait vues précédemment.

Elle arriva finalement près d’une grotte au milieu de la forêt et se demanda si ce qu’elle recherchait s’y trouvait ou non. Lentement, elle s’approcha, aussi silencieuse qu’une ombre et intima à ses animaux de rester en retrait dans les fourrés. Elle se plaqua contre la paroi extérieure de la grotte et attendit silencieusement pour voir si son « gibier » en sortait.

La nuit ne serait pas longue à arriver désormais et Nymphéa espérait sincèrement que tout cela serait réglé avant la tombée de celle-ci.

~ Un bain de Soleil ~
Feat. Agranthar

Nymphéa frissonna douloureusement. En effet, la nuit était tombée depuis un moment et la jeune femme était restée tapie dans l'ombre de la grotte quand elle entendit enfin un bruit. Sur ses gardes, elle fit signe à Wood de rester dans les broussailles et vit alors une silhouette immense se dresser à l'entrée de la petite clairière. Il s'agissait d'un énorme ours qui ne pouvait être à l'origine de l'horreur qu'elle avait découverte un peu plus tôt. Dépitée, elle le laissa entrer dans la grotte avant de retourner près de ses compagnons de solitude.

Mais alors qu'elle s'apprêtait à partir, un son étrange résonna dans toute la forêt, un rire démoniaque et assourdissant. Elle frémit et leva les yeux vers une nappe noirâtre de fumée s'élevant vers le ciel, masquant les étoiles, masquant la faible lueur de la lune. Elle déglutit. Sa cible était là, à quelques mètres d'elle et semblait... démente. Le pas lent, la jeune elfe décida d'aller voir ce qui se tramait dans cette étrange forêt. Elle n'eut jamais cru tomber sur tout ceci en empruntant ce chemin... Elle passa quelques broussailles, quelques fourés en suivant les divers sons qui semblaient bien provenir de sa cible.

Après quelques minutes, elle tomba sur ... une étrange créature faite de roches, plus exactement d'obsidienne, et dont un éclat semblable à la lave en fusion semblaient courir les sillons. La bête était immense et vêtue de violet. Elle étouffa un petit son d'horreur en voyant la cendre autour de lui mais l'absence de brasier. Cette ... chose semblaient faire fondre, brûler tout ce qu'elle touchait. Elle resta dans l'ombre un instant, hésitante. Elle recherchait dans sa mémoire ce que pouvait être cette étrange golem... La golémancie était pourtant une magie perdue et disparue depuis nombre de siècles passés... cela ne pouvait en être et les Nains avaient emporté dans leur mort cette science dangereuse. Tout à coup, lui revint une vieille légende que sa mère lui contait parfois... Les Obsydiens. Ces géants faits de flux et de pierre... mais ils étaient une espèce rare, quasiment en voie de disparition... comment celui-ci pouvait s'être retrouvé en cet endroit ?

Elle sortit de l'ombre. Sa mère lui avait souvent conter qu'ils n'étaient pas des créatures mauvaises mais bien neutres dans l'histoire des vivants. Elle se mordit la lèvre inférieure et s'inclina respectueusement. Elle savait qu'il s'agissait d'un peuple mystique et qu'on leur devait un grand respect si l'on voulait éviter qu'ils se sentent agressés.

- Bonsoir, Messire. Je me permets de déranger votre quiétude, elle marqua une pause intérieurement sarcastique à ce terme, pour vous demander ce qui vous amène en ces lieux si communs et si peu dignes de vous.

Elle gardait une distance de sécurité et se tenait prête à faire surgir un bouclier de flux entre elle et le colosse, par précaution. Après tout, les légendes ont toujours une partie de mensonge et rien n'indiquait l'envie de faire ami ami avec les humains dans le comportement de l'Obsydien... bien au contraire. Il avait plutôt un côté agressif dans ce qu'elle avait pu constater sur le chemin qui l'avait conduit ici. Elle s'inclina à nouveau, de toute sa majesté.