Eärwen finit par arriver au portail. Cela signifiait le début d’un nouveau chapitre de sa vie, elle l’espérait. Elle croqua une dernière fois dans une pomme bien juteuse avant de jeter le trognon.
Le portail était entouré d’une sorte de petite cité, surveillée par des gardes. Sortir ne serait pas facile. A y réfléchir, peut-être pas. La première fois, elle avait franchi le portail sans trop de difficulté, alors pourquoi sortir serait différent?

En chemin, elle avait mis sa cape en tissu brun et avait rabattu le capuchon sur la tête, pour plus de discrétion, de sorte que son arc, son carquois et ses dagues soient à l’abri de la vue de tous. Elle n’était pas là pour avoir l’air menaçant. Les gardes étaient à l’affût, et comme la première fois, ils virent arriver de loin l’elfe.

-Halte! rugit l’un d’eux.

Eärwen releva son capuchon et enleva sa cape. Avec des gestes lents, elle retira son arc et son carquois et les posa à terre.

-Je voudrais passer, dit-elle simplement.
-Tu veux aller t’aventurer au-delà du portail?
-Je... j’ai quitté Londë. A vrai dire, il est temps de retourner chez moi.
-Mais Londë est ta demeure. Si tu as atterri là-bas, c’est que tu considérais qu’il n’y avait nulle part d’autre où aller, je me trompe?

« Oui, tu as bien raison. Mais je dois affronter mon passé et réparer mes erreurs... Aller, laisse-moi passer! »

-Il est temps que je retourne auprès de mon peuple.
-Tu les as abandonnés, en venant ici. As-tu conscience qu’ils te couperont la tête quand ils sauront ce que tu as fait?

Ces dernières paroles prononcées par le Veilleur firent froid dans le doit à Eärwen. Après tout, il n’était pas trop tard pour renoncer. Elle n’avait juste qu’à se retourner et filer en direction de Londë. Rentrer dans son appartement rudimentaire et vivre de la chasse. Très simple. Trop facile.

-Je dois le faire. J’en assume les conséquences.
-Je ne donne pas cher de ta peau, elfe. Passe. Après tout, Londë est la ville de la seconde chance. Tu en uses comme tu en as envie. Bonne chance.

Sur les derniers mots, le Veilleur semblait s’adoucir. Peut-être était-il sincère?
Les gardes postés à l’entrée du portail firent manœuvre et ouvrirent les portes massives qui constituaient le portail.
L’elfe prit une bouffé d’air et expira silencieusement. Cela commençait vraiment maintenant.
Elle s’avança et en quelques secondes, elle fut de l’autre côté. Avec un grand bruit, les portes se refermèrent.
Le périple de Redleaf commencait.