Le désert, le désert, partout son sable brûlant, il agresse les yeux par le reflet de ce soleil perpétuel qui fait luire son sable, il assèche la peau et irrite les muqueuses. Les humains et autres créatures à peau lisse voient cette dernière se dessécher à une vitesse alarmante, pour ce qui est des gens comme Diaphane c'est pire. La fourrure rajoute de la chaleur, les teintes sombres de celle de cette petite furry rajoutant encore à l'absorption de chaleur. Etant une féline elle ne possède pas la capacité de transpirer, cette traversée du désert l'a donc laissée tremblante, de longues journées à sentir son sang bouillir dans ses veines, haletante, elle a progressé lentement en se traînant d'une dune à l'autre.

Maintenant adossée à un tronc frais Diaphane tente de reprendre son souffle, encore court alors que cela fait plusieurs heures qu'elle est assise. Elle souffre le martyre, sa respiration est sifflante, son poil brûlé par endroit laisse voir sa peau échaudée, de grandes marques rouges parcourant son corps sous la fourrure. Elle a du mal à ouvrir un œil et ne reste jamais plus de quelques minutes totalement consciente. C'est dans cet état de profonde impuissance, sans possibilité de retrouver ses forces d'elle même qu'elle attend un possible miracle à l'orée de la forêt. Si elle tient pour l'instant toutes ses fonctions vitales dans un état approximatif c'est uniquement grâce à la vitalité qu'elle absorbe de la végétation alentour, quelques trognons autour d'elle atteste aussi du fait qu'elle ait usée de télékinésie pour attirer les fruits environnant à elle.

La nuit tombant une fois de plus elle sent la douceur du vent passer dans sa fourrure hirsute, la fraîcheur du soir lui apportant une sensation de bien être inespérée. Elle soupire tout en laissant une larme couler le long de sa joue, roulant doucement sur sa fourrure, elle sait que si rien ne change elle risque de mourir, si elle s'évanouit et qu'un prédateur la trouve elle pourrait mourir sans même s'en apercevoir et cela la terrifie. De petits sanglots l'agitent, la faisant gémir de douleur car tout son corps à souffert. Son être tout entier est d'ailleurs mal protégé, avant sa traversée ses vêtements étaient déjà en lambeaux mais maintenant il lui reste à peine assez de tissus pour couvrir sa petite poitrine, seule une manche et le col de son habit à la couleur incertaine le retenant sur elle.

Diaphane se sentit remuée, ballottée, durant son évanouissement, une sensation étrange étant donné qu'elle ne percevait plus grand chose de la réalité, mais cela passait tout de même la barrière entre elle et le monde extérieur. Plusieurs fois durant le trajet elle dut lâcher des gémissement, être dans les vapes avec un démon qui remue en vous n'est pas vraiment une sensation confortable, alors l'être affamée et déshydratée... cela relevait de la torture.

Soudain une sensation de froid et d'appuis, une onde de fraîcheur remonta le long de son corps, commençant à agiter lentement son esprit engourdit. Elle laissa entendre un plainte semblable à un faible miaulement, puis, se sentant secouée elle ouvrit difficilement un œil au regard torve.

- Hey, réveille-toi. Tu m’entends ?

les sons étaient comme déformés, c'est tout juste si elle parvint à se rendre compte que l'individu en face d'elle lui parlait. Tiens d'ailleurs... il y avait quelqu'un près d'elle... qui la touchait... L'information prit un certain temps à faire son cheminement jusqu'à être interprétée mais une fois cela fait Diaphane s'éveilla d'un coup. Elle ouvrit ses deux grands yeux aux couleurs disparates, les écarquillant de frayeur et tenta de repousser Erya, tentative couronnée d'un maigre succès, elle était si faible que cela fit tout juste bouger son corps.

"La... lâche..." fut tout ce qu'elle parvint à dire.

Elle resta allongée, attendant qu'il se décide enfin à ôter ses mains de son corps, chose qui la terrorisait. Ne pouvant pas faire grand chose à cause de son extrême faiblesse elle regarda rapidement les alentours, ne reconnaissant pas l'endroit elle se dit que ce devait être loin de celui où elle avait perdue connaissance. La pénombre était oppressante, des branchages en grand nombre empêchant la lumière de pénétrer dans la grotte en quantité suffisante. Afin de savoir à qui elle avait affaire, surtout pour s'assurer qu'elle n'était pas tombée dans les filets d'un groupe, elle changea son mode de vision, passant à celui du démon. Maintenant qu'elle pouvait voir le monde sous sa forme vitale elle distinguait une autre forme à l'extérieur. Quelque chose à la façon dont cela se manifestait à ses yeux lui fit deviner que ce devait être une créature affiliée aux ombres.

Bien sûr faire tout cela ne lui prit que quelques instants, depuis plus d'un siècle qu'elle servait de réceptacle à cette chose elle avait apprit à maîtriser quelques unes des capacités, mais elle n'avait pas pensée à l'effet que cela pourrait avoir sur l'étrange individu qui attendait toujours, un bol à la main. En effet ses yeux avaient du changer en quelques secondes, s'emplissant de noir comme si de l'encre coulait dedans, ne laissant ni iris ni pupille mais remplissant les globes dans leur totalité.

"qui..."

Elle tourna difficilement la tête vers Erya, sans se soucier de son apparence, trop exténuée pour se dire qu'elle devait avoir l'air encore plus étrange que d'habitude.